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19 novembre 2024

Pourquoi acheter local ?

Alors que les périodes de confinements ont fait sensiblement croître nos achats en ligne, elles ont sans aucun doute fait souffrir de nombreux commerces locaux. Une situation qui pousse les chantres du « consommer local » à donner de la voix. Faut-il suivre le mouvement ? myLIFE a souhaité tester la légitimité des arguments avancés avant de vous inviter à prendre position.

Si le « consommer local » semble faire l’unanimité ou presque dans les discours, les comportements d’achat effectivement observés sont nettement plus contrastés. En témoignent des ventes nettes en hausse de 38% sur l’année 2020 pour le géant Amazon. Par ailleurs, lorsqu’on se rend dans un supermarché, il est aisé de constater que la majorité des produits disponibles ont traversé plusieurs pays, voire plusieurs continents. Même une enseigne locale peut proposer des produits provenant de pays lointains. La question est alors : souhaitons-nous vraiment consommer local et qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

Acheter local : de quoi parle-t-on concrètement ?

Il existe des notions très différentes de ce que signifie « consommer local ». Quelle comparaison peut-on faire entre acheter des produits en provenance d’Asie auprès d’une petite enseigne en bas de sa rue et parcourir 20 kilomètres pour acheter des denrées produites dans la région ?

Initialement, consommer local signifie d’abord et avant tout favoriser l’achat de produits cultivés ou manufacturés dans la région où l’on réside.

Initialement, consommer local signifie d’abord et avant tout favoriser l’achat de produits cultivés ou manufacturés dans la région où l’on réside. Ensuite, cela peut aussi être favoriser l’achat auprès d’enseignes de quartier plutôt que de grands groupes, ou privilégier les services proposés par les entrepreneurs locaux plutôt que passer par des multinationales.

Pourquoi acheter local ?

En règle générale, les défenseurs du « consommer local » développent leur argumentation principalement autour de quatre piliers : l’économie, le social, la qualité et l’environnement.

Sur le plan économique, il est évident que consommer local contribue à renforcer l’économie locale du simple fait que les dépenses effectuées permettent d’alimenter en liquidités les circuits locaux et de soutenir l’emploi local. Cela est particulièrement bienvenu en période de crise pour de nombreux artisans et commerçants qui ont beaucoup souffert des restrictions et confinements liés à la pandémie. En revanche, consommer exclusivement local peut constituer un frein à la concurrence et à l’innovation qui restent deux éléments importants d’une économie en bonne santé.

Au niveau du prix, certains affirment que les produits locaux sont moins chers grâce au nombre restreint d’intermédiaires et à des coûts de transport ou d’emballage réduits. Cela peut être vrai dans certains cas, mais cet argument ne peut nullement être généralisé. C’est même l’inverse qui se produit pour de nombreuses catégories de biens et de services. Et pour cause, de nombreux autres facteurs interviennent dans la détermination du coût d’un bien de consommation, par exemple le coût de production qui comprend le prix de la main-d’œuvre. Cela nous amène aux arguments sociaux.

Sur le plan social, ce qui a été produit localement l’a forcément été dans le respect de notre législation, qu’il s’agisse de la rémunération des travailleurs ou des conditions de travail. Consommer local nous assure donc de ne pas soutenir indirectement le travail des enfants, le dumping social ou des conditions de travail indignes et dégradantes. L’achat local ne constitue certes pas la seule manière de réaliser un achat équitable, mais c’en est assurément une. De plus, faire ses emplettes dans des petits commerces locaux renforcent également le lien social de la communauté. À l’heure de l’hyper individualisme où certains n’adressent plus la parole à leurs voisins, les commerces locaux constituent un vrai lieux de rencontres pour ceux qui continuent de s’intéresser à la vie de quartier et qui cherchent à améliorer le vivre-ensemble.

En règle générale, les défenseurs du « consommer local » développent leur argumentation autour de quatre thématiques : l’économie, le social, la qualité et l’environnement.

À côté des arguments socioéconomiques, il y a ceux autour de la qualité et du respect de l’environnement. Les produits locaux sont-ils meilleurs et réalisés à partir de matières premières de meilleure qualité ? Après tout, s’il faut payer un peu plus pour un produit qui dure plus longtemps, pourquoi pas ! La réalité est malheureusement beaucoup plus contrastée et il n’est pas possible de généraliser. Il n’existe pas de corrélation évidente entre la qualité d’un produit et la dimension locale. Pour les aliments, il semble par contre raisonnable d’affirmer que les produits locaux sont plus frais et de meilleure qualité que des produits ayant dû parcourir des milliers de kilomètres. C’est vrai, à condition d’avoir des conditions de production et de stockage qui respectent les règles sanitaires. Seul bémol, le choix disponible est tributaire des saisons pour de nombreux aliments et certains produits ne peuvent être cultivés sous nos latitudes. Il faut alors accepter d’avoir un choix réduit d’aliments disponibles et apprendre à manger en fonction de la saison.

Dernier argument : la protection de l’environnement. Moins de transport, moins d’emballage, moins de zones de stockage réfrigérées, souvent moins de gaspillage, l’argument environnemental semble imparable. Il est certes valide, mais la réalité est plus complexe qu’il n’y paraît et, cette fois encore, il faut éviter les affirmations catégoriques et définitives. En effet, le bilan énergétique des circuits courts n’est pas toujours meilleur. En règle générale, le mode de production pèse plus lourd dans le bilan énergétique que le mode de distribution. Et même si on décidait de ne considérer que la dimension du transport, certains circuits longs sont tellement bien organisés, par exemple dans l’industrie alimentaire, que la consommation d’énergie ou les émissions de gaz à effet de serre par kilo de produit peuvent être inférieurs. C’est encore plus vrai si on intègre également dans l’équation les déplacements du consommateur qui doit faire plusieurs trajets vers les enseignes locales au lieu d’un seul pour se rendre à l’hypermarché.

Que faut-il retenir ?

Il existe de solides arguments en faveur de l’achat local. Nous avons toutefois établi que, derrière les slogans, il y a une réalité complexe qui invite à nuancer certains avantages ou à reconnaître qu’ils ne sont pas valides en toutes circonstances. Que faire ? Il ne nous appartient pas de répondre à cette question à votre place. Tout dépend de vos préférences et du poids que vous accordez aux différents arguments en faveur de l’achat local.

Terminons en affirmant malgré tout que soutenir l’économie du pays, c’est contribuer à pérenniser un modèle que beaucoup nous envie. Le Luxembourg regorge de produits de grande qualité, d’aliments délicieux, d’artisans talentueux et de commerçants aussi compétents que sympathiques. Notre recommandation : faites-vous votre propre opinion en connaissance de cause. Testez, goûtez, visitez et puis décidez. Vous arriverez probablement à la conclusion que l’achat local se justifie amplement dans de nombreuses situations, mais qu’il n’est pas avantageux, voire pas possible dans d’autres cas.

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