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8 mai 2024

Philanthropie: donner du sens à son argent

Après avoir bâti et développé leur patrimoine tout au long de leur vie, de nombreuses personnes veulent contribuer à changer le monde et le rendre meilleur grâce à cet argent. Si elle est bien pensée, la philanthropie peut être une source d’épanouissement et un puissant outil de changement. Pour Audrey Lesperoy, Senior wealth planner à la BIL, le Luxembourg est un environnement particulièrement propice à la philanthropie grâce aux incitants fiscaux et aux programmes de financements correspondants mis en place par le gouvernement.

Selon Audrey Lesperoy, Senior wealth planner à la BIL et ancienne conseillère en philanthropie d’une grande fondation d’utilité publique au Luxembourg, trois facteurs principaux incitent les gens à intégrer la philanthropie dans leur planification patrimoniale. Le premier est le désir de donner quelque chose en retour à la société, une volonté souvent très personnelle. Ceux qui sont parvenus à se constituer un patrimoine important au cours de leur vie veulent faire un geste pour les organisations et les institutions qui les ont aidés, tandis que ceux qui ont été touchés par la maladie souhaitent souvent contribuer aux progrès de la science et de la médecine.

Le deuxième facteur clé est la transmission des valeurs familiales – les projets philanthropiques peuvent être un moyen de réunir une famille autour d’un objectif commun. Madame Lesperoy commente: « Une personne peut créer une fondation dans le but d’y associer ses enfants et ses petits-enfants, et ainsi d’inculquer ses valeurs à la jeune génération. Les jeunes arrivent avec leurs propres idées et engagent la discussion au sein de la famille. »

D’autres peuvent se soucier de l’héritage qu’ils laisseront derrière eux. Pour Madame Lesperoy, c’est surtout valable dans le cas de personnes et de couples sans enfants qui s’interrogent sur la trace qu’ils laisseront. « Souvent, ils sont également très actifs au cours de leur vie et soutiennent de nombreux projets », ajoute-t-elle. « Ils aimeraient que tout cela continue après leur décès. »

Des philanthropes de plus en plus jeunes

La pandémie de Covid-19 a incité certains à intégrer la philanthropie à leur planification patrimoniale. Ces dernières décennies, les donateurs sont de plus en plus jeunes, puisqu’ils se lancent souvent à la cinquantaine plutôt que vers 60 ou 70 ans, comme c’était fréquemment le cas par le passé.

Les donateurs ont une approche plus élaborée et plus stratégique de la philanthropie.

Pour Madame Lesperoy, les donateurs ont une approche plus élaborée et plus stratégique de la philanthropie. Ils souhaitent que leur capital ait un impact tangible, ce qui peut se traduire par un soutien à un plus petit nombre de projets, mais avec plus d’attention et d’intensité. « Les dons ont tendance à être plus élevés », dit-elle. « Les donateurs sont plus engagés que par le passé et s’impliquent souvent personnellement dans un projet philanthropique ». En outre, ils apprécient de plus en plus les projets transfrontaliers qui s’attaquent à d’importants problèmes internationaux, plutôt que de se limiter à des problématiques locales.

S’agissant des axes philanthropiques, l’éducation apparaît comme un choix récurrent, dit-elle: « Il peut s’agir de soutenir les jeunes en leur attribuant un prix ou une bourse, ou d’apporter un soutien financier direct à une université ou une école. Certains philanthropes financent même la création de nouvelles écoles. Ils reconnaissent qu’ils ont bénéficié d’un soutien pour leur formation et veulent à leur tour en faire profiter d’autres.

Audrey Lesperoy, Senior wealth planner à la BIL

Science, santé et lutte contre la pauvreté

De nombreux philanthropes soutiennent des projets scientifiques et dans le domaine de la santé, qui nécessitent souvent d’importants fonds de départ, tandis que la lutte contre la pauvreté est une priorité pour bon nombre de personnes. Les préoccupations environnementales figurent quant à elles plus bas dans la liste. S’il peut s’agir d’une priorité pour les dirigeants politiques nationaux, les sociétés et les investisseurs institutionnels, elles n’attirent pas encore d’importants capitaux philanthropiques.

Le Luxembourg constitue un environnement particulièrement favorable à la philanthropie.

Pour Madame Lesperoy, le Luxembourg constitue un environnement particulièrement favorable à la philanthropie. La Fondation de Luxembourg assiste les donateurs dans la structuration, le développement et le suivi de projets philanthropiques en Europe et à travers le monde. Les gouvernements successifs ont par ailleurs mis en place un environnement fiscal avantageux pour les dons, qui offre aux contribuables une déduction fiscale pour les dons à des fondations et organisations d’intérêt public reconnues à concurrence de 20% du revenu net du contribuable ou d’un million d’euros.

Le gouvernement offre également un système de cofinancement pour certains projets devant être réalisés dans des pays en développement, l’État fournissant un montant équivalent aux contributions personnelles afin de financer jusqu’à 75% du total. Un don relativement modeste peut donc avoir un impact beaucoup plus important.

Création d’un programme philanthropique

La philanthropie est avant tout une affaire personnelle. De nombreuses personnes sont plus impliquées dans leurs projets philanthropiques que dans tout autre aspect de leur planification financière. Pour Madame Lesperoy, il est essentiel que les gens aient une idée précise des ambitions qu’ils nourrissent sur le plan patrimonial, et ce afin de déterminer la meilleure stratégie à adopter pour les atteindre. Il s’agit notamment de prendre en compte la situation familiale de la personne et ses moyens financiers, et de déterminer en fonction de cela le type de soutien requis par le projet. Par exemple, certaines initiatives ont besoin d’un financement initial, tandis que d’autres auraient tout intérêt à bénéficier d’un revenu plus modeste, mais régulier.

Différentes structures sont possibles: de l’association sans but lucratif (ou ASBL) à la fondation d’utilité publique, les 2 types d’associations caritatives les plus courantes au Luxembourg. Madame Lesperoy précise qu’il est également possible de créer une fondation abritée sous l’égide de la Fondation de Luxembourg, offrant ainsi les avantages de la création d’une fondation d’utilité publique sans avoir à gérer les nombreuses formalités administratives liées à la mise en place et au maintien d’une telle structure. Les clients décideront de leur degré d’implication, mais ils bénéficieront d’un soutien pour le suivi, régulier et continu, des activités mises en place en fonction de leurs choix et décisions.

Fondations publiques et privées

Il est possible de créer des fondations d’utilité publique ou des fondations privées. Madame Lesperoy explique: « La création d’une fondation privée, comme cela peut se faire en Belgique, diffère d’une fondation d’utilité publique, laquelle doit avoir un intérêt général défini par la loi et bénéficiant au public au sens large. Une fondation privée doit avoir un but altruiste, mais elle ne doit pas bénéficier à l’intérêt général. »

La meilleure option sera fonction du donateur, mais l’un des avantages manifestes d’une fondation est son objectif clairement défini, dans le cadre duquel le donateur structure son engagement, ce qui peut contribuer à garantir que ses souhaits continueront d’être respectés après son décès.

La stratégie d’investissement adoptée pour la dotation de la fondation est particulièrement importante. Elle doit être alignée sur l’objectif de la fondation ou, du moins, garantir que les investissements ne nuisent pas à la cause que le donateur cherche à soutenir. Une stratégie ciblée mise en œuvre par des gestionnaires d’investissement expérimentés s’impose donc.

La création d’une fondation peut s’avérer complexe, mais la mise en œuvre réussie d’une stratégie philanthropique peut s’avérer extrêmement bénéfique et donner un objectif et un sens supplémentaires au travail de toute une vie.

Une personne peut créer une fondation dans le but d’y associer ses enfants et ses petits-enfants, et ainsi d’inculquer ses valeurs à la jeune génération.