« Connais-toi toi-même » avant d’investir
Vous avez enfin réussi à mettre un peu d’argent de côté pour investir? Félicitations! Mais avant de vous lancer et d’établir votre profil d’investisseur avec votre banquier, prenez le temps de l’introspection pour être au clair avec vos moyens, priorités, aspirations et valeurs. Bien entendu, myLIFE vous aide à entamer cette réflexion indispensable avant de vous lancer.
Que ce soit dans notre vie de tous les jours ou lorsque nous devons prendre des décisions importantes en matière d’investissement, nous sommes constamment influencés par des biais cognitifs divers et variés. Et ne pas en avoir conscience peut être lourd de conséquences, notamment au moment d’établir votre profil d’investisseur. En effet, comment dresser un profil fiable sans avoir déterminé si vos choix présents ne sont pas biaisés et correspondent effectivement à vos préférences et à votre style de vie? C’est vrai, votre banquier est là pour vous poser les bonnes questions afin d’établir ce fameux profil d’investisseur qui constitue une obligation légale encore rappelée depuis 2018 par la directive européenne MIFID II. Face à l’investissement, il vous aidera ainsi déterminer si vous êtes plutôt:
- conservateur en privilégiant le caractère défensif et sûr de vos placements financiers;
- équilibré entre prise de risque et sécurité;
- spéculatif qui accepte une prise de risque plus élevée pour un gain potentiellement accru.
Mais voilà, il y a un hic. Si votre banquier est en mesure de vous poser les bonnes questions, il ne peut ni sonder votre cœur, ni deviner les éventuels biais cognitifs qui vous animent. Il vous appartient à vous seul de fournir les bonnes réponses! Ce qui présuppose d’avoir déjà réfléchi à vos moyens, priorités et aspirations, ainsi qu’à votre caractère et à vos valeurs.
Comment vous assurer de choisir ce qui vous convient vraiment?
Deux investisseurs sommeillent en vous!
Remplir un questionnaire pour déterminer votre profil d’investisseur est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, il n’est pas toujours aisé de connaître ses préférences en matière d’investissement, cela d’autant plus qu’elles sont relativement instables sur le long terme, qu’il n’est pas toujours simple de se projeter dans le futur, que nos moyens et notre connaissance des produits financiers évoluent. C’est pour cela que le profil d’investisseur sera d’ailleurs régulièrement renouvelé. Toutefois, une barrière demeure si l’on n’y prend garde: notre prise de décision est parfois construite sur des illusions cognitives qui faussent notre jugement.
Nos arbitrages se font parfois selon nos émotions du moment et cela nuit à l’atteinte de nos objectifs à long terme.
Ainsi, notre cœur balance bien souvent entre investir, épargner ou conserver suffisamment d’argent pour des achats plaisir. À tel point que nos arbitrages se font parfois selon nos émotions du moment et cela nuit à l’atteinte de nos objectifs à long terme.
Dans cette optique, il est nécessaire de connaître ses faiblesses en matière de gestion financière. Sommes-nous toujours maître de nos finances ou nos décisions sont-elles plutôt influencées par des émotions trompeuses? Par exemple, si votre situation financière est actuellement stable mais que vous avez le projet de vous lancer un défi professionnel risqué demain, l’argent que vous êtes prêt à investir aujourd’hui de manière spéculative avec enthousiasme pourrait bien vous manquer demain en cas d’échec. Dans ce cas, même si vous avez un tempérament de fonceur, peut-être serait-il plus sage d’opter pour un profil d’investisseur conservateur capable de mieux protéger votre niveau de vie face à un avenir financier incertain que vous avez « omis » d’évoquer devant votre banquier.
Il y a donc deux investisseurs qui sommeillent en vous et il vous appartient de bien déterminer lequel est aux commandes.
Les économistes ont cherché à représenter de manière symbolique notre ambivalence lorsqu’il s’agit de choisir entre consommation immédiate, investissement et épargne à long terme. Parmi eux, Richard Thaler, Prix Nobel d’Economie en 2017, décrit ainsi notre conscience financière comme étant dotée d’un moi « planificateur et réfléchi » et d’un moi « impulsif et hédoniste ». Le premier moi est décrit comme étant un agent économique sophistiqué, le second comme étant naïf. Il y a donc deux investisseurs en vous et il vous appartient de bien déterminer lequel est aux commandes.
Il convient ici de souligner qu’un agent dit sophistiqué n’est pas forcément plus éduqué sur le plan financier qu’un agent naïf. Un agent est dit sophistiqué car il a conscience d’avoir parfois des problèmes de maîtrise de soi, d’instabilité en matière de préférences et il sait que ses choix financiers peuvent être influencés par des biais comportementaux. Il cherche donc des garde-fous pour corriger ses potentiels erreurs et n’hésite pas à se faire accompagner par des experts.
À l’inverse, un agent naïf ne prend pas la mesure de tous ces éléments. Il a alors tendance à être démesurément optimiste quant à sa capacité à s’autoréguler. Il préfère s’en remettre à lui-même et à son intuition et il croit démesurément en son propre jugement. Cela peut le conduire à une certaine impulsivité excessive par moment ou, à d’autres moments, à procrastiner (par exemple lorsqu’il s’agit de mettre de l’argent de côté). Il en découle une forte tendance à l’inertie à court terme, des surréactions et mouvements démesurément risqués sur le moyen terme et, au final, une prise de décision sous-optimales sur le long terme.
On le voit, il ne s’agit pas ici de pointer du doigt un manque d’éducation ou une incapacité à prendre de bonnes décisions en matière financière, mais plutôt d’apprendre à être honnête avec soi-même et de mieux cerner son rapport à l’argent pour investir de manière appropriée. Que faire? En attendant de véritablement prendre le temps de démasquer cette naïveté qui nous guette, voici déjà quelques recommandations pour vous préparer mentalement à déterminer votre profil d’investisseur avec votre banquier.
S’interroger lucidement sur votre rapport au risque
Les décisions d’investissement ont des conséquences à la fois émotionnelles et financières. Vous devez prendre en compte ces deux aspects pour bien déterminer votre rapport au risque et ce qui constitue une décision d’investissement optimale pour vous.
Demandez-vous d’abord pourquoi vous souhaiter investir. Est-ce en vue de gains à court terme, afin de pouvoir financer un projet précis ou pour améliorer globalement votre situation financière à long terme.
Ensuite, visualisez la situation qui découlera de vos choix. Par exemple, si vous optez pour le long terme, forcez-vous à vous voir durablement investi sur le même produit pendant plusieurs années ou décennies. Ainsi, vous vous préparez mentalement à ne pas surréagir face à la volatilité de court terme sur les marchés. Au lieu de vous focaliser sur les changements immédiats, conservez une image élargie et globale de votre situation, c’est-à-dire imaginez l’impact global de vos investissements sur votre richesse à long terme.
Pour déterminer si une situation d’investissement est optimale pour vous, vous devez pouvoir penser en termes de bien-être global et de style de vie.
Cet exercice mental vous fait réaliser que vous êtes mal à l’aise face à la perspective d’affronter une forte volatilité? Super, vous venez de découvrir quelque chose d’important sur vous-mêmes. Pour déterminer si une situation d’investissement est optimale pour vous, vous devez pouvoir penser en termes de bien-être global et de style de vie. Si vous ne pouvez pas vivre confortablement au quotidien avec l’idée que l’incertitude plane au-dessus de vos finances, alors un profil de risque avancé n’est certainement pas fait pour vous.
Dit autrement, êtes-vous plutôt du genre à regretter les opportunités d’investissement manquées ou ressassez-vous sans cesse vos mauvaises décisions d’investissement? Dans le premier cas, vous êtes plus enclin à pouvoir supporter la prise de risque que dans le second.
Enfin, le plus important est de ne pas perdre de vue que vos choix en matière d’investissement doivent avoir pour finalité de maximiser votre bien être général. Cela inclut votre bien-être personnel, émotionnel et financier. Dans cette optique, vous ne devez jamais prendre de décisions qui entraînent un déséquilibre extrême entre vos objectifs de vie, les actions d’investissement entreprises et votre état émotionnel. Car si l’argent ne fait pas nécessairement le bonheur, il peut y contribuer.
D’ailleurs, avant même de vous poser la question de l’investissement, peut-être est-il temps de vous demander si l’argent est une fin ou un moyen dans votre projet de vie. Une réponse honnête vous aide à déterminer ce que l’argent signifie vraiment pour vous (sécurité, liberté…) et quels sont les sentiments que vous y associez. De quoi vous aider grandement à trouver votre chemin en tant qu’investisseur.
À présent, vous êtes prêt pour établir votre profil d’investisseur avec l’aide de votre banquier. Rappelons pour terminer que l’appétit au risque n’est qu’un des éléments repris dans le profil et il peut être largement atténué, voire contrecarré par les autres éléments considérés pour l’établir : votre connaissance et expérience, votre situation financière, vos horizons d’investissement et projets…
Au final, une stratégie d’investissement lumineuse n’est possible qu’en ayant les idées claires.