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20 avril 2024

Investir dans les diamants: le diable se cache dans les détails

En optant pour les diamants, les investisseurs font coup double. Cette pierre précieuse peut en effet être source de valeur sur le long terme, mais elle offre également des avantages immatériels liés au prestige qu’en tire celui qui la porte. Investir dans les diamants n’a toutefois rien d’un jeu d’enfant: leur valeur dépend de nombreux facteurs qui doivent impérativement être pris en compte.

Les diamants sont éternels, comme le chantait si bien Shirley Bassey dans son titre Diamonds are forever. Il s’agit en effet de l’une des substances naturelles les plus dures qui soient, ce qui explique pourquoi ils sont largement utilisés dans le forage industriel. Ils sont durables et incassables et présentent, à ce titre, un avantage par rapport à d’autres actifs alternatifs et produits de luxe, tels que les voitures anciennes, les meubles et les fourrures, susceptibles de se déprécier au fil du temps. Ces pierres précieuses sont également un symbole de richesse que l’on peut afficher, leur valeur étant reconnue à travers le monde.

Toutefois, contrairement à l’or et à d’autres métaux précieux, tous les diamants ne sont pas semblables, et il n’y a pas de prix au gramme universel. Chaque diamant est évalué individuellement, sur la base de quatre facteurs clés: le carat (carat), la couleur (colour), la taille (cut) et la pureté (clarity) (les «4C»). Dans la mesure où ces 4 facteurs déterminent la valeur d’une pierre, il est complexe de suivre précisément la valeur d’un tel investissement. Le GIA (Gemological Institute of America), une autorité internationale de confiance en place depuis de nombreuses années, a toutefois instauré le système international de classification des diamants (International Diamond Grading System). Il s’agit là d’une méthode d’évaluation largement répandue, permettant aux investisseurs de mieux comprendre la qualité de leurs pierres.

L’unité de mesure standard du poids des diamants est le carat. Un carat équivaut à 200 milligrammes.

Le carat

L’unité de mesure standard du poids des diamants est le carat. Un carat correspond à 200 milligrammes et chaque carat se divise en 100 «points». Le terme «carat» provient de l’italien «carato», lui-même dérivé de l’expression grecque «kerátion κεράτιον», qui signifie «graine de caroube». Les graines de caroube, réputées pour la distribution régulière de leur masse, servaient, par le passé, à mesurer le poids de bijoux.

Toutes choses égales par ailleurs, le prix d’un diamant augmente en fonction du poids (carat), car les gros diamants sont rares et davantage convoités. En juin 2017, une bague sertie du diamant Tenner de 26,27 carats a été adjugée au prix de 1,1 million USD, soit le double de sa valeur estimée. Le diamant avait ainsi été surnommé en hommage au nom que porte le billet de 10 livres car la pierre avait au départ été achetée pour cette somme dans un vide-grenier (le propriétaire ayant supposé qu’il s’agissait d’un bijou décoratif). De même, en novembre 2017, un collier doté d’un diamant incolore de 163,41 carats – le plus gros de ce type au monde – s’est vendu aux enchères chez Christie’s au prix de 34 millions USD.

La taille

Avant d’être taillés par des spécialistes, les diamants bruts n’ont pas la brillance et l’éclat qu’on leur connaît. La qualité de la taille a un impact sur la propension à briller du diamant. La taille du diamant requiert dès lors un haut degré de précision et d’expertise. La capacité d’un diamant à interagir avec la lumière se mesure selon trois aspects:

  • La brillance: décrit la lumière blanche reflétée par le diamant.
  • Le feu: la distribution de la lumière blanche à travers toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
  • Le scintillement: les éclats produits par un diamant et les jeux d’ombre et de lumière créés par les reflets de la pierre.

La «profondeur du pavillon» de la pierre, soit la distance entre le bas de la ceinture et la culasse, joue également sur le «scintillement». Si ce pavillon est trop mince ou trop épais, la lumière s’échappera par le côté ou par le bas de la pierre précieuse. Si le diamant a été taillé correctement, la lumière se dirigera essentiellement vers la couronne.

La taille du diamant joue un rôle déterminant dans sa beauté et sa valeur. Le GIA utilise une échelle de six points, allant de Excellente à Mauvaise, pour évaluer la qualité de la taille.

La taille du diamant joue un rôle déterminant dans sa beauté et sa valeur. Le GIA utilise une échelle de six points, allant de Excellente à Mauvaise, pour évaluer la qualité de la taille. La meilleure taille donne à la pierre un jeu équilibré d’ombre et de lumière. Les tailles brillant, telles que la taille rond et la taille princesse, visent à maximiser le scintillement du diamant. En revanche, les «tailles fantaisie» allongées peuvent donner l’impression d’un diamant plus gros qu’il ne l’est en réalité (selon son poids en carat). C’est notamment le cas des tailles marquise, ovale et en forme de poire.

La couleur

Les diamants existent dans toute une série de couleurs, que l’on peut subdiviser en deux sous-ensembles: les diamants blancs et les diamants colorés. Chaque sous-ensemble possède sa propre échelle de gradation.

Dans le cas des diamants blancs, la présence d’une nuance jaune ou brune en diminuera la valeur, car elle entrave la capacité du diamant à refléter les couleurs. Le GIA classe les diamants blancs sur une échelle allant de la lettre D (blanc exceptionnel, le plus précieux) à la lettre Z (présentant une nuance brune ou jaune). Tous les diamants allant de D à Z sont considérés comme des diamants blancs, même s’ils contiennent divers degrés de couleur. Les variations entre les diamants D, E et F sont difficiles à détecter pour celui qui n’en a pas l’habitude. Les diamants classés en dessous de «K» présentent une nuance manifeste, en principe jaune.

Les diamants dotés d’une haute saturation en couleurs sont beaucoup plus rares et sont classés sur une échelle distincte. Les couleurs les plus rares et les plus précieuses sont les roses, les bleus et les verts saturés.

Les diamants dotés d’une haute saturation en couleurs sont beaucoup plus rares et sont classés sur une échelle distincte. Les diamants jaunes – ou «diamants canari» – figurent parmi les diamants «colorés» les plus courants. Les couleurs les plus rares et les plus précieuses sont les roses, les bleus et les verts saturés.

En avril, le Pink Star, un diamant fantaisie rose vif de 59,6 carats, a décroché le record du bijou le plus cher au monde. Ce record était précédemment détenu par l’Oppenheimer Blue, un diamant bleu vif de 14,62 carats, qui s’était vendu au prix de 71,2 millions USD.

La pureté

Les diamants se forment au plus profond de la croûte terrestre, là où le carbone est soumis à une pression et à une chaleur intenses. Dans la mesure où ils sont produits naturellement, ils peuvent contenir des défauts ou des particularités, mieux connus sous le nom d’«inclusions» ou d’«imperfections».

Les inclusions sont présentes dans le diamant. Il peut ainsi y avoir un nuage, un plumage ou même un cristal minéral incrusté à l’intérieur…

Les imperfections sont quant à elles des caractéristiques externes qui peuvent également survenir accidentellement lors de la taille. Par exemple, l’abrasion (petites coupures le long de la facette), peau de lézard (surface bosselée) ou rayures…

L’évaluation de la pureté d’un diamant nécessite de déterminer le nombre, la taille, la nature et la position de ces «défauts» et de voir dans quelle mesure ils influencent l’apparence globale de la pierre. Moins il y a d’imperfections et de défauts, plus le diamant aura de la valeur. Un diamant «sans défaut» (s.d.) ne comprend aucune inclusion ni imperfection visible pour un expert en classification qui utilise un grossissement x10. Les diamants qui entrent dans la classification la plus basse, à savoir «Included» (inclusions visibles à l’œil nu), présentent des inclusions visibles moyennant un grossissement x10 et susceptibles d’affecter la transparence et l’éclat de la pierre.

De manière générale, avant toute décision d’achat, les investisseurs et acheteurs doivent être conscients que l’industrie du diamant est un marché complexe. Ils doivent au moins disposer de connaissances de base des divers éléments intervenant dans la détermination de la valeur de la pierre. Les acheteurs ont tout intérêt à faire leurs emplettes auprès d’un vendeur fiable et digne de confiance, voire à demander un second avis. Le secteur diamantaire est encore relativement peu réglementé comparé à d’autres secteurs d’actifs plus classiques, tels que les actions et les obligations. Il est par exemple crucial de pouvoir détecter un prix excessif, voire une fraude. Toutefois, contrairement aux actions et aux devises, les diamants sont des actifs tangibles qui conservent une valeur intrinsèque. Dans la mesure où ils sont en grande partie non corrélés aux marchés boursiers, ils peuvent également être employés dans une optique de diversification du portefeuille tout en offrant ce que la finance comportementale appelle des «bénéfices expressifs» (permettant de montrer à d’autres, ou à soi-même, nos valeurs, nos goûts ou notre classe sociale).

Le secteur diamantaire souffre d’une large publicité négative autour de ses chaînes d’approvisionnement et des diamants servant à financer des conflits. Il pourrait toutefois bénéficier d’une aura plus positive alors que De Beers, l’un des plus gros producteurs de diamants au monde, adopte la technologie du blockchain pour tracer les diamants de la mine au consommateur. Il s’agit là d’un tournant clé dans la mesure où les consommateurs se montrent de plus en plus soucieux des aspects éthiques.

Reste à voir si cette démarche conjuguée aux campagnes marketing poussées des plus grands noms du secteur suffiront à convaincre la génération du millénaire qui, on le sait, préfère les expériences aux biens matériels. Depuis des années, les diamants sont bel et bien ancrés dans notre culture en tant que symbole d’amour (grâce aux campagnes marketing) et de prestige. Il importe cependant que les investisseurs s’interrogent sur la pérennité de ces tendances au cours des prochaines décennies car, après tout, la valeur d’un diamant ou de tout autre actif dépend de ce que l’autre est disposé à débourser pour l’acquérir.

(…) la demande mondiale de diamants bruts devrait croître à un taux annuel moyen d’environ 1 à 4% d’ici 2030, alors que l’offre ne devrait croître que de 0 à 1% par an. Les pierres précieuses devraient dès lors conserver leur attrait et leur rareté.

Note positive pour les diamantaires et les investisseurs, il ressort du Rapport mondial sur l’industrie du diamant (Global Diamond Industry Report) publié en 2017 par Bain & Company, que la demande mondiale de diamants bruts devrait croître à un taux annuel moyen d’environ 1 à 4% d’ici 2030, alors que l’offre ne devrait croître que de 0 à 1% par an. Les pierres précieuses devraient dès lors conserver leur attrait et leur rareté.