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26 décembre 2024

L’intuition seule n’est pas bonne conseillère

Quand il s’agit d’argent, de solides connaissances spécialisées sont indispensables

Pour investir, acheter ou placer son épargne, on dit souvent qu’il convient de suivre son instinct. Se pourrait-il cependant que l’intuition soit mauvaise conseillère ? L’enjeu n’est pas ici de peser le pour et le contre de l’intuition, mais plutôt de définir à quel moment il devient plus raisonnable de faire confiance à une aide extérieure. Par exemple dans le cadre de la gestion de ses propres finances, et plus généralement en matière d’argent. Dans ces domaines, il convient en effet d’éviter certaines erreurs graves.

L’intuition peut être trompeuse

L’intuition est facile à reconnaître, mais difficile à décrire. Nous sommes nombreux à connaître nos propres intuitions et à admirer les personnes qui suivent avec aplomb « leur instinct » au quotidien pour venir à bout de situations complexes. L’intuition est une forme de connaissance immédiate, une sorte de flair de la bonne marche à suivre. Mais elle n’est pas non plus complètement dépourvue de fondement, car elle repose sur des expériences acquises et sur des savoirs que l’on s’est appropriés (mot-clé : intuition d’expert).

En ce qui concerne l’expérience, il faut cependant prendre garde aux idées trompeuses, susceptibles de leurrer inconsciemment notre capacité de jugement. On peut par exemple prendre pour une intuition un simple excès de confiance. Nous avons tendance à tenir compte uniquement des informations qui confirment la validité des opinions et des systèmes de valeurs que nous nous sommes forgés au fil des ans.

Il se peut ainsi que, dans le cadre du placement de nos économies, nous voulions tant avoir raison qu’inconsciemment, avant de prendre une décision, nous prenions seulement en considération des informations allant dans le même sens que notre réflexion. En bref : consciemment ou non, nous présentons les choses comme elles nous arrangent.

Ce que nous considérons comme une intuition peut aussi être le résultat d’impulsions, de préjugés, d’illusions et d’influences présents dans notre entourage direct. Comment s’en prémunir ? Simplement en s’obligeant à mettre rigoureusement à l’épreuve nos certitudes. Nous devons apprendre à classer efficacement nos sentiments afin de tenir à l’écart toute illusion cognitive susceptible de nuire au processus décisionnel.

Nous présentons les choses comme elles nous arrangent.

Rien ne remplace l’expertise

On pourrait penser que même les experts, par exemple les conseillers financiers, agissent instinctivement. Il s’agirait alors d’une « intuition d’expert » qui ne serait pas le fruit du hasard. Lorsqu’un chirurgien décide, au beau milieu d’une opération, de changer de procédé pour sauver la vie de son patient, son acte résulte de longs antécédents, qui se distinguent par une expérience et des connaissances concrètes.

20.000
D’après des chercheurs en neurosciences, le cerveau humain prend chaque jour près de 20.000 décisions, conscientes ou inconscientes.

Le fait est que les jugements spontanés se révèlent particulièrement fiables dans les domaines où nous avons acquis de solides compétences. Qu’on ne s’y trompe pas : les compétences spécialisées intuitives sont le fruit de plusieurs années d’expérience et de pratique, et sont stockées dans notre cerveau. C’est pourquoi un expert sait reconnaître une situation précise, présentant une structure stable et déjà rencontrée au préalable, et suivre alors son instinct professionnel.

Faire confiance à l’intuition d’un expert implique de toute façon de demander conseil à quelqu’un qui est en mesure d’agir avec la prudence et le sang-froid nécessaires dans des conditions imprévisibles, ou dans une situation totalement nouvelle. Lorsque les marchés financiers traversent par exemple des turbulences, il est préférable de garder son calme et d’analyser les informations à notre disposition avant de prendre une décision. Dans ce cas, il est dangereux de s’en remettre uniquement à son instinct. Un investisseur expérimenté le sait. Il ou elle possède la distance nécessaire, et peut contribuer à des décisions professionnelles et réfléchies, en particulier dans les périodes agitées.

L’expertise et le recul ne suffisent cependant pas pour qu’un conseiller financier et/ou un chargé de clientèle accomplissent leur travail le plus efficacement possible. Il est également important de connaître la volonté du client. Il est donc nécessaire d’appréhender son profil d’investisseur, qui résume ses connaissances, son expérience, sa tolérance aux pertes et ses objectifs de placement.

Programme d’exercice en trois étapes

Comme un muscle, l’intuition doit être entraînée et exercée. Afin de mettre à l’épreuve la fiabilité de sa propre intuition, il convient de prêter particulièrement attention aux informations qui contredisent notre instinct. Voici un petit exercice :

Étape 1 : Pensez à une situation dans laquelle vous avez fait confiance à votre intuition et qui a donné un résultat positif. Dans quel contexte était-ce ? Que s’est-il passé, et quel a été le résultat ? Pouvez-vous citer les facteurs qui vous ont incité à suivre votre intuition ? Décrivez-les.

Étape 2 : Pensez à une situation dans laquelle vous avez fait confiance à votre intuition et qui a donné un résultat négatif. Dans quel contexte était-ce ? Que s’est-il passé, et quel a été le résultat ? Pouvez-vous citer les facteurs qui vous ont incité à suivre votre intuition ? Décrivez-les.

Étape 3 : Tirez-en des conclusions à propos de vos convictions personnelles et des domaines et circonstances dans lesquels vous pouvez le plus vous fier à votre intuition.

Souvenez-vous que c’est vous qui avez le dernier mot.

Souvenez-vous que, quoi qu’il arrive, c’est vous qui avez le dernier mot. Le fait d’éprouver un sentiment de profonde sérénité intérieure vis-à-vis d’une décision à prendre est toujours une bonne chose.