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23 novembre 2024

Burn-out : le reconnaître et en sortir

Face à un niveau d’épuisement physique, émotionnel et mental toujours plus important, certains s’effondrent. Covid-19, télétravail imposé, incertitudes économiques… la dégradation du rapport à son environnement de travail peut conduire au burn-out. Pour éviter cette situation, il est nécessaire d’identifier les symptômes et de modifier ses mauvaises habitudes.

En 2018, 239 cas de burn-out ont été recensés au Luxembourg. Un chiffre probablement sous-estimé dans la mesure où le burn-out n’est pas (encore) reconnu comme une maladie au Luxembourg. Pourtant, ce phénomène préoccupant concerne toujours plus d’employés dont le quotidien se transforme en enfer. Ce phénomène a connu une hausse importante en 2020 avec la crise sanitaire. En effet, dans l’introduction de la 8e étude nationale de son Quality of Work Index Luxembourg, la Chambre des Salariés Luxembourg (CSL) prévient d’emblée que « l’évaluation de la qualité du travail s’est considérablement détériorée en 2020 ». En 2020, l’indice global de qualité de travail a significativement diminué. La baisse des chiffres concerne en particulier les jeunes salariés, les conducteurs d’installations et de machines, les monteurs, les professions élémentaires et enfin les travailleurs à temps partiel.

Nous n’allons pas étudier ici les causes et les facteurs à l’origine de cette détérioration. Ce qui nous préoccupe, c’est vous. Êtes-vous confronté, dans le cadre professionnel, à un niveau accru d’épuisement physique, émotionnel et mental ? Si oui, sachez que le burn-out n’est pas un tabou et encore moins une fatalité. Il est grand temps de réagir !

Le boulot ? Un cauchemar !

Vous ne supportez plus votre patron ? L’idée de vous rendre au bureau vous terrifie ? Votre sommeil est gravement perturbé ? Il n’y a pas de doute, vous avez les symptômes d’un burn-out ! Bien souvent lié au travail, ce syndrome d’épuisement émotionnel et psychique peut guetter chacun d’entre nous, à commencer par les personnes anxieuses ou trop perfectionnistes. En effet, le besoin de tout maîtriser et la difficulté à déléguer qui en découle constituent bien souvent des facteurs de risque.

Le burn-out, ça n’arrive pas qu’aux autres !

Le burn-out, ça n’arrive pas qu’aux autres. Même si certains métiers sont considérés comme plus à risque (dirigeants d’entreprise, cadres, professeurs, soignants, etc.), cela ne veut pas dire que vous ne serez jamais victime d’un burn-out.

Il existe plusieurs causes : la pression de votre employeur pour atteindre des objectifs élevés ou celle que vous vous mettez vous-même, un rythme de travail effréné, le manque de personnel, la crainte du chômage ou encore un équilibre fragile entre vie privée et vie professionnelle. Souvent, c’est l’addition de plusieurs causes qui finit par vous écraser. Le constat est alors simple : votre travail vous rend malade. En 2020, avec le déclin du bien-être des travailleurs, il a été estimé qu’une personne sur trois était susceptible d’être victime de dépression.

Covid-19 et télétravail, un cocktail explosif

Durant le confinement, le bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée a été encore plus difficile à trouver que d’habitude. Travailler à domicile, au milieu des enfants qui jouent ou qui ont besoin de votre aide pour étudier, est un véritable défi. La tendance des conflits entre vie professionnelle et vie privée pour les employé(e)s avec ou sans enfants a connu des sommets (augmentation de 35 % par rapport à 2014 selon les chiffes de la CSL).

Vous êtes-vous senti submergé, incapable de tout gérer ? Avez-vous eu du mal à vous discipliner pour travailler aussi efficacement qu’au bureau ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas un cas isolé. La Covid-19 a bouleversé le quotidien et pesé sur le moral de chacun, amenant son lot de stress et de pression face à une nouvelle manière de travailler à distance, loin de ses collègues, et avec de nouveaux outils à découvrir. Le télétravail et le manque de contact humain ont pesé sur notre santé, créant chez certains un sentiment d’abandon. Ayant habituellement un impact positif sur la qualité du travail, la coopération, la participation et la motivation ont fait grise mine en 2020.

Résultat ? Beaucoup d’entre nous, qui étions déjà stressés au quotidien, se sont épuisés, puis ont été dépassés par un travail toujours plus important à réaliser dans des conditions perçues comme plus difficiles par certains. Dans son étude, la CSL observe une hausse de la charge mentale et du travail dans l’urgence, provoquant une augmentation de 15 % de la difficulté émotionnelle du travail depuis 2016.

Petit à petit, silencieusement, le burn-out s’insinue dans votre vie sans que vous en ayez conscience au départ.

Identifier un burn-out

Petit à petit, silencieusement et sans en avoir conscience au départ, le burn-out s’insinue dans votre vie. Comment savoir alors si vous en souffrez effectivement ? En répondant honnêtement à quelques questions.

    • Suis-je souvent épuisé et vidé ? Avoir un niveau d’énergie physique, psychique et mentale très bas, sans parvenir à recharger ses batteries, doit éveiller votre vigilance.
    • Ai-je des difficultés à rester attentif au travail ? En cas de burn-out, les problèmes de mémoire et de concentration sont habituels et les erreurs fréquentes. Il n’est pas rare également de voir son rendement diminuer constamment. Il se peut même que vous soyez par moment totalement inerte devant votre écran, sachant ce que vous devriez faire, mais ne trouvant pas la force de le faire. Pas de doute, vos batteries sont à plat.
    • Mes réactions émotionnelles sont-elles violentes ? Lorsqu’on se sent épuisé, une remarque ou le feed-back d’un collègue peuvent provoquer chez nous des réactions disproportionnées : crises de colère ou de larmes. Notre seuil de tolérance est plus bas qu’en temps normal et notre irritabilité atteint des sommets. Non seulement vous n’allez pas bien, mais vos réactions peuvent en plus aggraver l’hostilité de votre environnement. Si vous ne réagissez pas à temps, c’est alors le début d’une spirale infernale jusqu’à l’effondrement.
    • Est-ce que j’éprouve une grande résistance face à mon travail ? Pour se protéger de ce qui concerne son emploi, il est tentant de prendre de la distance sur le plan mental. Notre motivation peut rapidement faire place à de l’indifférence. Utile dans un premier temps, ce mécanisme de défense peut ensuite se retourner contre vous si cette indifférence conduit à négliger votre travail et à éviter les interactions avec vos collègues.

Associez à cela des troubles du sommeil, des crises d’angoisse, des douleurs psychosomatiques, un manque de peps et une humeur dépressive et vous êtes pratiquement sûr de souffrir d’un burn-out. Ne pensez pas que cela va passer tout seul ! Pour éviter de craquer physiquement et mentalement, il est impératif de tirer la sonnette d’alarme et de combattre cet ennemi perfide.

Avant d’atteindre l’épuisement total, votre premier réflexe doit être de demander de l’aide à votre médecin ou au médecin du travail.

Quoi de neuf, docteur ?

Avant d’atteindre l’épuisement total, votre premier réflexe doit être de demander de l’aide à votre médecin ou au médecin du travail, qui pourra diagnostiquer votre état. Même si le burn-out n’est pas encore considéré comme une maladie au Luxembourg, il est la première cause d’absence prolongée au travail. Votre spécialiste pourra vous mettre à l’arrêt pour une durée plus ou moins longue afin de vous aider à vous remettre sur pied, grâce à un suivi personnalisé.

Ceci fait, prenez le temps nécessaire. Ce n’est pas une semaine de repos qui suffira à vous remettre d’aplomb. Aussi importantes que soient vos responsabilités au travail, elles ne justifient pas votre effondrement. La meilleure manière de ne pas sortir d’un burn-out consiste à se croire tiré d’affaire trop tôt.

Mettre le burn-out KO

Vous êtes votre meilleur atout pour combattre et vaincre le burn-out. Afin de réduire le stress et l’anxiété, rien de tel que la relaxation et la méditation. Peu importe où vous vous trouvez, des pauses régulières ou quelques exercices de respiration vous feront le plus grand bien. Parce que le positif amène le positif, prenez quelques minutes avant de vous coucher pour vous remémorer trois bons moments de la journée (une émotion, un compliment, une activité, un plat) qui vous redonneront chaque jour un peu plus goût à la vie. Forcez-vous à élargir vos horizons et à ne plus focaliser vos pensées uniquement sur vos problèmes.

Un esprit sain dans un corps sain ! Pour supprimer le négatif, se vider la tête grâce une activité physique est particulièrement efficace. Pas besoin de courir des marathons, un peu de marche régulière peut suffire. Collectif ou individuel, à la maison ou en extérieur, le choix vous revient. Le mot d’ordre : faire le plein d’endorphines !

Avec ces gestes simples, pratiqués régulièrement, vous facilitez à terme votre reprise du travail et mettez toutes les chances de votre côté pour éviter de revivre cette situation. Pour mettre toutes les chances de votre côté, il existe des moyens d’améliorer votre bien-être au travail. Osez également dialoguer avec votre patron ou vos collègues sur votre mal-être pour une meilleure organisation et répartition du travail. Mettre fin à l’hyperconnectivité et poser quelques limites vous permettra de vous rendre au bureau le cœur plus léger.

Dans certains cas, un burn-out est le signe que votre job ne vous convient plus. Comme certains, tirez profit de la situation pour vous reconvertir et opter pour une profession dans laquelle vous vous épanouirez. Là encore, ne vous précipitez pas, un changement est aussi un facteur de stress. Concrétisez-le à votre rythme et après vous être posé les bonnes questions.

Nous sommes tous potentiellement concernés par le burn-out, dont les symptômes sont divers et propres à chacun. Grâce à quelques gestes simples à mettre en place, il est possible de réduire le risque d’être touché et de retrouver le plaisir de se rendre chaque jour au travail.