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26 avril 2024

Investissements : quand notre inconscient nous trompe

Les investisseurs doivent se méfier des biais qui influencent leur perception.

Peu importe nos efforts, nous ne parvenons pas à nous comporter de manière parfaitement rationnelle. Pourtant, les théoriciens de la finance ont longtemps considéré l’investisseur comme un individu qui prend toutes ses décisions de manière éclairée. Selon leurs théories, l’investisseur idéal rassemble et étudie de manière approfondie toute l’information disponible afin de prendre ses décisions en toute connaissance de cause. C’est ce que l’on appelle le modèle de l’agent économique idéal ou rationnel.

Un être irrationnel

Avec l’essor des sciences comportementales, d’autres modèles ont progressivement vu le jour. Ils tentent de rendre compte de la rationalité limitée, voire minimale, dont font preuve la majorité des investisseurs. Basée sur les sciences sociales dont la psychologie en plus de l’économie, les sciences comportementales se focalisent sur la manière dont les gens pensent et sur leur comportement réel. Elles mettent notamment en évidence les facteurs et biais cognitifs susceptibles d’influencer une personne dans sa prise de décision, le plus souvent à son insu.

Le concept de biais cognitif désigne des erreurs de pensée et de perception systématiques qui ont une incidence sur les décisions humaines. Nos perceptions, pensées, jugements et souvenirs sont en effet inconsciemment influencés par des mécanismes ancrés dans notre cerveau. Les biais cognitifs s’accumulent quand nous devons agir rapidement et/ou traiter trop d’informations simultanément.

Lorsqu’il s’agit d’étudier le comportement et les biais cognitifs de l’investisseur, nous parlons alors de finance comportementale. Cette discipline s’est notamment fait connaître en 2017 lors de l’attribution du prix Nobel d’économie à Richard Thaler pour sa contribution à la « compréhension de la psychologie de l’économie ». Richard Thaler a joué un rôle décisif dans le développement de la finance comportementale au fil des ans. Il a notamment classé les causes des écarts observés entre le comportement humain réel et les hypothèses rationnelles en deux catégories : les limites cognitives et le manque de contrôle de soi. Outre les hypothèses de rationalité, ses recherches portent également sur les considérations relatives à l’attitude fondamentale des agents économiques les uns envers les autres et à son impact sur leur comportement économique.

Une image biaisée

Étudions à présent certains des principaux biais fondamentaux que les chercheurs ont identifiés chez les investisseurs : le biais de confirmation, l’aversion au risque et à la perte, l’excès de confiance et le phénomène du « coût irrécupérable ».

L’excès de confiance désigne la tendance à surévaluer ses capacités.

Bien qu’il ne soit pas propre à l’investissement, le biais de confirmation est un de ceux qui provoquent le plus de dégâts dans la vie d’un investisseur. Il consiste à ne considérer que les informations et événements qui confirment ce que l’on pense déjà et à ignorer ou à minimiser tout ce qui contredit nos croyances et nos convictions. Difficile par conséquent de prendre les décisions d’investissement les plus rationnelles possibles. En d’autres termes, la politique de l’autruche en matière d’investissement est le plus sûr moyen de perdre beaucoup d’argent, mais aussi de passer à côté de l’opportunité d’en gagner.

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Selon les experts, il existe trois processus cognitifs classiques : la réception, la perception et l’évaluation des informations. Les dernières découvertes en neurosciences révèlent que ces trois phases sont influencées par nos émotions.

Même si la grande majorité de nos positions sont dans le vert, nous ne voyons que ce titre qui baisse depuis deux semaines. Compte tenu de cette expérience, nous serons alors tentés d’opter pour des placements plus sûrs à l’avenir. C’est ce qu’on appelle l’aversion au risque. À l’inverse, l’aversion à la perte peut pousser certains investisseurs à conserver un titre qui dégringole et dont les fondamentaux se sont fortement et durablement détériorés, dans l’espoir vain qu’il finira par « se refaire » et leur rapporter de l’argent.

Comme son nom l’indique, l’excès de confiance désigne la tendance à surévaluer ses capacités. En investissement, cela se traduit par le sentiment d’avoir toujours raison, malgré des signes évidents du contraire, ou encore d’avoir découvert le placement du siècle avant tout le monde. Ce biais pousse souvent les investisseurs à acheter et vendre à un rythme plus soutenu au prétexte de mieux savoir y faire. Ce faisant, l’investisseur supporte des coûts de transaction qui peuvent finalement peser lourd sur la rentabilité globale de son portefeuille… surtout s’il devait s’avérer qu’il ne s’est pas montré particulièrement plus performant dans ses choix que le marché.

À l’inverse de l’excès de confiance, l’autodénigrement consiste à exprimer à l’avance tout un tas de raisons valides ou non pour lesquelles nos titres en portefeuille réaliseront très certainement de piètres performances futures. Le problème de ce biais est qu’il a surtout tendance à empêcher l’investisseur d’agir, qu’il s’agisse d’acheter un titre ou de vendre une position.

Le « coût irrécupérable » désigne une mauvaise expérience qui a des effets à long terme. Celle-ci nous amène à nous comporter de manière irrationnelle et à mal évaluer les opportunités qui se présentent, en raison d’un investissement antérieur que l’on ne récupérera plus.

Demander de l’aide

En règle générale, il est dangereux de se fier uniquement à son propre jugement en matière d’investissement. Le risque, voire même la tentation, de se laisser guider par une perception biaisée est beaucoup trop élevé. L’aide d’un expert qui apporte un point de vue extérieur s’avère dès lors réellement pertinente.