Mes finances, mes projets, ma vie
24 novembre 2025

Qu’est-ce que l’économie circulaire?

Pendant de nombreuses années, les produits ont été fabriqués et commercialisés avec peu de considération pour leur destination finale. Les marchandises sont produites, achetées, utilisées et jetées. À partir de là, elles disparaissent de notre vue – déplacées vers des décharges ou, dans une mesure limitée, pour être recyclées. Ce système linéaire génère une catastrophe environnementale.

Selon Statista, environ 350 millions de tonnes de plastique ont été jetées à l’échelle mondiale en 2023, ce qui correspond approximativement au poids combiné de la population humaine dans son intégralité. À cela s’ajoute 62 millions de tonnes de déchets électroniques et un tiers de toute la nourriture que nous produisons. Le World Resources Institute a noté en 2020: «Au total, plus de 100 milliards de tonnes de ressources entrent dans l’économie chaque année, et plus de 60% terminent leur course sous forme de déchets ou d’émissions de gaz à effet de serre.» Rien n’indique réellement que la situation se soit significativement améliorée depuis lors.

Les dommages causés par ces déchets sont importants. Les Nations Unies estiment que plus de huit millions de tonnes de plastique entrent dans les océans chaque année, soit un coût estimé de 8 milliards de dollars de dommages aux écosystèmes marins. Au rythme actuel, les océans du monde pourraient contenir davantage de plastique que de poissons d’ici 2050. Les déchets non recyclables sont souvent envoyés en décharge ou brûlés, libérant des gaz à effet de serre et des toxines nocives pour l’environnement. Les pays développés sont réputés pour expédier leurs déchets vers des pays émergents, transférant ainsi le coût environnemental.

Ce modèle linéaire semble de plus en plus insoutenable. Les ressources physiques sont limitées, et les dommages environnementaux ne cessent de s’accumuler. Ce constat a encouragé des efforts accrus pour une transition vers une économie circulaire, basée sur les principes de l’élimination des déchets et de la pollution, du maintien des produits et des matériaux en usage répété, et de la régénération des systèmes naturels.

Le modèle linéaire

Dans une économie circulaire, la fin de la vie utile d’un produit est intégrée à son processus de conception.

Circulaire par design

Dans une économie circulaire, la fin de la vie utile d’un produit est intégrée à son processus de conception. L’objectif est de concevoir des produits qui puissent être démontés afin que leurs composants puissent être réutilisés pour de nouveaux produits, ou réutilisés d’autres manières. L’objectif ultime est de parvenir à une croissance économique qui ne dépende pas de la consommation de ressources.

L’économie circulaire

De nombreuses entreprises de premier plan ont déjà commencé à intégrer cette approche dans leurs produits et pratiques. Le concepteur et fabricant de jouets Lego, par exemple, a dû répondre aux protestations contre les plastiques. Il a trouvé différentes solutions innovantes pour la réutilisation des blocs Lego, y compris en les utilisant pour meubler le siège social de l’entreprise à Billund au Danemark. Dans le cadre de son initiative Replay, la société offrent les produits usagés ou non désirés à des enfants dans le besoin. Enfin, elle utilise aujourd’hui des matériaux d’origine végétale plutôt que du plastique pour fabriquer ses blocs.

Le groupe suédois d’ameublement IKEA a adopté une approche similaire à plusieurs niveaux. Il a introduit un programme de rachat et de revente dans le cadre duquel les propriétaires de produits peuvent retourner des meubles usagés pour qu’ils soient revendus, réutilisés ou recyclés. La société permet également aux clients de louer ou d’acheter des meubles ou des accessoires rénovés. Elle a également modifié les matériaux utilisés pour fabriquer ses produits, en privilégiant le bois et le plastique recyclé afin de réduire son empreinte environnementale.

Le fournisseur de matériel informatique HP s’est fixé un objectif zéro déchet pour ses opérations au Brésil grâce à un partenariat avec Sinctronics, un spécialiste de la réduction de l’impact environnemental des produits électroniques. Les deux groupes augmentent désormais le volume de matériaux recyclés dans les nouveaux produits et emballages.

L’innovation dans la fabrication

Il y a aussi une innovation significative du côté de la fabrication. La Fondation Ellen MacArthur, établie par une championne britannique de voile, met en lumière une série d’initiatives économiques circulaires innovantes, notamment la société suédoise BoKlok, une coentreprise entre le géant de la construction Skanska et IKEA.

BoKlok crée des maisons modulaires préfabriquées par un processus de construction rationalisé qui réduit les déchets, minimise les émissions et réduit considérablement le temps de construction. Au total, 12.000 maisons BoKlok existent déjà en Suède, en Finlande et en Norvège. Le groupe prévoit de s’étendre dans d’autres pays au cours des prochaines années.

Que signifient ces différentes initiatives encourageantes pour les investisseurs? Il semble logique d’intégrer les considérations de l’économie circulaire dans l’analyse des investissements. Et pour cause, les entreprises qui font un usage efficace des ressources naturelles sont susceptibles d’avoir un avenir plus durable.

Les entreprises qui peuvent limiter leur dépendance aux ressources limitées et les utiliser plus efficacement auront un plus grand potentiel de croissance.

De nombreux types de ressources sont rares, voire de plus en plus rares dans le cas des combustibles fossiles. De son côté, l’eau n’est pas nécessairement disponible là où elle est nécessaire, ni sous la forme souhaitée. Les entreprises qui peuvent restreindre leur dépendance aux ressources limitées et les utiliser plus efficacement auront un plus grand potentiel de croissance. Cela est également susceptible de profiter à leur réputation à long terme, dans la mesure où les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’impact environnemental des entreprises.

Il faut aussi tenir compte des considérations financières. Les exigences réglementaires entourant l’élimination des déchets et l’utilisation des ressources augmentent. En décembre 2017, les 193 États membres des Nations Unies ont convenu à l’unanimité d’une résolution visant à éliminer la pollution plastique dans les océans du monde. En 2023, l’UE a introduit de nouvelles restrictions sur les microplastiques dans le cadre de son dispositif de suivi de l’économie circulaire. Être négligent avec les déchets et les ressources naturelles devient de plus en plus coûteux pour les entreprises.

Des opportunités de croissance dans une économie en évolution

L’adoption des principes de l’économie circulaire peut également offrir aux entreprises une piste de croissance. Les entreprises proposant des solutions pour améliorer la gestion des déchets et le recyclage sont susceptibles de bénéficier d’un marché en expansion. Parmi les bénéficiaires, il y a lieu de citer les entreprises qui produisent des systèmes de contrôle intelligents pour l’utilisation de l’eau, par exemple, ou les sociétés technologiques dont les logiciels aident les entreprises à améliorer la gestion des ressources. D’autres entreprises fabriquent des emballages durables et biodégradables, ou trouvent de nouvelles technologies de recyclage et de nouvelles utilisations finales – autant d’opportunités créées par la croissance de l’économie circulaire pour les investisseurs ayant une vision à long terme.

Les entreprises internationales reconnaissent de plus en plus la réalité du problème et la nécessité d’agir. En 2018, plus de 290 groupes, dont des marques internationales telles que Coca-Cola, Pepsi, Unilever et Nestlé, se sont engagés dans un accord mondial visant à éliminer à la source les déchets et la pollution plastiques. L’Engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques, dirigé par la Fondation Ellen MacArthur en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, a gagné de nouveaux adeptes au fil des ans et compte désormais plus de 500 signataires.

La Fondation affirme que les signataires de l’engagement mondial ont, depuis 2018, évité d’utiliser 9,6 millions de tonnes de plastique vierge. Les fabricants et les détaillants signataires ont pour leur part réduit leur utilisation de plastique de 3% sur une période au cours de laquelle elle a progressé de 8% sur le marché global de l’emballage. Les signataires ont également augmenté leur utilisation de matériaux recyclés.

Les efforts pour étendre la mise en œuvre des principes de l’économie circulaire sont susceptibles de prendre de l’ampleur. Pour les investisseurs, ils devraient être une considération importante lors de l’analyse des entreprises et de leur fonctionnement. La consommation de ressources rares par une entreprise et sa gestion des déchets pourraient s’avérer cruciales pour sa pérennité et sa viabilité financière à long terme. Les entreprises qui ne considèrent pas le devenir de leurs produits au-delà du point de vente risquent de prendre du retard sur le chemin du changement et courent le risque de disparaître complètement. Pour éviter cela, il est grand temps pour elles de se diriger vers une économie circulaire.

La consommation de ressources rares par une entreprise et sa gestion des déchets pourraient s’avérer cruciales pour sa pérennité et sa viabilité financière à long terme