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5 octobre 2024

Vendre ou non l’entreprise que vous avez fondée ?

La fortune de bon nombre d’entrepreneurs à succès est liée dans sa totalité à leur entreprise. Cela peut se justifier lorsqu’ils développent les activités de leur société et qu’ils en contrôlent la destinée. Mais cela reste-t-il pertinent lorsqu’ils se retirent dans une plus ou moins grande mesure de la gestion active de la société ?

La théorie de l’investissement nous apprend qu’il est peu judicieux de conserver tous ses actifs financiers dans une seule société. Les entreprises peuvent être soumises à des pressions inattendues, qu’il s’agisse de nouveaux concurrents, de technologies disruptives ou d’événements imprévisibles, tels que la pandémie de Covid-19.

Il est extrêmement risqué de placer toute sa fortune dans une seule entreprise, quel que soit votre attachement à cette dernière. Les gourous de l’investissement recommandent au contraire de diversifier vos placements dans toute une gamme de sociétés, de secteurs et de zones géographiques. Ainsi, si l’un de vos investissements tourne mal, l’impact sur votre vie sera moins important.

Ce n’est toutefois pas comme ça que fonctionnent la plupart des chefs d’entreprise. Leur fortune est susceptible d’être liée en majeure partie ou en totalité à leur entreprise, qu’ils contrôlent en grande partie et dont ils peuvent influencer le succès ou l’échec dans une certaine mesure. De nombreux entrepreneurs sont beaucoup plus à l’aise avec ce type de risque qu’avec, par exemple, un investissement en bourse, lequel comporte un risque qu’ils ne peuvent maîtriser.

Une question de contrôle

Le problème se fait davantage sentir lorsqu’un entrepreneur décide de se retirer de la société qu’il a mise sur pied et qu’il ne jouit donc plus de ce contrôle, ou que celui-ci est considérablement réduit. Doit-il laisser une part importante de sa fortune dans une entreprise dont il ne peut influencer le succès, à l’instar d’un investissement en bourse? La question se pose également de savoir si les cadres qui dirigent désormais l’entreprise sont prêts à la gérer pour un seul actionnaire ou un actionnaire majoritaire.

Dans quelle mesure souhaitez-vous rester impliqué dans l’entreprise après en avoir abandonné la gestion quotidienne?

Les entrepreneurs qui se retrouvent dans cette situation doivent se poser un certain nombre de questions. La plus importante est peut-être de savoir dans quelle mesure ils souhaitent rester impliqués dans l’entreprise après en avoir abandonné la gestion quotidienne?

Veulent-ils être employés, consultants, présidents ou administrateurs, ou encore assumer d’autres responsabilités spécifiques? Ce choix peut influencer toute décision de vendre tout ou partie de leur participation. Les nouveaux détenteurs voudront-ils faire appel à l’expertise du fondateur ou décideront-ils de donner une nouvelle orientation à l’entreprise?

Il convient également de se demander si le fondateur souhaite continuer à tirer un intérêt financier de l’entreprise ou s’il a tout intérêt à utiliser le produit de la vente pour redéployer sa fortune dans un portefeuille susceptible de lui procurer un revenu. Si l’entreprise évolue dans un secteur à haut risque, ne serait-il pas préférable qu’il diversifie ses actifs? Ou a-t-il l’ambition d’investir dans la création d’une nouvelle entreprise?

Influence ou diversification

La vente d’une participation importante au sein d’une entreprise comporte à la fois des avantages et des inconvénients. Certains arguments plaident en faveur du maintien de la participation: vous avez fondé l’entreprise et vous la comprenez, vous connaissez les risques et vous aurez plus d’influence que si vous investissiez dans un portefeuille d’investissements cotés en bourse. Vous aurez sans doute votre mot à dire, même de manière informelle, concernant les nominations clés et les décisions stratégiques, et vous comprendrez les produits et le marché, les risques et les bénéfices potentiels.

En revanche, le principal problème est le manque de diversification de vos investissements. Les chefs d’entreprise prennent généralement beaucoup de risques pour bâtir leur patrimoine. Dans la plupart des cas, une fois qu’ils se retirent de l’entreprise, ils préfèrent profiter de leur patrimoine plutôt que de s’en soucier.

Il est toujours difficile de se retirer totalement des affaires et ce l’est encore plus si vous conservez un intérêt financier de taille.

Mais il est toujours difficile de se retirer totalement des affaires et ce l’est encore plus si vous conservez un intérêt financier de taille. Vous risquez de rester focalisé sur la société et la prise de décision, ce qui pourrait provoquer des tensions avec la nouvelle équipe dirigeante.

De même, l’entreprise pourrait ne pas être en mesure de vous proposer le type de revenu que vous privilégiez. Les rendements issus de petites entreprises sous forme de dividendes peuvent être irréguliers et imprévisibles, et les entrepreneurs accomplis préféreront peut-être un flux de revenus régulier pour eux et leur famille.

Une transition en douceur

Cela dit, il est difficile de se retirer d’une entreprise qui a été au cœur de votre vie pendant des années. Mais il n’est pas nécessaire de tout quitter d’un seul coup. Un entrepreneur peut vendre une partie de son capital mais conserver une participation qu’il vendra progressivement lorsqu’il se sentira à l’aise avec le nouveau déploiement de son patrimoine (les acquéreurs pourraient également préférer cette formule, car cela signifie que le propriétaire sortant conserve un intérêt dans la prospérité de l’entreprise).

Les fondateurs auront ainsi le temps de structurer progressivement un portefeuille d’investissements axé sur les thèmes prioritaires qui les intéressent le plus, ou de développer leur expertise dans d’autres secteurs. Dans ce cadre, un bon gestionnaire d’investissement (doté d’un mandat discrétionnaire ou non) aura un rôle clé à jouer, car il sera en mesure de constituer un portefeuille en phase avec les centres d’intérêt et les connaissances du client.

Tout dépendra aussi du mode de transmission de l’entreprise et des attentes de toutes les parties à cet égard. Si le fondateur d’une société conserve un poste influent, tel que celui de président non exécutif, on attendra probablement de lui qu’il conserve un intérêt financier dans l’entreprise (les autres investisseurs pourraient s’inquiéter s’ils constatent qu’un acteur clé réduit son exposition de manière significative).

Si vous choisissez de limiter votre implication à un rôle de conseil, il est moins probable que l’on vous incite à conserver une participation majoritaire ou significative dans l’entreprise.

Toutefois, si vous choisissez de limiter votre implication à un rôle de conseil, il est moins probable que l’on vous incite à conserver une participation majoritaire ou significative dans l’entreprise.

Le choix de l’acquéreur

Si vous souhaitez conserver une participation résiduelle et une certaine influence, il est préférable de transférer vos parts à vos successeurs au sein de l’entreprise ou à un consortium d’actionnaires salariés, plutôt qu’à une société de capital-investissement ou de capital-risque, par exemple, qui pourrait insister pour gérer la société comme elle l’entend, même si elle est prête à payer davantage. Si l’entreprise est transmise à des membres de la famille, le fondateur doit être clair quant aux modalités de leur implication.

D’autres pistes sont également envisageables. Le fondateur d’une entreprise pourrait choisir de rester propriétaire des locaux occupés et de négocier un contrat de location. Il peut ainsi obtenir un flux de revenus régulier qui ne dépend pas entièrement des performances de l’entreprise.

Il est toujours difficile de se retirer d’une société que vous avez mis une grande partie de votre vie à construire, mais il est risqué de conserver une participation financière importante sans contrôle significatif sur l’orientation de l’entreprise, et, à long terme, cette option peut être déconseillée. Les chefs d’entreprise ont toutefois toute une série d’options à leur disposition lorsqu’ils se demandent s’ils veulent ou non quitter la société qu’ils ont créée, et comment.

Certains arguments plaident en faveur de la conservation de l’entreprise que vous avez fondée et que vous comprenez: vous connaissez les risques et vous aurez plus d’influence sur sa performance que sur celle d’un portefeuille d’investissements cotés en bourse. On notera toutefois un manque flagrant de diversification, ce qui constitue le principal risque.