Ces biais cognitifs qui fragilisent la fin de carrière
La retraite approche? S’il vous appartient de la vivre comme vous l’entendez, il est important de réaliser qu’un grand nombre de biais cognitifs peuvent en perturber la préparation. Or, c’est une période de votre vie où vous faites face à un tas de décisions importantes à prendre sur le plan financier et social notamment. Vous avez besoin d’y voir clair! Pas de panique, myLIFE vous aide à reconnaître et domestiquer les huit biais cognitifs susceptible de contrarier un départ serein à la retraite.
Ce qu’il faut retenir Il existe principalement 8 biais cognitifs qui impactent la fin de carrière et autant de stratégie pour éviter d’y succomber.
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À chaque âge ses biais cognitifs
À quelques années de la pension, les sentiments peuvent être ambivalents. D’un côté, le soulagement à la perspective d’avoir enfin plus de temps pour soi et, de l’autre, l’appréhension de quitter le monde du travail où on a construit l’essentiel de ses repères pendant de nombreuses années. Bien que réels, ces sentiments sont souvent mis de côté par les concernés, persuadés qu’ils ont le savoir et l’expérience nécessaires pour bien gérer cette transition. Souvent à tort!
Même si l’expérience peut aider à devenir plus rationnel, les jeunes actifs ne sont pas les seuls à être influencés par différents biais cognitifs. Peu importe l’âge, il est toujours difficile de mettre les émotions de côté quand il est question de sa situation personnelle et de ses finances. Cela étant, les biais cognitifs ne sont pas forcément les mêmes selon l’âge et la période de vie. Un jeune travailleur peut être davantage influencé par le biais d’optimisme ou le court-termisme, privilégiant les bénéfices immédiats au détriment de l’épargne retraite. Il est aussi plus enclin à la prise de risque, pensant avoir «le temps de se refaire». À l’inverse, les plus seniors sont davantage sensibles à l’aversion à la perte, au biais de statu quo et à l’effet de dotation. Ils privilégient la sécurité, la stabilité et valorisent fortement ce qu’ils possèdent déjà. Le rapport au risque, au changement et à l’avenir évoluant profondément au fil de la carrière, il est important de savoir identifier les biais qui gagnent en emprise selon la saison de vie dans laquelle on se trouve.
Le rapport au risque, au changement et à l’avenir évoluant profondément au fil de la carrière, il est important de savoir identifier les biais qui gagnent en emprise selon la saison de vie dans laquelle on se trouve.
Retraite et sentiment d’insécurité
À l’approche de la retraite, beaucoup sont en proie à un double sentiment d’insécurité financière et émotionnelle. Justifiée ou non, la peur de manquer d’argent alimente une aversion à la dépense, une réticence à prendre des décisions patrimoniales nécessaires. Elle peut même conduire à un repli sur soi. L’insécurité est accrue par la disparition imminente de repères identitaires forts: statut social, rythme professionnel, lien relationnel. Cela peut engendrer du stress, de l’anxiété et freiner la capacité à se projeter positivement.
Une transition réussie passe par une capacité à repenser son rapport au travail, à envisager de nouveaux projets et à s’autoriser de mobiliser son capital pour pérenniser, voire améliorer, sa qualité de vie. Pour cela, il est essentiel de se préparer, d’en discuter avec ses proches et de se faire accompagner par un conseiller financier.
Comment s’y prendre? myLIFE vous propose de passer en revue une liste de huit biais cognitifs majeurs qui influencent votre prise de décision afin de vous permettre de les reconnaître et de les domestiquer. De quoi maximiser vos chances de réussir phase de cette transition!
Trois questions pour débusquer un biais cognitif
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1. Le biais d’ancrage: être prisonnier de vieux repères
Le biais d’ancrage pousse les individus à prendre leurs décisions en se référant à une information initiale considérée comme un repère fiable alors qu’elle est éventuellement devenue obsolète. Ce décalage entre croyance et réalité légale peut entraîner une préparation financière inadéquate, voire une perte de revenus. Ignorer les réformes ou les évolutions du système peut conduire à de mauvaises estimations de ses droits ou à des choix de départ prématurés.
Exemple: L’âge de départ à la retraite est souvent considéré comme un repère immuable – mais le récent projet de réforme au Luxembourg nous rappelle que ce n’est pas le cas. Selon ce dernier, si l’âge légal reste en principe fixé à 65 ans, la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein sera progressivement allongée de 40 à 43 ans à l’horizon 2040. Beaucoup d’actifs qui approchent la fin de carrière continuent de tabler sur des normes dépassées ou sur le point de l’être. C’est typique du biais d’ancrage.
Solution: Il est capital de mettre ses repères à jour et de suivre les évolutions législatives en cours afin d’être capable de mieux projeter sa fin de carrière. Si vous vous sentez dépassé par la masse d’informations à digérer, pourquoi ne pas vous faire accompagner par un expert financier?
2. Le biais de statu quo: résister au changement
le biais de statu quo désigne la tendance à préférer l’inaction ou la continuité plutôt que le changement, ce qui conduit à ignorer des alternatives potentiellement bénéfiques, voire à ignorer les risques inhérents à l’inaction. Il pousse notamment les travailleurs seniors à conserver des stratégies de placement ou des modes de travail devenus inadaptés à leur situation.
Exemple: Dans un environnement en mutation, la rigidité empêche d’ajuster son plan de retraite aux nouvelles réalités économiques, fiscales ou sociales. Confrontés à des nouveautés, certains travailleurs seniors préfèrent ne rien changer à leurs stratégies d’épargne, de placement ou de gestion de temps de travail. Ainsi, refuser de considérer une baisse de son temps de travail malgré des capacités physiques qui diminuent vous fait passer à côté d’opportunités adaptées comme la préretraite progressive.
Face à la résistance au changement, il faut s’astreindre à considérer objectivement différents scénarios de transition vers la retraite.
Solution: Face à la résistance au changement, il faut s’astreindre à considérer objectivement différents scénarios de transition vers la retraite.
3. L’effet de dotation: survaloriser ce qu’on a déjà
L’effet de dotation pousse à survaloriser ce que l’on possède déjà et freine l’optimisation patrimoniale. Les conséquences de ce biais peuvent être très sérieuses: manque de diversification, potentiel de rendement non exploité, trésorerie insuffisante pour soutenir une retraite active.
Exemple: À l’approche de la retraite, le patrimoine existant (logement, portefeuille, actions…) devient un marqueur identitaire. À tel point que cela peut entretenir une forme de paralysie. Ainsi, de nombreux travailleurs seniors refusent de vendre un bien immobilier devenu beaucoup trop grand ou un placement peu rentable, simplement parce qu’ils y sont attachés. Même si une réorganisation patrimoniale en fin de carrière peut être judicieuse l’affectif domine souvent la raison.
Solution: Pour éviter l’effet de dotation, considérez votre patrimoine comme si ce n’était pas le vôtre. Prendriez-vous les mêmes décisions financières si vous deviez gérer ce patrimoine pour le compte d’un tiers?
Pour éviter l’effet de dotation, considérez votre patrimoine comme si ce n’était pas le vôtre. Prendriez-vous les mêmes décisions financières si vous deviez gérer ce patrimoine pour le compte d’un tiers?
4. Le biais de surconfiance: s’appuyer sur un savoir erroné
Le biais de surconfiance pousse un individu à surestimer ses capacités dans différents domaines et à systématiquement attribuer sa réussite à ses propres compétences plutôt qu’à des facteurs externes ou aléatoires.
Exemple: Avec l’âge et l’expérience, certains travailleurs surestiment leurs compétences en matière de gestion financière. Ils négligent les conseils extérieurs ou l’évolution des règles fiscales et sociales. Cela peut mener à une mauvaise anticipation de la fiscalité, des droits à la pension ou des besoins en couverture santé. Se croire trop autonome peut conduire à négliger une opportunité moins connue ou à mal gérer le passage en retraite.
Solution: la meilleure solution face à ce biais consiste à solliciter un regard extérieur qualifié (conseiller, comptable, simulateur officiel) avant de réellement considérer les alternatives proposées.
5. Le biais d’aversion à la perte: confondre prudence et blocage
Le biais de l’aversion à la perte décrit la tendance des individus à préférer éviter les pertes plutôt que d’acquérir des gains de valeur équivalente. En effet, la douleur anticipée d’une perte est plus marquante que le plaisir anticipé d’un gain.
Exemple: Malgré un intérêt faible pour leur travail ou un état de santé fragile, certains travailleurs seniors retardent leur départ de peur de perdre leur train de vie. D’autres, hantés par la peur du manque, accumulent de façon excessive de l’épargne, sans jamais utiliser leur capital.
Solution: Considérez différents scénarios possibles et traitez le scénario de «l’immobilisme» comme un parmi d’autres. Cela vous force à décider activement et en connaissance de cause vos choix d’avenir, plutôt que de les subir à cause de l’aversion à la perte.
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6. L’illusion de contrôle: penser que tout dépend de soi
L’illusion de contrôle se manifeste par la conviction de pouvoir maîtriser des événements externes: marchés financiers, santé, lois sociales. Ce biais se traduit par des stratégies figées, des projections trop optimistes ou une absence de solutions de repli. Miser seulement sur ses acquis peut toutefois entraîner des déconvenues, faute de préparation face à l’imprévisible.
Solution: Reconnaître ce biais permet de bâtir des scénarios plus réalistes, incluant la possibilité d’aléas ou de changement de cap indépendant de notre volonté. Reconnaître que certains facteurs échappent totalement à son contrôle encourage à diversifier ses sources de revenus.
7. Le biais de myopie intertemporelle: mal calibrer son temps
La myopie intertemporelle empêche de concilier les besoins présents et futurs et conduit à faire des choix qui ne sont pas dans le meilleur intérêt à long terme.
Exemple: Certains seniors dépensent trop vite dans les premières années de retraite et doivent ensuite se serrer la ceinture, d’autres, au contraire, n’osent pas toucher à leur épargne alors qu’ils auraient les moyens de s’octroyer des extras de temps en temps. La retraite est un moment de vie à part entière au cours duquel il faut savoir conjuguer santé, loisirs, engagement social, mais aussi incertitudes.
L’équilibre entre le court et le long terme réside dans une planification dynamique qui jongle entre des flux réguliers, des ajustements aux étapes de la retraite et aux projets de vie, et l’état de santé.
Solution: L’équilibre entre le court et le long terme réside dans une planification dynamique qui jongle entre des flux réguliers, des ajustements aux étapes de la retraite et aux projets de vie, et l’état de santé.
8. Le biais de conformité: suivre come un mouton
Le biais de conformité pousse un individu à calquer ses décisions sur celles de son entourage, sans tenir compte de sa situation personnelle. Cette tendance peut masquer une méconnaissance, voire une forme d’aveuglement sur ses propres besoins. La réalité financière, les attentes en matière de qualité de vie ou de santé diffèrent d’un individu à l’autre.
Exemple: À l’approche de la retraite, ce biais se traduit par des comportements mimétiques: «tout le monde part à 65 ans, donc moi aussi», ou «mes collègues investissent tous dans tel produit, je devrais faire pareil».
Solution: Définir un projet de retraite clair, personnalisé et aligné avec ses ressources évite de subir des choix dictés par l’environnement social. Plusieurs années avant la pension, prenez le temps de dresser la liste de vos envies pour vivre une retraite heureuse et sereine. Évitez de faire des choix par défaut et évaluez toujours vos options à la lumière de vos objectifs de vie, pas de ceux des autres.
La préparation à la retraite n’est pas qu’une affaire de chiffres. Elle engage nos représentations, nos peurs et nos automatismes mentaux. Repérer les biais cognitifs y associés, c’est se donner une chance de partir mieux, plus sereinement et avec les bons outils pour profiter pleinement de cette nouvelle étape de vie.