Bien (s’)investir pour préserver la planète !
Face aux défis environnementaux, nous avons découvert que plusieurs biais cognitifs nous empêchent de modifier nos habitudes pour adopter des comportements de consommateurs plus responsables. Et ce qui est vrai en matière de consommation l’est aussi en matière d’investissement. Pour changer cela, il faut commencer à réaliser que chaque euro bien investi contribue à sauver la planète… qu’il s’agisse d’investissements sur les marchés ou de budgets domestiques.
Dans un précédent contenu intitulé « Ce qui freine le consommateur de sauver la planète » , nous avons découvert des dissonances cognitives qui nous freinent dans notre volonté de revoir nos habitudes de consommation individuelles au profit d’une cause globale comme celle de la lutte contre le réchauffement climatique. Il en va de même pour nos comportements d’investissement sur les marchés. Comment changer cela ?
Quand la réputation dicte la performance
Que faites-vous au supermarché pour acheter « vert » ? Vous privilégiez les produits labellisés bio, la provenance locale, le fairtrade. Il en va de même en matière d’investissement. Pour investir « vert », nous devons appliquer des principes de traçabilité et privilégier les investissements sur des produits qui valorisent les critères dits ESG, c’est-à-dire l’intégration de considérations environnementale, sociale et de gouvernance en plus des considérations financières traditionnelles. Vous savez sûrement de quoi il s’agit puisque myLIFE s’en fait régulièrement l’écho à travers la parole d’un expert sur le sujet.
C’est entendu, vous comprenez le principe. Et pourtant, vous n’êtes peut-être toujours pas convaincu qu’un petit groupe d’individus peut avoir un impact global, du moins pas dans la finance. À tort !
Le Forum économique mondial a récemment publié un article éloquent à ce sujet. Un rapport écrit par le CDP (Carbon Disclosure Project) a permis d’identifier les 250 plus grands « pollueurs » du monde cotés en bourse. Il s’agit d’un groupe d’entreprises qui, avec leurs chaînes de valeur, représentent environ un tiers des émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre.
Le fait que seulement 250 entreprises ont la capacité de générer près de 30% de l’ensemble de nos émissions démontre l’impact qu’un groupe restreint peut avoir à l’échelle mondiale !
Le fait que seulement 250 entreprises ont la capacité de générer près de 30% de l’ensemble de nos émissions mondiales annuelles est frappant et permet aussi de démontrer l’impact qu’un groupe restreint peut avoir à l’échelle mondiale ! Selon la même logique, la communauté des investisseurs financiers peut jouer un rôle clé en privilégiant les critères d’investissement ESG pour guider leurs choix de placements financiers. Peut-être n’êtes-vous pas convaincu par le sérieux et l’attractivité de ce type d’investissements ? Là encore, il est temps de combattre vos préjugés.
Au Luxembourg, les investisseurs privés et institutionnels sont particulièrement bien servis s’ils souhaitent miser sur les critères ESG. En lançant le Luxembourg Green Exchange en 2016, la Bourse de Luxembourg a été pionnière et a créé la plus grande plateforme d’échange mondiale pour la finance verte. L’institution publie régulièrement des rapports traitant des investissements verts ainsi que des critères ESG. Chacun peut donc se documenter ou se renseigner avant de rencontrer son banquier pour établir ensemble une stratégie verte.
La réputation et la responsabilité sociale payent ! Investir dans des portefeuilles qui misent sur des entreprises conscientes et diligentes sur les dimensions ESG rapporte davantage
Si vous décidez d’investir en ce sens, vous aurez réellement les moyens, même avec quelques euros, de peser dans la lutte pour préserver la planète. Vous aurez de surcroît de grandes chances de faire fructifier vos économies à long terme. Et pour cause, les critères ESG sont devenus aujourd’hui un bon indicateur de viabilité d’une société et de son business-model. La réputation et la responsabilité sociale payent ! Elles sont devenues une nouvelle norme sociale qui booste l’attractivité, la durabilité et la rentabilité des entreprises « vertes ».
Dans un rapport intitulé The Alpha and Beta of ESG Investing paru en 2019, les experts d’Amundi ont analysé les performances boursières de 1.700 sociétés des indices MSCI et ont croisé ces scores avec les performances ESG de ces mêmes entreprises. Les résultats sont éloquents, en Europe comme aux États-Unis. Selon cette étude Amundi, investir dans des portefeuilles qui misent sur des entreprises avec des scores ESG élevés rapporte davantage. Mais plus intéressant encore : les entreprises qui obtiennent de faibles scores ESG ont tendance à sous-performer et à générer moins de revenus à long terme pour leurs actionnaires. Bien entendu, il est de notre devoir de rappeler ici que cette étude se base sur des constats passés et que, selon la formule consacrée, ces derniers ne présagent pas des performances futures.
Le calcul est donc rapidement fait : vous pouvez réellement contribuer à sauver la planète en gagnant de l’argent avec ce type d’investissements !
En matière d’investissements, les critères ESG ne sont pas encore stabilisés et varient sensiblement selon les sources considérées.
Quels critères choisir ?
En matière d’investissements, les critères ESG ne sont pas encore totalement stabilisés et varient sensiblement selon les sources considérées. Nous ne saurions donc trop vous conseiller de faire appel à un expert pour vous accompagner dans vos décisions en la matière. Pour simplifier, il existe plusieurs grands principes sous-jacents à cette classe d’investissement. Ceux-ci sont aussi souvent complémentaires et combinés :
- investir en misant sur les « best-in-class », c’est-à-dire les entreprises qui sont les plus propres et les meilleurs élèves dans leur champ d’activité ;
- investir en analysant systématiquement les dimensions ESG à la sélection et à la construction de portefeuille (contrairement au principe précédent, le portefeuille n’est pas forcément le reflet des meilleures notations ESG), en plus de l’analyse financière traditionnelle.
- opter pour des critères d’exclusion qui consistent à boycotter les plus mauvais élèves de la classe en matière de durabilité et de responsabilité sociétale ;
- participer à des initiatives à la source pour influencer les sociétés, par l’engagement actionnarial et/ou public ;
- appliquer la tactique de « l’Impact Investment » qui consiste à privilégier des entreprises qui s’engagent à réinvestir leurs bénéfices dans des projets à haute valeur sociale ou environnementale ou qui ne travaillent qu’avec une chaîne de valeur à haute valeur sociale et environnementale.
Au-delà de la sphère purement financière, vous pouvez également décider d’appliquer ces cinq principes dans votre vie de tous les jours. En effet, même si investir en Bourse n’est pas votre truc, vous avez désormais compris la mécanique et il vous est tout à fait possible de contribuer aussi à avoir un impact positif sur la planète avec vos gestes et dépenses du quotidien.
Être vert au quotidien dans ses dépenses
Concernant les best-in-class, optez par exemple pour une compagnie d’assurance qui privilégie une communication zéro papier et des solutions en ligne afin de limiter les déplacements inutiles. Une compagnie d’assurance qui propose des coffres-forts virtuels permettant de stocker aisément vos documents sans passer par le papier. Un bon choix sur le plan environnemental, mais aussi au niveau de la sécurité du stockage.
Du côté des critères d’exclusion, pensez à ce café servi dans un gobelet jetable que vous prenez tous les matins sur le chemin du travail. Saviez-vous que, par exemple, 7 millions de gobelets en papiers sont utilisés et jetés chaque jour par nos voisins britanniques. Cela représente 6,5 millions d’arbres abattus chaque année et de l’énergie pour 54.000 foyers. Aujourd’hui, il existe des enseignes qui proposent à leurs clients de payer leur café moins cher s’ils viennent avec leur propre gobelet réutilisable. Et si vous vous y mettiez ? En plus de l’effet positif pour l’environnement, vous pourriez être agréablement surpris de la somme économisée par de petits changements dans vos habitudes de consommation.
Enfin concernant la consommation responsable, il est sûrement possible d’apprendre en famille à faire quelques recherches ou ajustements avant d’envisager d’acheter des biens de consommation. Beaucoup de grandes marques proposent des articles conçus à partir de matériaux recyclés et d’autres reversent une partie de leurs bénéfices à des projets qui tentent d’avoir un impact social ou environnemental. Certaines enseignes souhaitent même en finir avec l’obsolescence programmée en développant des biens de consommation durables. Faites votre propre rapport ESG de votre budget mensuel et prenez les mesures qui s’imposent !
Faire appel à un spécialiste pour ses investissements responsables et se doter de critères ESG maison pour ses propres achats peuvent constituer deux piliers d’une approche qui intègre l’impact de nos choix sur l’environnement. En bonus, cela permet de réaliser des économies, voire d’engranger des rendements très attractifs. Vous avez le pouvoir de changer les choses, agissez maintenant !