Les pièges du budget
La prudence est de mise pour planifier son budget !
Les périodes de fête ou de vacances sont généralement associée à des dépenses supérieures à la moyenne. Les consommateurs sortent plus volontiers leur portefeuille pour toute une série de choses comme les cadeaux, l’alimentation, les hôtels et les sorties. Si l’on considère par exemple le montant réellement dépensé à l’occasion de Noël et Nouvel An en 2020, le Royaume-Uni arrive en tête, avec environ 420€ par personne. Les États-Unis se classent en deuxième position avec 360€ par personne, suivis par le Luxembourg (300€). Même pendant des périodes particulières comme celles-ci, il est conseillé de garder un œil sur ses dépenses, de planifier son budget et d’être conscient des éventuels pièges.
La comptabilité, une méthode éprouvée
La gestion du budget passe, pour la plupart d’entre nous, par la comptabilisation explicite ou implicite des dépenses. Comme dans une entreprise, il s’agit d’établir un plan financier reprenant les revenus actuels et futurs, l’épargne et le patrimoine acquis, ainsi que les dépenses et investissements à court terme. Les fonds disponibles actuellement et à l’avenir sont ensuite affectés aux différents postes du côté des dépenses.
Les ressources financières d’un ménage relèvent généralement de trois catégories principales : les actifs (sur les comptes bancaires), les dépenses et les revenus. Une fois le budget établi, il convient de définir un ensemble de catégories plus ou moins précises pour classer les revenus et les dépenses dans le but d’assurer un meilleur suivi de chacune d’entre elles. Il est par exemple possible de consacrer un poste ou d’établir un budget pour la nourriture, les vacances ou les vêtements. Ce plan financier familial doit ensuite être vérifié régulièrement pour déterminer si les objectifs financiers fixés ont été atteints ou non.
La comptabilité mentale met l’accent sur l’individualité de la personne.
Un ressenti subjectif
La division du budget en catégories est appelée comptabilité mentale. Elle se base sur les différentes valeurs qu’une personne accorde à une même somme d’argent en fonction de critères subjectifs, ce qui a souvent des conséquences préjudiciables. La comptabilité mentale est un concept issu du domaine de l’économie comportementale, développé par l’économiste Richard H. Thaler et selon lequel les individus sont enclins à prendre des décisions irrationnelles en matière de dépenses et d’investissement.
Nous avons tous tendance à ignorer dans nos comptes mentaux non seulement les dépenses perçues comme peu probables de se reproduire, mais aussi et surtout toutes ces petites dépenses quotidiennes « indolores » comme cette viennoiserie achetée au hasard des courses chaque semaine ou le café pris à la machine au bureau. Sur la durée, ces erreurs de comptabilité peuvent avoir un sérieux impact sur le budget si l’on n’y prête pas attention.
Un autre piège réside dans la catégorisation temporelle. Ainsi, nous sommes enclins à dépenser des sommes beaucoup plus importantes pour un même achat lorsque celui-ci est présenté comme ayant un coût mensualisé ou journalier. C’est le cas notamment pour les abonnements TV ou à un club de fitness, qui ne coûtent pratiquement rien par jour et sont facturés mensuellement.
Plusieurs études ont également démontré que les individus ne dépensent pas l’argent de la même façon en fonction de son origine. Ainsi, une rentrée d’argent inespérée aura tendance à être dépensée de manière beaucoup plus irréfléchie et pour des achats nettement plus onéreux que si l’argent provenait d’un revenu récurrent comme un salaire mensuel. C’est notamment le cas lorsqu’un individu perçoit un bonus plus important qu’anticipé ou lorsque votre enfant reçoit de l’argent à l’occasion de son anniversaire.
L’exemple le plus flagrant est celui des gagnants à la loterie. Bien qu’ayant remporté d’importantes sommes d’argent, ils sont nombreux à se retrouver au bord de la faillite peu de temps après parce qu’ils ont dépensé sans compter. Des gains inespérés nous poussent souvent à réaliser des dépenses irréfléchies. Plus surprenant encore, ces mêmes études ont montré que les ménages ont tendance à utiliser les remboursements d’impôts qu’ils perçoivent de manière inconsidérée. Ces remboursements, toujours difficiles à anticiper, sont perçus comme un « cadeau » que l’on s’empresse de dépenser pour des achats superflus.
Attention aux paiements réguliers
La fréquence des dépenses est déterminante en matière budgétaire, surtout lorsqu’il s’agit de respecter les limites que l’on se fixe. Ainsi, des études ont montré que s’astreindre à respecter un budget mensuel trop rigide représente une importante source d’erreur et de dérapage. En effet, un budget mensuel ne prend pas suffisamment en compte l’imprévu et la saisonnalité des dépenses, ce qui vous conduit systématiquement à vous heurter à vos limites.
Face à un constat d’échec récurrent dû à une rigueur extrême, le consommateur laisse alors filer ses comptes dans le rouge, quitte à mettre en danger son patrimoine sur le long terme. C’est pourquoi il est préférable d’établir un budget annuel, qui vous permettra de respecter une certaine discipline tout en disposant d’une flexibilité suffisante. Un éventuel imprévu impactera peut-être le budget du mois concerné, mais une plus grande rigueur le ou les mois suivant(s) permettra de limiter les dépenses et d’équilibrer le budget sur le long terme.
Les dépenses imprévues doivent elles aussi être planifiées.
Comme vous pouvez le constater, il convient de bien connaître ses habitudes en matière de dépenses et de consommation. Cela est d’autant plus important lorsque le foyer est composé de deux personnes ou plus, dès lors que les revenus et dépenses peuvent varier considérablement d’une personne à une autre. Il en va de même pour les préférences de consommation.
S’il est normal que chaque membre du foyer ait des particularités et des goûts différents, il ne faut toutefois pas oublier que certaines dépenses, comme le loyer ou les impôts, sont communes et ont un impact sur la richesse totale du foyer.
Toutes les dépenses comptent
Un mot sur la fongibilité. Un bien est « fongible » s’il est facilement et rapidement échangeable ou transférable. En vertu du principe de fongibilité de l’argent, une personne rationnelle devrait considérer toute « perte d’argent » comme une dépense définitive et irrécupérable. Les fonds dépensés ne sont plus disponibles dans leur intégralité. En réalité, nous ne sommes pas toujours aussi rationnels que cela. Notre cerveau additionne rarement ces pertes/dépenses et préfère les considérer une à une, ce qui conduit à des erreurs de jugement. En effet, en matière de budget, toutes les dépenses comptent.