Investissements: ces discussions à avoir avec votre banquier
Vous souhaitez concrétiser un projet d’investissement? Très bien! En fidèle lecteur de myLIFE, vous n’ignorez pas l’intérêt de bénéficier des services d’un conseiller financier. Afin de lui permettre de bien cerner vos préférences, attentes et appréhensions, il va falloir bien préparer votre premier rendez-vous. Voici les thèmes principaux et questions indispensables à aborder avec lui à cette occasion.
Ce qu’il faut retenir
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Investir pour pouvoir concrétiser un projet de vie constitue une décision importante. Franchir le pas n’est pas forcément évident car cela implique d’exposer, parfois sur une longue période, son projet aux aléas des marchés financiers. Pour la plupart des investisseurs, la volatilité des marchés génère beaucoup d’émotions. Malheureusement, ces dernières ne sont pas toujours bonnes conseillères. Elles nous envoient des signaux trompeurs appelés biais cognitifs qui peuvent brouiller notre prise de décision. C’est pourquoi il est souvent préférable de pouvoir s’appuyer sur un professionnel qui aura une vue plus objective et davantage de sang-froid pour vous aider à gérer vos investissements, et ce peu importe votre profil d’investisseur.
Un néophyte aura par exemple besoin d’un conseiller pour l’aider à prendre conscience que les effets de mode en matière d’investissement ne sont pas forcément une bonne voie à suivre. Un investisseur chevronné, plus enclin à souffrir d’un excès de confiance en ses intuitions, pourra grandement bénéficier de la tempérance de son banquier pour éviter une prise de risque inconsidérée.
Quelle que soit votre situation, votre nouveau conseiller financier va aborder avec vous tout un tas d’éléments lors de votre premier entretien. Tout d’abord, il va passer en revue un certain nombre de points techniques et réglementaires importants: l’origine des fonds à investir, votre profil d’investisseur et votre tolérance au risque, le type d’accompagnement souhaité, les coûts liés à la stratégie choisie et l’engagement qu’il requiert en termes de temps, etc.
Vous avez la responsabilité de parler en toute transparence à votre banquier de votre situation, de vos projets et de vos attentes.
Au-delà de ces aspects techniques, vous avez de votre côté la responsabilité de lui parler de vous-même, de vos projets et de vos attentes. Plus vous serez complet et transparent, plus il pourra vous aider à bâtir une stratégie qui vous ressemble et plus il sera simple de communiquer ensuite pour assurer le bon déroulement de votre projet. Mais comment faire pour bien préparer cet entretien de votre côté? En plus de tous les aspects obligatoires évoqués ci-dessus, voici cinq points d’attention majeurs à aborder lors d’un premier entretien avec votre banquier.
1. Clients type et philosophie d’investissement
Si vous venez voir votre conseiller financier, c’est pour parler de vous, de vos projets et des solutions d’investissement qu’il vous propose. Toutefois, il est judicieux de commencer l’entretien en lui posant d’abord quelques questions sur lui et l’institution qu’il représente. Et pour cause, il est primordial de vous assurer que votre interlocuteur est le bon pour vous. De plus, si votre conseiller financier est certainement plus objectif que vous pour vous aider à trouver les produits financiers qui vous correspondent, il peut malgré tout être lui aussi sujet à des biais cognitifs.
Votre banquier a-t-il l’habitude d’accompagner des clients comme vous ou votre profil d’investisseur est-il plutôt atypique pour lui? À quoi ressemble le client type qu’il reçoit et la clientèle habituelle de l’institution qui l’emploie? Si votre profil est différent, ce n’est pas un souci à condition qu’il ne vous range pas par défaut dans une catégorie d’investisseurs qui ne vous correspond pas. Cela n’arrivera pas au niveau du profil de risque qu’il va obligatoirement devoir établir avec vous grâce à des questions très précises. En revanche, cela peut se produire si votre profil socio-démographique est très différent de celui de ses clients habituels. Par exemple, votre banquier peut avoir l’habitude de traiter avec des clients aisés en fin de carrière et possédant une bonne connaissance financière. Si vous êtes un jeune actif et néophyte en matière d’investissement, autant mettre en lumière ce décalage immédiatement pour lui permettre d’en tenir compte et de mieux vous orienter.
Une fois ce point réglé, il devient possible d’étudier ensemble la philosophie d’investissement qu’il propose et de la confronter avec vos valeurs et priorités. Si vous êtes par exemple très sensible aux critères environnementaux, vérifiez immédiatement que vous aurez effectivement accès à des solutions qui vous permettent d’investir dans les secteurs qui vous tiennent à cœur. Si ce n’est pas le cas, autant en rester là. De son côté, votre conseiller voudra également tout savoir sur vos priorités et objectifs. Alors autant en faire le point suivant de la discussion.
2. Définition des priorités et objectifs
Lorsque vous poserez des questions à votre conseiller sur sa philosophie d’investissement, il y a fort à parier que celui-ci vous renvoie la balle en vous demandant quelles sont vos priorités, vos objectifs d’investissement et votre tolérance au risque. S’il effectue bien son travail, il ne se contentera pas de chercher à comprendre votre tolérance au risque objectif lié aux fluctuations parfois imprévisibles du marché, mais il abordera aussi la dimension subjective du risque qui est établie en lien avec vos aspirations profondes et votre trajectoire de vie. Ici, il vous faudra avoir préalablement réfléchi à la question et ne pas directement parler du portefeuille à constituer.
En effet, avant même de lui annoncer que, par exemple, vous aimez les valeurs technologiques ou que vous souhaitez privilégier telle entreprise ou tel marché, il faut savoir ce que voulez pour vous-même. Pourquoi souhaitez-vous investir, avec quels objectifs, sur quelle période, au service de quels projets de vie? S’agit-il de pouvoir financer à terme un projet précis ou de préparer un complément de revenus? Pour la plupart des investisseurs, l’horizon d’investissement et les projets de vie sont plus importants que les valeurs dans lesquelles leur argent sera investi. Ces deux aspects ne sont certes pas incompatibles entre eux, mais il ne faut pas se tromper sur ce qui est vraiment important pour vous et s’assurer que la discussion porte d’abord sur cela.
Lorsque vous aurez détaillé votre projet et vos objectifs, votre conseiller va peut-être vous aiguiller vers des valeurs que vous ne connaissez pas, mais qui sont plus adaptées à votre projet.
Lorsque vous aurez détaillé votre projet et vos objectifs, votre conseiller va probablement vous aiguiller vers des valeurs que vous ne connaissez pas, mais qui sont plus adaptées à votre projet. Ne soyez donc pas biaisé a priori: les outils d’investissement ne sont qu’un moyen pas une fin en soi. La finalité, c’est votre projet d’investissement!
3. Simplification et (ré)explication
La troisième étape consiste à demander de reformuler tout ce qui n’a pas été clairement compris. Si la perspective d’investir effraie certaines personnes c’est souvent parce qu’elles ont l’impression d’entrer dans un monde très technique, voire incompréhensible. C’est entendu, le monde de la finance possède son jargon, mais cela ne devrait pas freiner vos ardeurs. Qu’il s’agisse d’un premier entretien ou non, interrompez immédiatement votre conseiller financier s’il vous parle en des termes que vous ne comprenez pas. Son rôle est de vous aider à clarifier votre projet et de vous proposer des solutions adaptées en des termes accessibles. Il est qualifié pour vous expliquer simplement ce que tel outil ou véhicule d’investissement peut vous apporter. S’il n’y arrive pas, méfiez-vous du baratin financier! Il en va de même avec les graphes et schémas. Si ce n’est pas clair, dites-le!
Sur ce point, il est utile de rappeler qu’il n’y a aucun lien de cause à effet entre complexité du discours et investissement à succès. Quel que soit votre niveau de maîtrise du sujet, il est vital de bien comprendre dans quoi vous allez investir. Laissez donc votre excès de confiance ou votre peur d’avoir l’air ridicule de côté et demandez des clarifications à chaque fois que cela est nécessaire.
4. Évaluation de la performance
Préférez-vous battre un marché qui baisse plus que vous ou être battu par un marché qui monte davantage que vous? Cette question illustre l’importance d’être au clair sur les critères d’évaluation et de suivi de la performance de vos investissements. Elle doit être abordée une fois que vous êtes d’accord sur la stratégie à suivre. Au-delà de la question des risques encourus et du rendement moyen espéré, il est important d’élargir la discussion aux spécificités de votre situation. Par exemple, selon vos propres objectifs, il peut être préférable de chercher à sécuriser une performance absolue modeste à court terme, plutôt que de vouloir à tout prix faire mieux qu’un marché potentiellement très volatil sur cette même période.
La question précise à laquelle vous devez répondre de manière régulière avec votre banquier est la suivante: la stratégie suivie est-elle toujours adaptée pour me permettre d’atteindre mes objectifs financiers? Si la réponse est négative, il serait navrant de découvrir seulement à ce moment que vous n’êtes pas libre de la modifier. C’est donc aussi lors de votre premier entretien qu’il faudra aborder la question de l’adaptabilité de la stratégie retenue. C’est l’équilibre des risques, besoins et budget qui est en jeu ici.
Ce n’est pas votre projet de vie qui doit s’adapter aux performances ou contre-performance de votre stratégie d’investissement, c’est la stratégie qui doit pouvoir être modifiée pour s’adapter à votre projet d’investissement. Simple à dire, beaucoup moins à faire.
Votre conseiller financier est comme le steward dans un avion qui est là pour vous expliquer pourquoi il est inutile de paniquer en cas de turbulences.
5. Les modalités de communication
Votre premier entretien s’achève et la collaboration avec votre banquier démarre sur de bonnes bases. Super! Mais avant de vous quitter, pensez à parler d’un dernier point: la fréquence des échanges futurs et les canaux de communication qui seront privilégiés pour faire des points d’étape réguliers. Pour éviter toute frustration future inutile, mieux vaut définir à l’avance ces éléments et savoir exactement qui contacter en cas de besoin.
Vous êtes du genre anxieux et susceptible de paniquer en cas de baisse sur les marchés financiers? C’est peut-être le moment de le signaler à votre conseiller et de lui demander de prendre le temps de vous expliquer comment réagir. Il est comme le steward de l’avion qui va vous expliquer pourquoi il est inutile de paniquer en cas de turbulences. Un steward disponible avant les turbulences, mais généralement très occupé lorsqu’il faut les traverser. Vous pourrez alors toujours vous rendre sur myLIFE et consulter nos nombreux contenus dédiés à l’investissement.
Bon vol!