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18 septembre 2024

Quels sont les différents types d’inflation?

Si l’inflation fait régulièrement les gros titres des journaux, on entend moins souvent parler de déflation, d’hyperinflation ou encore de stagflation. À quoi correspondent ces termes et quels sont leurs effets sur l’économie? myLIFE vous donne quelques clés pour comprendre.

Inflation: de quoi parle-t-on?

Tout d’abord, définissons ce qu’est l’inflation. Il s’agit d’une hausse générale et durable des prix sur une période donnée. Au Luxembourg, elle est mesurée grâce à l’indice des prix à la consommation (IPC), qui estime la variation moyenne de la valeur d’un panier de produits représentatifs de la consommation des ménages entre deux périodes.

Les prix des produits et services du quotidien sont passés à la loupe afin de suivre leur évolution dans le temps. C’est cette variation qui donne le taux d’inflation sur un mois, une année, etc.

L’augmentation des prix entraîne une baisse du pouvoir d’achat, puisqu’avec la même somme d’argent, on achète moins de biens et de services qu’auparavant. Par exemple, avec une inflation de 3%, si un panier de courses coûtait 100€ il y a un an, il faudra le payer 103€ aujourd’hui. En d’autres termes, en période d’inflation, l’argent perd de sa valeur et cela a également des effets négatifs sur votre épargne.

Les économistes considèrent qu’il y a plusieurs facteurs à l’origine de la hausse générale des prix. Elle peut être provoquée par:

    • Une forte demande de produits et services par rapport à l’offre de biens existants: inflation par la demande.
    • Une élévation des coûts de production des entreprises (prix de l’énergie, des matières premières, des salaires, etc.): inflation par les coûts.
    • Un excès de création monétaire par rapport à la quantité de biens et services produits: inflation par la monnaie.
    • Une diminution de la valeur d’une monnaie par rapport aux principales devises (dollar, euro, yen) entraînant une augmentation du coût des produits importés: inflation importée.

En pratique, ces différentes causes à l’origine de l’inflation peuvent parfois intervenir en même temps et coexister entre elles.

L’objectif de la BCE est de maintenir une hausse modérée et régulière du niveau des prix avec un taux d’inflation de 2% à moyen terme.

L’inflation régulée par les banques centrales

La stabilité des prix est maintenue par les banques centrales. Dans la zone euro, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui veille à ce que l’inflation reste faible, stable et prévisible. « La stabilité des prix préserve le pouvoir d’achat et permet aux ménages et aux entreprises de mieux planifier leurs dépenses et leurs investissements, ce qui favorise la croissance économique et, par extension, la création d’emplois et la prospérité » (source: BCE).

Une inflation trop forte ou trop faible serait en effet nocive à l’économie. C’est pourquoi, l’objectif de la BCE est de maintenir une hausse modérée et régulière du niveau des prix avec un taux d’inflation de 2% à moyen terme.

Pour assurer la stabilité des prix et réguler le niveau d’inflation, la BCE et les banques centrales nationales disposent de plusieurs instruments de politique monétaires conventionnels et non-conventionnels. Voici quelques exemples (simplifiés):

    • Les taux directeurs: ils influencent les taux d’intérêt auxquels les banques commerciales peuvent emprunter de l’argent à la BCE. En les augmentant, il devient plus coûteux pour les établissements financiers de souscrire à des prêts auprès des banques centrales. Ces hausses sont répercutées sur les crédits octroyés aux particuliers et aux entreprises, qui vont consommer moins et épargner davantage. La demande va alors s’affaiblir, l’activité économique ralentir et les prix baisser (ou croître moins vite). À l’inverse, si les taux directeurs diminuent, la consommation, les investissements et les emprunts sont encouragés, ce qui entraîne un accroissement de l’activité économique et, en principe, une augmentation des prix.
    • La réserve obligatoire: les établissements financiers ont l’obligation de conserver une partie de leurs fonds auprès de leur banque centrale nationale. En faisant varier le niveau de cette réserve, la BCE agit sur la capacité des banques à prêter de l’argent: plus le taux est faible, plus les banques commerciales peuvent accorder de crédit et inversement.
    • Les achats d’actifs: la BCE achète et vend des actifs financiers sur le marché afin d’ajuster la quantité de monnaie en circulation et peser sur le niveau de l’inflation.
    • Les indications des autorités financières: l’annonce par la BCE de l’orientation de sa politique monétaire future peut influencer les décisions d’investissement, de consommation ou d’emprunt et, par conséquent, l’inflation.
    • On peut également évoquer l’utilisation de taux d’intérêt négatifs, d’opérations de refinancement des banques à long terme, etc.

L’emploi de ces différents outils est adapté en fonction des prévisions d’inflation et du niveau de la croissance. Il arrive cependant que la stabilité des prix ne parvienne pas à être maintenue. On parle alors de déflation, d’hyperinflation ou encore de stagflation. À quoi correspondent ces phénomènes?

La déflation peut être provoquée par une crise financière, une surproduction de biens et de services ou par une dette élevée.

La déflation

La déflation, appelée aussi inflation négative, est l’opposé de l’inflation. Elle se traduit par une baisse générale et durable des prix. Elle peut être provoquée par une crise financière, une surproduction de biens et de service ou encore par une dette élevée.

S’il peut paraître positif à première vue, ce fléchissement global des prix n’est pourtant pas bon pour l’économie. Les particuliers et les entreprises vont avoir tendance à reporter leurs décisions d’achat ou d’investissement, parce qu’ils espèrent une nouvelle diminution des prix. Par conséquent, la consommation globale va ralentir, entraînant une réduction de la production des entreprises. Les embauches vont alors se raréfier et le chômage progresser, ce qui impactera le revenu des ménages. En outre, les crédits deviendront plus difficiles à rembourser car la valeur réelle de la dette va s’amplifier. On parle alors de spirale déflationniste.

Pour rétablir la situation, les autorités peuvent instaurer des mesures afin de stimuler l’activité économique: réduction des taux d’intérêt et rachat d’actifs pour injecter des liquidités et faciliter les crédits et la consommation, mise en place de subventions et d’incitations fiscales par les gouvernements, etc.

Bon à savoir: on parle parfois de déflation sectorielle. Il s’agit de la baisse des prix dans un secteur particulier, suite à un progrès technique permettant une diminution des coûts de production ou un gain de productivité. Elle ne concerne alors que quelques produits (les nouvelles technologies, par exemple) et non pas toute l’économie, comme pour la déflation.

Des périodes de déflation ont touché les États-Unis et l’Europe dans les années 1930, suite au krach boursier, également le Japon à la fin des années 1990, après l’effondrement d’une bulle boursière et immobilière. Plus récemment, dans les années 2010, la zone euro a échappé de peu à une phase de déflation.

Attention: la déflation ne doit pas être confondue avec la désinflation qui correspond à une diminution du taux d’inflation, qui reste néanmoins positif. Les prix continuent à progresser, mais moins vite.

L’hyperinflation survient en principe dans un contexte de crise économique et politique.

L’hyperinflation

L’hyperinflation est un cas extrême de très forte inflation. Les prix des biens et des services gonflent de manière rapide et totalement incontrôlée (plus de 50% par mois en moyenne).

Elle survient en principe dans un contexte de crise économique et politique. Par exemple, lorsque le déficit budgétaire d’un État est très élevé et que pour rembourser ses dettes, le gouvernement augmente la masse monétaire. Comme il y a davantage de monnaie en circulation, les prix flambent, ce qui entraîne une revalorisation des salaires, provoquant à son tour un accroissement des prix, etc. C’est un cercle vicieux, on parle de spirale hyperinflationniste. De plus, l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation va déprécier sa valeur par rapport aux autres devises, ce qui fera grimper les prix des importations, renforçant encore l’inflation.

L’hyperinflation a des répercussions néfastes sur l’économie: elle fait perdre sa valeur à la monnaie, ce qui impacte le pouvoir d’achat et la valeur de l’épargne. Les dépenses deviennent difficiles à anticiper car les prix ne cessent de fluctuer. La confiance envers les institutions financières se dégrade et la production s’effondre, entraînant une hausse du chômage et des faillites d’entreprises. Ce contexte particulier entraîne alors une instabilité sociale et politique.

Pour s’en sortir, la politique budgétaire doit être revue et une réforme économique, voire politique, envisagée. Il peut aussi être nécessaire d’adosser la devise nationale à une monnaie étrangère plus stable ou même d’en adopter une nouvelle.

Plusieurs cas d’hyperinflation ont été recensés dans l’histoire. L’un des plus connus est celui de l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, mais on peut également citer, plus récemment, l’Argentine, le Zimbabwe ou encore le Venezuela.

La stagflation peut être provoquée par une hausse des prix des matières premières ou par une importante création monétaire.

La stagflation

La stagflation (contraction de stagnation et d’inflation) désigne une longue période de forte inflation associée à une faible croissance économique (voire une croissance nulle) et à un niveau de chômage élevé. Elle peut être provoquée par une hausse des prix des matières premières ou par une importante création monétaire.

Il s’agit d’une situation exceptionnelle, puisqu’en principe, lorsque la croissance est soutenue, les prix augmentent. Il est aussi rare que l’inflation et le chômage soient élevés en même temps.

Ce type de configuration est délicat à gérer pour les banques centrales. En général, lorsque l’inflation est forte, elles relèvent les taux d’intérêt ou augmentent la masse monétaire en circulation. Or, en période de stagflation, cette stratégie risque de nuire à la croissance économique en limitant la consommation et les investissements. Si à l’inverse, elles baissent les taux ou la quantité d’argent sur le marché, les prix sont poussés à la hausse, ce qui gonfle encore le niveau d’inflation. Les autorités monétaires et les gouvernements doivent à la fois lutter contre la flambée des prix, tout en stimulant la croissance.

Une période de stagflation s’est produite dans les années 1970 à la suite du premier choc pétrolier. L’augmentation importante des prix de l’essence et des matières premières avait entraîné une nette hausse de l’inflation aux États-Unis et au Royaume-Uni. Les coûts de production des entreprises ont alors grimpé, les incitant à faire grossir leurs prix, ce qui a entraîné une diminution de la consommation et un fort ralentissement de l’activité économique.

Bon à savoir: la stagflation ne doit pas être confondue avec la déclinflation (ou slumpflation) qui désigne une inflation élevée associée à une chute du PIB et de la croissance économique.

Pour résumer

    • Inflation: hausse générale et durable des prix.
    • Déflation: diminution générale et durable des prix.
    • Déflation sectorielle: baisse des prix dans un secteur spécifique.
    • Désinflation: ralentissement de la progression du taux d’inflation.
    • Hyperinflation: augmentation très rapide et incontrôlée des prix.
    • Stagflation: forte inflation combinée à une faible croissance et à un chômage élevé.
    • Déclinflation: inflation élevée associée à une chute du PIB et de la croissance.

Vous en connaissez désormais un peu plus sur l’inflation, la déflation, l’hyperinflation et la stagflation. Ces quelques exemples, montrent l’importance de l’anticipation et du contrôle de l’évolution des prix par les autorités monétaires, afin de favoriser le bon fonctionnement de l’économie et de prévenir les crises.