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27 avril 2024

Savoir ce que l’on peut et veut avant d’investir

En matière d’investissement, s’il n’existe pas de recette infaillible, un banquier chevronné comme Cédric Weisse identifie plusieurs ingrédients indispensables au succès.

Pour Cédric Weisse, Head of Individuals Market à la BIL, un investisseur doit conserver un esprit critique ainsi qu’une certaine distance par rapport aux experts autoproclamés d’une part, tout en cherchant à bénéficier d’autre part de bons conseils et à s’appuyer sur un véritable savoir-faire. Réussir à maintenir cet équilibre constitue un atout majeur dans le déploiement d’une stratégie d’investissement gagnante à long terme.

Que signifie « bien investir » à vos yeux?

Dans le contexte de la gestion globale de ses finances, bien investir signifie pour moi de prendre les choses dans l’ordre et ne pas sauter d’étapes. Et cela commence par réaliser un bon diagnostic. C’est une étape essentielle avant tout investissement. Établir un bilan patrimonial complet permet d’avoir une vue d’ensemble. Sur cette base, il devient possible de se fixer des objectifs cohérents, de définir une stratégie de long terme et de prendre les bonnes décisions en conséquence. J’insiste sur ce point, il est nécessaire de procéder par étapes!

Sur base de votre expérience, quelles sont les erreurs les plus fréquemment commises?

Chaque situation est différente. Ce qui convient à un investisseur n’est pas une bonne option pour un autre. Il est donc impératif de bien définir son profil d’investisseur et de ne pas dupliquer ce que fait le voisin. Pour ce faire, il est judicieux de se laisser conseiller par de véritables experts. Connaître son profil d’investisseur aide non seulement à faire le tri face au flot continu d’informations, mais cela permet aussi d’élaborer un portefeuille d’investissements en adéquation avec vos moyens, vos objectifs, votre tolérance au risque et vos préférences.

Votre profil d’investisseur permet d’élaborer un portefeuille d’investissements en adéquation avec vos moyens, objectifs, tolérance au risque et préférences.

Un bon investisseur se forme et s’informe des dernières tendances sur les marchés, particulièrement pour les secteurs dans lesquels il investit. S’il n’a pas le temps de faire cela, il peut aussi déléguer la gestion de ses investissements à un professionnel reconnu et expérimenté qui déterminera à partir de son profil d’investisseur ce qui est le plus indiqué pour lui. Cela s’appelle la gestion discrétionnaire.

Quelles sont les bases d’une stratégie de placement à plus long terme?

Encore une fois, il faut établir votre profil et définir des étapes. Pour limiter le risque, il est conseillé d’investir une portion de votre épargne dans des produits « moins risqués » au début et de se familiariser avec la réalité de l’investissement, tant dans son mode de fonctionnement que dans sa dimension psychologique. Si vous ambitionnez des rendements plus élevés, il faut logiquement accepter de prendre davantage de risques. Cela n’est pas forcément conseillé pour un investisseur qui débute. Quelle que soit l’approche retenue, il faut s’obliger à penser sa stratégie à long terme et agir en conséquence dès le début.

Quelles sont les questions à se poser?

Avant toute décision, il convient d’être au clair sur ce que l’on veut et ce que l’on peut faire afin de bien définir ses propres objectifs. Il importe également de tenir compte du fait que toute décision financière nécessite un temps de réflexion. Avant de poser ses choix, il est recommandé de pouvoir répondre clairement aux trois questions suivantes: quelle est la part de mon épargne que je souhaite dédier à l’investissement? Comment planifier mes investissements dans le temps en tenant compte de mes différents projets de vie? À côté de mes placements, est-ce que je dispose de suffisamment de liquidités pour faire face aux imprévus?

Les placements alternatifs présentent-ils des risques particuliers?

Qu’il s’agisse d’objets précieux, d’œuvres d’art, de vin ou autres, les formes alternatives de placement exigent toujours un grand savoir-faire. C’est également le cas dans le domaine du private equity. En principe, les placements alternatifs sont par ailleurs beaucoup moins liquides que des investissements traditionnels, c’est-à-dire plus difficiles à acheter ou vendre rapidement sans que cela n’affecte sensiblement leur prix. Dans ce domaine comme pour tous les autres investissements, il est essentiel de ne pas perdre de vue l’importance de la diversification. Pour revenir à la première question que vous avez posée, bien investir signifie toujours de ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier.

Qu’il s’agisse d’objets précieux, d’œuvres d’art, de vin ou autres, les formes alternatives de placement exigent toujours un grand savoir-faire.

Encore une remarque concernant les formes alternatives de placement: dans ce domaine, il faut absolument être conscient que les risques sont plus élevés. Les investisseurs ne doivent jamais sous-estimer ces risques et seraient bien inspirés de se faire accompagner par des experts reconnus dans ces domaines avant d’y investir une partie de leurs moyens. Une diversification intelligente permet de réduire partiellement ces risques.

Cela vaut-il encore la peine d’investir dans l’immobilier?

Les investissements dans l’immobilier restent intéressants à mes yeux. Je qualifierais « d’attentiste » la situation actuelle sur le marché. Lorsqu’on investit dans l’immobilier, tout est bien sûr une question de prix d’acquisition et de rentabilité souhaitée. Dans ce domaine, il est important de se faire conseiller si l’on souhaite investir. Pas seulement sur la qualité du bien en tant que tel, mais aussi sur d’autres aspects comme la fiscalité qui impactent la rentabilité de votre investissement. Certains biens immobiliers sont plus avantageux sur le plan fiscal et c’est un volet qu’on ne peut ignorer avant d’investir. Au Luxembourg, on distingue quatre types de biens immobiliers: les achats sur plan (VEFA), les nouvelles constructions, les biens immobiliers de plus de cinq ans et ceux de plus de 60 ans. La charge fiscale dépend du type de bien immobilier.

 

Cédric Weisse

Qu’il s’agisse d’un passage par le secteur de l’assurance ou de son parcours à la BIL depuis 2001, Cédric Weisse a engrangé une grande expérience de la relation client tout au long de sa carrière. D’abord conseiller en Personal Banking, puis responsable de banque privée pour le marché français et directeur du réseau d’agences bancaires BIL du nord du pays, Cédric Weisse place les préoccupations des clients et leurs questions d’investissement au cœur de son engagement professionnel. De quoi faire la différence dans le poste de « Head of Individuals » qu’il occupe aujourd’hui.