Comment motiver les employés dans l’entreprise ?
L’un des enjeux majeurs pour les services de ressources humaines est la fidélisation des collaborateurs : comment les attirer dans l’entreprise et surtout, comment les y faire rester ? En dehors du salaire ou des gratifications financières, comment motive-t-on les employés aujourd’hui ? Rencontre avec deux spécialistes RH : Marie Duquesne, Senior Business Partner et Latifa Toudma, Senior Development Officer, du département People, Culture et Communication de la BIL.
Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer ce qui, en dehors d’un package salarial attractif, motive les employés aujourd’hui ?
Latifa Toudma : Pour retenir et motiver les collaborateurs, les entreprises doivent leur offrir des perspectives de carrière intéressantes et une ambiance de travail positive. On constate que la reconnaissance financière n’est pas suffisante pour maintenir l’engagement des salariés dans la durée. Le leadership inspirant, valorisant et bienveillant donne du sens au travail et crée un climat de confiance favorisant la collaboration.
Marie Duquesne : J’ajouterais que la motivation des employés est aussi influencée par les opportunités d’apprentissage proposées par l’entreprise : les offres de formation, les perspectives d’évolution ou encore de mobilité interne. Enfin, il faut aussi donner la possibilité d’accéder à plusieurs formules d’aménagement du temps de travail avec des horaires flexibles ou des temps partiels afin de favoriser l’équilibre entre vie privée et professionnelle.
Le travail du manager est déterminant pour que les collaborateurs restent motivés et engagés. Il joue un rôle essentiel dans l’instauration d’un climat de confiance dans les équipes.
Quels peuvent être les leviers de fidélisation ? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?
Latifa Toudma : Le travail du manager est déterminant pour que les collaborateurs restent motivés et engagés. Il joue un rôle essentiel dans l’instauration d’un climat de confiance dans les équipes. Afin de l’aider à développer ses compétences en matière de Leadership, notre département People, Culture et Communication a mis en place des programmes de renforcement : comment développer une culture « Growth Mindset » dans les équipes, adopter les bonnes attitudes, donner le bon feed-back, proposer des missions intéressantes, etc.
De plus, nous aidons nos collaborateurs à développer leurs connaissances professionnelles tout au long de leur carrière avec différents programmes de formations techniques ou linguistiques. Nous les aidons ainsi à se développer, à enrichir leur profil et à prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses.
Marie Duquesne : La confiance est, selon moi, fondamentale pour le bien-être des équipes. En tant que Senior Business Partner, notre rôle est de maintenir un contact régulier avec les managers et les employés, afin de mieux les connaître et les accompagner tout au long de leur carrière. C’est en nourrissant ce dialogue continu que nous pouvons construire une relation de confiance et intervenir en cas de nécessité. Nous sommes présents pour guider les collaborateurs et les aider à grandir au sein de l’entreprise en définissant avec eux leurs besoins de développement, de mobilité, d’évolution, etc.
La jeune génération nous challenge. Elle a des attentes que nous devons intégrer dans nos modèles. On ne gère pas une équipe aujourd’hui comme on le faisait hier.
Avez-vous relevé une évolution au cours des années ? Avec l’arrivée sur le marché des nouvelles générations, les éléments de motivation sont-ils les mêmes aujourd’hui qu’il y a 5 ou 10 ans ?
Latifa Toudma : La jeune génération nous challenge. Elle a des attentes que nous devons intégrer dans nos modèles. On ne gère pas une équipe aujourd’hui comme on le faisait hier. Ils ont besoin de comprendre leur rôle et la valeur ajoutée qu’ils apportent à l’entreprise. Afin de répondre à leur quête de sens, nous avons notamment adapté les parcours de formation et misé sur la gamification et les jeux de simulation. Ces mécanismes les aident à apprivoiser les différents concepts de la banque, à mieux les comprendre et à acquérir de nouvelles compétences.
Par ailleurs, leur rapport au temps est très différent. S’ils ne trouvent plus d’intérêt dans leur travail, ils peuvent quitter la société du jour au lendemain. Augmenter leur salaire ne suffira pas à les retenir. Nous devons nous adapter : la reconnaissance doit être plus rapide, il faut leur donner du feedback, les impliquer dans des projets intéressants et donner du sens à leur travail.
La vision de l’entreprise est aujourd’hui un élément clé pour retenir les collaborateurs.
Marie Duquesne : Lors des recrutements, nous remarquons que les questions des candidats ont évolué. Elles tournent aujourd’hui beaucoup plus autour de la stratégie et de la vision de leur futur employeur. Au-delà de la nature du poste ou du salaire, ils vont être intéressés par les opportunités d’échanges, de partages et de networking. Le sentiment d’appartenance et le climat de collaboration entre les équipes sont des éléments déterminants dans le choix d’un employeur.
D’autre part, ils nous interrogent sur la stratégie de l’entreprise et sur ses projets dans les années à venir. Ils sont sensibles à la Responsabilité sociale et environnementale (RSE) et veulent être fiers de travailler pour une organisation qui partage leurs valeurs. La vision de l’entreprise est aujourd’hui un élément clé pour retenir les collaborateurs. Ces questions de sens étaient moins importantes il y a 5 ou 10 ans ! C’est pourquoi, en tant qu’entreprise, nous devons communiquer davantage avec les salariés sur ces aspects sociaux et environnementaux. Nous devons être honnêtes, mettre en avant nos engagements et promouvoir notre marque employeur.
En quoi la pandémie a-t-elle modifié la manière de motiver les employés ? Comment réussissez-vous à les stimuler à distance et à encourager leur engagement ?
Latifa Toudma : Les managers ont dû développer de nouvelles postures en matière de leadership. Nous avons organisé des sessions pour les accompagner dans cette nouvelle manière de travailler et mis à disposition des outils afin de les aider à garder le lien avec leurs équipes. L’organisation de réunions virtuelles régulières pour établir les objectifs à atteindre, la définition claire des rôles de chacun, la mise en place de sessions individuelles pour connaître le ressenti des employés sont autant de dispositifs qui ont permis de maintenir un climat de confiance positif avec les collaborateurs.
Nous avons aussi créé des rendez-vous plus détendus pour que les salariés restent engagés et vivent mieux cette situation compliquée : meeting vidéo les vendredis pour célébrer le week-end, coffee break avec des collègues de départements différents, sessions « Feed Your Mind » pour les outiller et les aider à prendre de la hauteur, etc.
La pandémie […] nous a montré le potentiel des collaborateurs et la capacité de notre organisation à se renouveler et à progresser.
Marie Duquesne : Nous avons également essayé de maintenir certains événements festifs pour montrer aux employés que nous étions toujours là pour eux, même à distance : distribution de cadeaux pour la Saint Nicolas, partage de playlists musicales, création d’un groupe Pinterest pour donner des idées de bricolage aux parents, etc. Cela nous a permis d’échanger, de partager des moments conviviaux et de faire vivre ce sentiment d’appartenance au groupe.
La pandémie a été un accélérateur. Elle nous a appris à travailler autrement et à nous adapter. Surtout, elle nous a montré le potentiel des collaborateurs et la capacité de notre organisation à se renouveler et à progresser.
Comment envisagez-vous l’avenir du recrutement avec cette évolution des besoins des candidats ?
Latifa Toudma : En ce qui concerne les candidats, si les compétences techniques sont importantes dans l’entreprise, la personnalité et les valeurs sont déterminantes dans un recrutement. À l’avenir, la capacité à favoriser la collaboration, la volonté de faire grandir l’organisation ou encore l’adhésion à une culture d’entreprise vont occuper une place essentielle dans le choix d’un collaborateur.
Marie Duquesne : Pour conclure, je dirais que l’évolution majeure, c’est cette notion d’attractivité de l’entreprise. Nous devons aujourd’hui nous positionner comme un employeur de choix et partager nos valeurs et nos actions avec nos futurs collaborateurs afin de les motiver. Parce que si nous choisissons nos candidats, désormais, eux aussi nous choisissent !