Mes finances, mes projets, ma vie
25 novembre 2024

Le revenu, l’ami des investisseurs

Une fois que vous avez décidé d’investir, reste à choisir le type d’investissement que vous allez privilégier. Il existe de multiples approches de l’investissement, et aucune ne convient à tout le monde. Votre investissement vous rapportera de l’argent s’il s’apprécie ou s’il vous procure un revenu. Un portefeuille soigneusement construit peut offrir un revenu aujourd’hui et encore plus à l’avenir.

Les investisseurs « de croissance » choisissent de réinvestir dans l’actif détenu tous les revenus qu’il dégage afin d’obtenir une appréciation plus rapide du capital. En revanche, les investisseurs « de revenu » préfèrent recevoir les bénéfices sous la forme d’un revenu. Si vous êtes jeune et que vous n’avez pas besoin d’utiliser votre capital à court terme, le mieux est probablement de privilégier son appréciation. À un certain moment, cependant, il est probable que l’investisseur exige de son portefeuille plus qu’une simple appréciation du capital. La génération d’un revenu peut avoir de l’importance pour financer une retraite, les études d’un enfant, ou simplement les dépenses de la vie quotidienne. De nombreux types d’actifs génèrent du revenu, et certains sont même capables d’offrir aussi une appréciation du capital.

Il n’est plus aussi facile qu’avant de tirer du revenu d’un investissement. Avant la crise financière mondiale de 2007-2009, il était possible de bénéficier d’un revenu compris entre 3 % et 4 % sur un compte épargne en liquidités, et certains emprunts d’État offraient un rendement de 5 %. Les investisseurs pouvaient alors facilement engranger un revenu supérieur à l’inflation, sans prise de risque excessive. Aujourd’hui, il leur faut prendre davantage de risque pour obtenir un niveau de revenu significatif (à même de dépasser l’envolée actuelle des prix).

Si vous ne souhaitez pas attendre avant de toucher votre argent, quatre options principales s’offrent à vous pour tirer un revenu de vos investissements : les dividendes des actions ; les revenus d’intérêts des obligations ; le revenu locatif de l’immobilier ; et les investissements alternatifs, comme les infrastructures ou les redevances musicales. Lorsque l’on étudie ces différentes possibilités, il importe également de tenir compte du potentiel d’appréciation du revenu. L’inflation de début 2022 étant au plus haut depuis plus de 30 ans, l’absence d’appréciation de votre revenu dans le temps pourrait vous porter préjudice à long terme.

L’absence d’appréciation de votre revenu dans le temps pourrait vous porter préjudice à long terme.

Le revenu des marchés actions

Il s’agit, pour bon nombre d’investisseurs, de la première porte à pousser pour obtenir un revenu à partir d’un placement. Le rendement du dividende moyen de l’indice Eurostoxx 50 s’élève à 2,5 % environ, mais il est possible de rechercher un revenu plus important à l’aide de stratégies de revenu d’actions, axées spécifiquement sur des titres à dividende élevé. Il convient cependant de garder à l’esprit qu’en matière d’investissement, rien n’est garanti. Les performances passées ne préjugent en rien des performances futures.

Les dividendes versés proviennent des bénéfices des entreprises et ne fonctionnent donc pas comme les intérêts d’un compte bancaire. Les entreprises peuvent traverser des périodes difficiles, et selon les secteurs d’activité, certaines ont dû réduire leurs paiements de dividendes pendant la pandémie. Cela étant, les niveaux des dividendes ont été restaurés relativement vite, et beaucoup d’entreprises disposent d’une longue tradition de versements de dividendes à leurs actionnaires. Par ailleurs, les dividendes offrent en général une bonne protection contre l’inflation.

La meilleure façon de minimiser l’impact potentiel d’une entreprise qui annule ou réduit son dividende consiste à investir dans un éventail de sociétés, dans de multiples secteurs et territoires géographiques. Un fonds en actions de revenu internationales procède ainsi pour le compte de ses investisseurs. Enfin, le fait de détenir des actions issues de différentes industries permet au portefeuille d’intégrer également des secteurs à forte croissance, comme les technologies, au lieu de se reposer uniquement sur les secteurs traditionnels comme les produits pétroliers et les services aux collectivités.

Le rebond des taux d’intérêt obligataires

Le niveau des intérêts des obligations (les titres de dette émis par des entreprises ou des gouvernements, et pour lesquels les investisseurs perçoivent des paiements d’intérêts réguliers en sus du remboursement du capital à l’échéance de l’obligation) est lié au risque d’insolvabilité de l’entreprise ou d’incapacité du gouvernement concerné à honorer le paiement de sa dette. Plus la probabilité de défaut est élevée, plus le taux d’intérêt l’est aussi.

Par le passé, les obligations avaient tendance à représenter la source de base pour les revenus d’un portefeuille. Néanmoins, ces quinze dernières années, les taux d’intérêt ont chuté jusqu’à des niveaux historiquement bas, ce qui a drastiquement réduit le revenu qui en découle. Cette situation est toutefois en train de changer, car les taux d’intérêt sont à nouveau en hausse, même si les rendements obligataires demeuraient très modestes au regard des normes habituelles début 2022, particulièrement en Europe.

Le niveau généralement fixe des intérêts obligataires peut être défavorable aux investisseurs en période de hausse de l’inflation.

Il existe des obligations à haut rendement, mais celles-ci proviennent souvent d’émetteurs plus risqués, comme des entreprises actives sur les marchés émergents, ou caractérisées par des niveaux de dette déjà élevés. Comme pour les actions, la diversification réduit le risque pour les investisseurs et les fonds de placement constituent en principe une bonne solution. Le niveau généralement fixe des intérêts obligataires peut être défavorable aux investisseurs en période de hausse de l’inflation.

Profiter de l’envol du secteur logistique

L’investissement immobilier concerne habituellement des bâtiments commerciaux à usage industriel, logistique, de bureaux ou de distribution. Un fonds d’immobilier commercial rassemble votre argent avec celui d’autres personnes pour investir dans des bâtiments mis en location : le revenu des investisseurs dépend alors du rendement locatif.

Le risque existe toujours que les locataires ne soient pas en mesure de payer leur loyer, mais si les conditions économiques sont favorables, un bon immeuble commercial doit être en mesure d’attirer rapidement des remplaçants.

En principe, les loyers commerciaux offrent une certaine protection contre l’inflation car les propriétaires (y compris les gestionnaires de fonds d’investissement) ont la possibilité d’augmenter les loyers lorsque l’inflation est en hausse. Cela nécessite cependant une demande suffisante, sachant que des changements structurels s’opèrent depuis quelques années dans des domaines comme l’immobilier des bureaux et de la distribution en centre-ville.

Les gestionnaires de fonds immobiliers les plus performants repositionnent leurs portefeuilles en faveur des activités à plus forte croissance, notamment des centres d’entreposage et de distribution, très demandés sous l’effet de l’essor du commerce électronique, ainsi que certaines cellules industrielles spécialisées.

Les sources de revenus alternatives

Depuis quelques années, les investisseurs en quête de revenus privilégient des solutions de plus en plus variées et risquées à base d’actifs alternatifs, comme les infrastructures (hôpitaux, routes à péage, etc.). Souvent, les flux de trésorerie de ces actifs intègrent une protection contre l’inflation, ce qui garantit aux investisseurs une appréciation de leur revenu dans le temps, quelle que soit l’évolution des prix.

En partie sous l’impulsion des investissements dans le développement durable, les solutions offertes au niveau des infrastructures vertes incluent à présent des équipements de production d’énergie solaire, des parcs éoliens ou encore le stockage par batterie. Ces actifs présentent un intérêt pour les investisseurs cherchant à générer un impact positif sur le climat et l’environnement. Certains analystes de marché estiment que leurs perspectives à long terme sont meilleures que celles des énergies fossiles, qui exposent les investisseurs au risque de détenir des actifs « irrécupérables » (stranded assets) devenus impossibles à exploiter.

D’autres solutions alternatives consistent à investir dans les redevances musicales (les investisseurs reçoivent une part des revenus des droits d’artistes célèbres), ou dans les prêts entre pairs via un portefeuille de prêts aux entreprises ou aux consommateurs. Il existe toute une série de prêts spécialisés, par exemple à des sociétés de soins de santé ou des groupes de biotechnologies.

Progresser pas à pas

Il est recommandé aux investisseurs de ne pas forcément se tourner brutalement vers les solutions de revenu qui offrent actuellement le meilleur rendement. En effet, à moins que le prix de l’actif en question soit plus élevé en conséquence, cette situation peut refléter le fait que les opérateurs de marché anticipent une baisse du niveau de revenu à l’avenir.

Il est préférable d’adopter une stratégie axée sur une croissance régulière du revenu. Rappelons-nous que les dividendes illustrent simplement le niveau de revenu versé par un actif ou un fonds par le passé et n’apportent aucune garantie quant à ce qui sera payé à l’avenir. Qu’il s’agisse des bénéfices d’une entreprise ou d’un revenu locatif, les investisseurs doivent avoir confiance en la pérennité de la source de revenus sur laquelle ils souhaitent s’appuyer.

Un portefeuille de revenu résistant contiendra probablement des actions, des obligations et des actifs immobiliers et alternatifs, mais dans des proportions qui varieront en fonction du climat de l’économie et des marchés financiers, ainsi que des préférences de l’investisseur en matière de risque, de rendement et de liquidité. Pour de nombreuses personnes, en particulier à la retraite, un portefeuille axé sur le revenu et générant des flux stables et réguliers peut se révéler plus adapté que la perspective d’une croissance potentielle du capital dans le temps.

De nombreux types d’actifs génèrent du revenu, notamment les actions, les obligations, l’immobilier et les actifs alternatifs, et sont même souvent capables d’offrir aussi une appréciation du capital.