Parole d’expert: l’incubation d’entreprise au Technoport
L’équipe myLIFE a rencontré Diego De Biasio, CEO du Technoport. L’occasion d’en apprendre plus sur cet incubateur d’entreprises luxembourgeois qui souffle ses 20 bougies en 2018 et sur l’esprit d’entreprise qui anime les start-up qu’il héberge.
Diego De Biasio, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’est un incubateur d’entreprises?
«Pour moi, un incubateur d’entreprises est un lieu unique qui essaye de rassembler, de façon flexible, différentes composantes pour favoriser la création et le développement de nouvelles entreprises.
Ces structures regroupent des services et processus de développement de sociétés, des infrastructures adaptées au démarrage d’activités et, enfin, des équipes dédiées à l’accompagnement des entrepreneurs lors des premières phases de développement des entreprises, qui sont souvent les plus difficiles et les plus risquées. Une autre dimension très importante est l’établissement d’une communauté d’entrepreneurs, qui peuvent échanger de bonnes pratiques entre eux, voire même développer des synergies d’innovation.
Comment se traduit le soutien apporté par le Technoport aux jeunes entreprises?
Il se concrétise par étape. Tout d’abord, nous validons les idées et les concepts des entrepreneurs grâce aux services de coaching. Ensuite, nous les mettons en relation, partageons nos réseaux et leur donnons accès à des spécialistes de certains domaines ou métiers. Vient alors la partie infrastructure qui consiste à mettre à disposition un environnement de travail permettant à l’entrepreneur de se concentrer sur l’essentiel: le développement de son entreprise.
Ce qui nous distingue aussi, c’est la diversité de notre offre. Il n’y a pas que l’incubateur, nous disposons également de ce que nous appelons le coworking et le laboratoire de fabrication numérique (FabLab) qui favorise tout ce qui est prototypage rapide. Au fil des années, cela nous a permis d’élargir les secteurs que nous visons.
Justement, quel est le profil des start-up choisies par le Technoport?
Le Technoport s’est donné comme cible les projets technologiques et innovants. Nous ne sommes pas un incubateur spécialisé thématiquement, comme par exemple Paul Wurth InCub, qui est plutôt sur la partie industrielle (InduTech) ou le LHoFT, qui est plus un Hub dans le domaine des FinTech. Nous sommes génériques et avons aujourd’hui une quarantaine de sociétés actives dans des domaines très variés, comme l’environnement, les matériaux, les solutions de sécurité informatique, les réseaux sociaux…
Une de nos particularités porte sur notre volonté d’adresser plus particulièrement deux segments: les nouvelles créations (les start-up) et les sociétés étrangères désireuses d’installer des centres d’innovation et de recherche au Luxembourg.
Les entrepreneurs ont des idées très pertinentes pour leur projet d’entreprise, mais ils n’ont pas toujours toute la panoplie de contacts ou l’expertise qu’il leur faut pour mener à bien leur projet.
Parmi toutes les entreprises accompagnées par l’incubateur d’entreprises, avez-vous un exemple de success story? Pouvez-vous nous expliquer en quoi le Technoport a participé à cette réussite?
Je ne vais pas me focaliser sur un seul cas, parce que chaque société a un parcours différent et elles n’ont pas toutes les mêmes besoins. Bien souvent, les entrepreneurs ont des idées très pertinentes pour leur projet d’entreprise, mais ils n’ont pas toujours toute la panoplie de contacts ou l’expertise qu’il leur faut pour mener à bien leur projet. C’est précisément là, que le Technoport peut les aider.
J’ai plusieurs exemples qui me viennent directement en tête. Ainsi, la société Trendiction qui a développé le produit Talkwalker: il s’agit d’un outil de veille et d’e-réputation simple et ultra performant au service des plus grandes marques et agences à travers le monde. Au-delà du fait que nous avons cru au projet dès le début, notre soutien a été celui de faire se rencontrer l’équipe fondatrice avec leur actuel CEO. Ils sont aujourd’hui presque 200 employés avec des bureaux aux États-Unis, en Allemagne et au Luxembourg.
On peut également parler de SecureWave, société dans la sécurité informatique, que nous avons aidé pour l’embauche de plusieurs développeurs non issus de l’Union européenne, en travaillant étroitement avec le Ministère du Travail de l’époque (2000-2001). Ces compétences étaient primordiales pour l’entreprise.
Foobot, qui développe et commercialise un produit de mesure de la qualité de l’air intérieur. Nous les avons mis en relation avec The Faktory à Liège, un fonds d’investissement privé combinant financement et accélération, qui a fini par investir dans la société.
LuxScan Technologies, qui a gagné l’Export Award 2018, et qui développe et commercialise des scanners pour l’optimisation de la découpe et l’analyse de la qualité du bois. Ici, notre rôle a été primordial pour trouver des espaces adaptés lorsqu’ils ont dû sortir de l’incubateur et ainsi, les garder au Luxembourg.
Le processus de sélection se fait en quatre étapes chez nous (…). À la fin du parcours, nous retenons entre 7 et 10% du total des demandes reçues pendant l’année.
Sur quelles bases les start-up sont-elles sélectionnées pour intégrer le Technoport?
Le processus de sélection se fait en quatre étapes chez nous. Il y a un premier filtre lorsque l’entrepreneur fait sa demande, avec environ 70% de projets retenus. À ce niveau, nous regardons simplement s’il y a bien un aspect technologique et innovant dans la description. Une fois cette première sélection faite, nous entrons vraiment dans le processus d’accompagnement. Nous travaillons avec l’entrepreneur pour valider le concept, puis nous créons un panel d’évaluateurs externes – des gens du métier, de la technologie ou du financement – qui rencontrent l’entrepreneur.
Ils donnent alors leur avis sur le projet que l’on complète avec le nôtre, avant que tout cela remonte à notre conseil d’administration pour une acceptation finale. À la fin du parcours, nous retenons entre 7 et 10% du total des demandes reçues pendant l’année.
La spécificité au Luxembourg, c’est que les entreprises sont rapidement obligées de se tourner vers l’international pour croître.
Le Technoport a été reconnu parmi les meilleurs incubateurs d’Europe. Qu’est-ce qui vous permet de faire la différence?
Je pense que c’est notre modèle opérationnel et de gouvernance. Nous avons de bons chiffres en termes de taux de réussite. Sur les 59 sociétés qui sont sorties de notre incubateur, 17 ont été rachetées. La spécificité au Luxembourg, c’est que les entreprises sont rapidement obligées de se tourner vers l’international pour croître. Ce qui n’est pas forcément le cas dans des incubateurs que j’ai pu voir en France, en Allemagne, en Italie ou en Espagne où les sociétés visent d’abord leur marché national.
Diego De Biasio, est-ce que vous avez un conseil aux jeunes pousses qui veulent se lancer?
Je crois que l’entrepreneuriat doit avant tout être une passion. Avant de se lancer, chaque porteur de projet doit se demander pourquoi il veut le faire et quels objectifs il veut atteindre. Au Technoport, il y a des sociétés qui ont eu une croissance exponentielle, d’autres qui ont décidé de rester à taille humaine. Elles fournissaient des solutions tout aussi innovantes les unes que les autres. Elles étaient juste dans un autre modèle de développement. C’est à l’entrepreneur de savoir quel type de start-up il veut monter. Les moyens dont il aura besoin découleront de cette décision».
Plus d’informations sur le site Technoport.lu.