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19 avril 2024

Financer son séjour en maison de retraite

Au même titre que les démarches liées à votre succession, le choix d’un lieu de résidence adapté pour vos vieux jours doit idéalement être anticipé. Il en va de votre sérénité comme de celle de vos proches, mais aussi de votre confort futur. Certes, il est toujours délicat de présager de ses besoins financiers et logistiques futurs. Cela n’empêche pas d’avoir à l’esprit les différentes structures existantes, leur coût et les modalités de financement. myLIFE vous aide à faire le point sur ce sujet.

Définissons!

Fondamentalement, il existe trois types de structures d’accueil pour les personnes âgées au Grand-Duché. Toutes dépendent du Ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région.

  • Les CIPA (Centre intégré pour personnes âgées) sont dédiés aux personnes n’étant pas considérées comme en état de dépendance. Ces établissements prodiguent un encadrement et des services généraux au quotidien. Grâce à l’équipement et au personnel médical présents, ces centres permettent de prendre en charge le pensionnaire lorsque son état de santé évolue et requiert davantage d’assistance. 30 CIPA sont recensés au 1er août 2020 pour le Grand-Duché sur le site de Luxsenior.lu.
  • Les maisons de soins prennent en charge les personnes en état de dépendance, c’est-à-dire ayant besoin d’être assistées dans les gestes indispensables du quotidien. Elles proposent une assistance pour ce qu’on appelle les AEV (actes essentiels de la vie) comme se brosser les dents, aller aux toilettes, manger ou s’habiller, en plus des soins médicaux. En principe, il faut nécessiter plus de 12 heures de prestations hebdomadaires de soins et d’aides pour pouvoir prétendre à une place en maison de soins. Le pays compte 22 maisons de soins.
  • Les logements encadrés (11 établissements existants). A vendre ou à louer, ils se rapprochent davantage de résidences proposant des services à la personne sur demande plutôt que d’un établissement comme un CIPA ou une maison de soins. Pour obtenir l’agrément de l’Etat, ces logements doivent répondre à certains critères. Toutefois, les ressources médicales y sont sous-traitées et le personnel disponible sur place est limité. Ces logements peuvent constituer une étape de transition avant de rejoindre un autre type de structures évoqué ci-dessus. A côté des logements encadrés, il existe aussi ce qu’on appelle des résidences seniors. Celles-ci fonctionnent selon la même approche, mais sans être soumises aux normes législatives du logement encadré. Elles ne peuvent donc prétendre à cette appellation et aux aides afférentes pour les personnes ne disposant pas des ressources financières suffisantes pour payer le prix des pensions requis.

Retrouvez la liste des établissements pour personnes âgées sur le site de l’Association nationale des infirmiers luxembourgeois ou sur www.luxsenior.lu.

On peut estimer à 2.400€ le budget mensuel moyen par personne pour l’hébergement, les repas et l’encadrement quotidien.

Finançons!

Il est difficile de donner le prix exact d’un hébergement au sein d’une «maison de retraite». En règle générale, les tarifs de chaque établissement ne variant pas excessivement, on peut estimer le budget mensuel moyen par personne pour l’hébergement, les repas et l’encadrement quotidien requis pour accomplir les gestes indispensables. Les variations de prix dépendent plutôt des conditions d’hébergement, c’est-à-dire de la taille des chambres et des commodités mises à disposition dans celles-ci. Attention, un même prix entre deux établissements peut recouvrir des réalités très différentes. Vérifiez sur place et comparez avant de signer! Quels sont ces prix? Dans un rapport publié en décembre 2019, la Chambre de salariés (CSL) affirme: « En 2018, il faudra débourser en moyenne pour une place dans une chambre à un lit 2.452€ par mois dans un CIPA, 2.706€ dans une maison de soin et 1.718€ par mois dans un logement encadré. Il s’agit donc bien de prix moyens, certaines institutions peuvent demander plus de 4.000€, voire plus de 5.000 € par mois pour une chambre seule. »

Comment financer un tel montant? En plus de votre pension légale résultant de vos années d’activités professionnelles, vous pouvez compter sur votre épargne ou tout autre capital disponible pour financer votre séjour en maison de retraite. D’où l’intérêt de bien préparer sa retraite dès le début de sa vie active.

Vendre son logement constitue une autre solution possible pour financer votre séjour en maison de retraite. Une telle solution requiert évidemment d’être propriétaire et entame sensiblement votre patrimoine. Ce choix est toujours psychologiquement difficile à opérer, mais il peut se justifier: si votre domicile ne vous sera plus «utile», sa vente vous permet de financer un hébergement adapté et financièrement hors de portée autrement.

Par contre, si votre conjoint continue de vivre dans le bien immobilier, il n’est évidemment pas question de vendre. Dans un tel cas de figure, ce dernier a droit à «l’immunisation conjoint», c’est-à-dire à une part mensuelle immunisée s’élevant à 1.927,70€ mensuel à l’indice 834,76. Cette aide peut être majorée d’une participation (maximum 834,76€) au loyer à payer ou pour le remboursement d’un prêt immobilier.

Tout le monde ne pouvant pas forcément faire face à la totalité de ces frais d’hébergement/restauration mensuels, il est possible de faire appel au Fonds National de Solidarité (FNS) à condition que l’établissement visé soit agréé.

Tout le monde ne pouvant pas forcément faire face à la totalité de ces frais d’hébergement/restauration mensuels, il est possible de faire appel au Fonds National de Solidarité (FNS)  à condition que l’établissement visé soit agréé. Attention, tous les logements encadrés ne permettent pas de bénéficier de cette aide.

Un peu d’aide

En cas de difficulté à financer un séjour en maison de retraite, le FNS peut prendre en charge une partie de l’hébergement. C’est le complément «accueil gérontologique» qui se destine à «toute personne admise en institution pour une durée indéterminée et dont les ressources sont insuffisantes pour assurer cet hébergement et ses besoins personnels». Attention, cette aide ne concerne pas tous les établissements et ne vaut qu’au Grand-Duché. Il s’agit donc de bien vérifier la réalité de l’agrément de l’établissement envisagé pour pouvoir en bénéficier!

Le montant de l’aide résulte de la différence entre le prix de l’hébergement et l’ensemble des revenus du demandeur diminué d’un budget réservé aux dépenses personnelles (475,81€ à l’indice 834,76 du coût de la vie). Cette aide est versée directement à l’établissement hébergeur. A signaler que les logements appartenant au demandeur sont grevés d’une hypothèque légale par le FNS s’ils se situent sur le territoire du Grand-Duché. De plus, l’aide ne sera pas accordée si les avoirs en compte du demandeur excèdent 20.869€.

Les personnes dépendantes ayant recours à des heures d’assistance (au moins 3,5 hebdomadaires) peuvent bénéficier de «l’assurance dépendance». Après étude et validation du dossier, cette dernière prend en charge par l’intermédiaire de la sécurité sociale un certain nombre d’heures d’assistance. Le règlement se fait directement à la maison de retraite.

Au Luxembourg, la part de la population âgée de plus de 65 ans pourrait atteindre 25% en 2060, contre un peu plus de 14,6% aujourd’hui. Autant dire que les places disponibles au sein des maisons de retraite risquent de se faire rares dans les années à venir. À ces considérations d’ordre pratique s’ajoute la dimension financière qu’il est nécessaire d’évaluer et d’anticiper, bien en amont, afin de pouvoir subvenir aux dépenses spécifiques liées à cette étape importante de la vie. N’attendez pas le dernier moment pour vous y préparer.