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19 avril 2024

À quoi ressemblera la mobilité de demain en entreprise?

Entre 2020 et 2022, bon nombre d’employés se sont retrouvés à devoir travailler depuis leur domicile. De ce fait, le nombre de déplacements professionnels a fortement chuté. À l’heure où le retour au bureau est observé pour une majorité d’entre eux, les entreprises explorent de nouvelles manières de gérer la mobilité de leurs collaborateurs. Cette dernière constitue plus que jamais un enjeu majeur.

La mobilité en entreprise désigne les trajets réalisés entre le domicile et le lieu de travail par les collaborateurs, mais aussi leurs déplacements professionnels. Considérée comme un sujet clé par les sociétés et en particulier par les dirigeants, cette dernière doit aujourd’hui être repensée pour répondre à deux défis majeurs: de nouvelles habitudes du côté des employés et la nécessité toujours plus criante d’agir pour endiguer le réchauffement climatique. myLIFE a voulu prendre la température sur la question et s’intéresse aux solutions envisagées par les organisations.

La voiture, encore et toujours

Avant de rentrer dans le vif du sujet, commençons par un constat: au Grand-Duché, la voiture reste le moyen de transport privilégié par une majorité de travailleurs. Selon une étude d’Eurostat, le Luxembourg serait d’ailleurs le pays possédant le plus grand nombre de véhicules automobiles par habitant au sein de l’Union européenne: 681 véhicules pour 1.000 habitants. Un résultat largement supérieur à ceux des États voisins comme la Belgique (511) et la France (482). D’après le STATEC, le Grand-Duché comptait 433.183 voitures particulières ou à usage mixte en 2021.

Malgré la gratuité des transports en commun et des trajets souvent limités, les résidents continuent de préférer largement la voiture à toute autre solution.

Selon le Portail des Transports, 69% des déplacements réalisés en 2017 (résidents et frontaliers) étaient effectués en voiture, contre 17% avec les transports publics, 12% à pied et 2% à vélo. Parmi ces trajets en voiture, 54% étaient inférieurs à 5kms. Ainsi, malgré la gratuité totale des transports en commun et des trajets souvent limités, les résidents (mais aussi les frontaliers) continuent de préférer largement la voiture à toute autre solution.

Avec la fin de la pandémie et le retour progressif à la normale au travail, il n’est donc pas surprenant de voir resurgir également les nombreux et fréquents bouchons à travers le pays. En 2021, les conducteurs ont perdu 118 heures dans les embouteillages. Un délai d’attente toutefois moins élevé qu’avant la pandémie, mais qui risque de grimper à l’avenir. Que faire? La question se pose avec d’autant plus d’urgence que la voiture est un moyen de transport nettement plus polluant que les alternatives évoquées ci-dessus… et que les salariés n’ont pas forcément envie d’un retour au bureau dans les mêmes conditions qu’avant la pandémie.

De nouvelles attentes après la pandémie

Avec la pandémie, les cartes de la mobilité professionnelle ont été redistribuées. Avec la découverte forcée du télétravail pour de nombreuses catégories d’employés, les déplacements quotidiens ont drastiquement chuté pendant de longs mois pour beaucoup d’entre nous. Les entreprises ont, quant à elles, dû composer en urgence avec ce nouveau mode de travail et les nouvelles habitudes qui en ont séduit plus d’un. Aujourd’hui, le fait de pouvoir travailler à distance et éviter ainsi les traditionnels trajets est un critère d’attractivité qui peut être utilisé par les entreprises, tant pour fidéliser les salariés actuels que pour attirer les futures recrues. En effet, ces deux dernières années ont profondément modifié la manière dont chacun envisage sa mobilité professionnelle. Le télétravail est considéré comme un acquis, la réduction des trajets comme un souhait légitime.

L’enjeu est donc triple: optimiser l’efficacité des déplacements et renforcer la motivation des employés tout en décarbonant le transport.

Pour les sociétés, faire face à ces changements en matière de déplacements et satisfaire les attentes des collaborateurs sont prioritaires. Ces dernières cherchent des solutions pour faciliter la mobilité en entreprise en s’intéressant notamment aux moyens de transport utilisés ainsi que l’accessibilité à leur site. L’enjeu est donc triple: optimiser l’efficacité des déplacements et renforcer la motivation des employés tout en décarbonant le transport. Pour atteindre ces objectifs, elles peuvent faire appel au service mConcept proposé par le ministère de la Mobilité et des Travaux publics afin d’établir un plan sur mesure.

Pérenniser les nouveaux modes de travail

Pour s’adapter aux nouvelles habitudes de leurs salariés et afin d’améliorer leur empreinte écologique autant que celle de leurs employés, certains dirigeants recourent massivement aux modes de travail et outils largement popularisés durant les années de pandémie: télétravail, vidéoconférence, etc.

Outre la possibilité de proposer le télétravail de manière pérenne à leurs collaborateurs (avec certaines restrictions, notamment en matière de fiscalité pour les frontaliers) un ou plusieurs jours par semaine, certains employeurs s’intéressent à l’exploitation de bureaux satellites aux frontières. Ces locaux, plus proches du domicile des travailleurs frontaliers, permettent de raccourcir la longueur des trajets effectués par ces derniers. C’est de la décentralisation des espaces de travail. Une solution également accessible aux plus petites entreprises si elles parviennent à mutualiser les coûts par la mise en place d’espaces de coworking avec d’autres sociétés.

Décarboniser sa flotte de véhicules

Les transports représentent 61% des émissions de gaz à effet de serre. S’inscrivant dans une démarche durable, certaines entreprises font le choix d’adapter leur flotte de véhicules en privilégiant des modèles électriques afin de réduire leur empreinte carbone. Pour encourager leurs collaborateurs à faire de même, elles mettent à disposition de ces derniers des bornes de recharge de véhicule ainsi que de places de parking dédiées. Dans ce domaine, l’objectif du Gouvernement est d’atteindre 49% de véhicules 100% électriques pour le parc automobile à l’horizon 2030. Détenant plus de 20% de l’ensemble des véhicules immatriculés dans le pays, les sociétés ont donc un rôle à jouer dans cette transition.

Plus le covoiturage progresse, moins il y a de voitures sur les routes.

Décongestionner le trafic grâce à l’autopartage et au covoiturage

Afin d’éviter aux employés de perdre de nombreuses heures dans les embouteillages et réduire l’usage de la voiture individuelle, les sociétés se tournent également vers le covoiturage et l’autopartage. Pour ce faire, elles proposent aux collaborateurs optant pour ces solutions des parkings ainsi qu’un service de carsharing et les invitent à utiliser les applications de covoiturage. Une démarche qui permet de réduire le nombre total de stationnements nécessaires, d’améliorer le quotidien des salariés, mais également d’alléger leurs dépenses. Et plus le covoiturage progresse, moins il y a de voitures sur les routes. Une diminution toutefois moins importante que si la priorité était donnée à la mobilité douce.

Encourager la mobilité douce

Depuis plusieurs années déjà, le vélo a le vent en poupe. S’étant habitués à enjamber leurs deux-roues lors des confinements, bon nombre de travailleurs souhaitent désormais poursuivre sur cette voie. En réponse à cette tendance, des sociétés veillent à garantir l’accessibilité de leur site à ces usagers en prévoyant des espaces pour garer leur vélo.

Faciliter l’utilisation des transports en commun, en participant notamment au paiement d’un abonnement, est une décision également prise par les entreprises pour améliorer les conditions de mobilité des employées (pour les frontaliers, car la gratuité des transports en commun est appliquée au Luxembourg). La création de nouvelles gares et lignes de train ainsi que l’extension du tramway voulues par le Gouvernement pourraient aider les sociétés dans leur démarche visant à privilégier l’intermodalité.

Au final, toutes ces solutions semblent indiquer que les évolutions actuelles en matière de mobilité professionnelle sont à la fois profitables pour les salariés et pour l’environnement. Reste à en mesurer durablement l’impact en matière d’efficacité dans l’organisation du travail.