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28 mars 2024

Avez-vous l’argent « heureux » ?

Et si l’argent faisait quand-même le bonheur ? La réponse semble être affirmative, du moins lorsque l’argent est utilisé en fonction de vos aspirations profondes et qu’il est considéré pour ce qu’il est : un moyen et non une fin. myLIFE vous aide à identifier vos émotions en rapport avec l’argent, car celles-ci ont un impact déterminant sur le caractère heureux ou malheureux de vos décisions financières.

Selon un adage populaire, l’argent ne fait pas le bonheur. S’il y a un fond de sagesse dans cette affirmation, la plupart d’entre nous estiment que ce proverbe est un peu naïf. C’est pour cela qu’on y ajoute souvent « l’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Dans nos sociétés, il faut être capable de générer un minimum d’argent de manière récurrente afin de satisfaire nos besoins primaires et assurer la sécurité de notre foyer. Il s’agit de deux éléments essentiels de notre bien-être.

Mais au-delà de ces évidences, mieux connaître son rapport à l’argent, apprendre à le dépenser et à l’investir selon des critères qui nous correspondent vraiment, peuvent réellement contribuer à augmenter le bonheur de notre foyer. La question qui se pose alors est : quel est votre rapport à l’argent ?

Voici quelques pistes pour vous aider à mieux évaluer votre rapport à l’argent pour en faire un facteur de satisfaction plutôt que de frustration. Pour commencer, nous vous invitons à vous livrer à un petit exercice simple. Un exercice suggéré par l’auteur japonais Ken Honda dans son ouvrage Happy Money.

Prêt ? Ouvrez le détail du bilan de votre compte en banque en ligne et observez ce que vous voyez : les entrées d’argent, les avis de dépenses, les ordres permanents, etc. Ne vous focalisez pas sur le solde de votre compte, mais bien sur les mouvements financiers et leurs causes. Que ressentez-vous ? Ce que vous voyez est-il pour vous une source de satisfaction, de contentement, d’inquiétude, de colère ou pis encore de frustration ? En bref, avez-vous l’argent heureux ou malheureux ?

Si c’est la frustration qui domine quand vous regardez votre compte en banque, il est temps de réfléchir sérieusement à vos habitudes de vie.

La frustration : l’alerte rouge

Ne prenez pas les émotions ressenties à la légère, cet exercice n’est pas aussi fantasque qu’il y paraît. En fait, il peut même contribuer à une première prise de conscience d’une inadéquation entre la manière dont vous utilisez votre argent et vos aspirations profondes. Si c’est la frustration qui domine quand vous regardez votre compte en banque, il est temps de réfléchir sérieusement à vos habitudes de vie.

En effet, tout le monde devrait être capable de payer avec le sourire ou, au minimum, avec un certain détachement une facture qui correspond à l’entretien de sa voiture ou une mensualité de crédit qui correspond au financement du bien immobilier qu’il a choisi d’acheter. Si ce n’est pas votre cas, arrêtez de penser d’abord qu’il vous manque de l’argent. Idéalement, prenez plutôt le temps de vous poser la question de savoir si cette voiture correspond vraiment à vos besoins, à vos aspirations. Demandez-vous si cette maison trop grande et perpétuellement en attente de travaux de rénovation n’est pas davantage une source d’ennui que de réjouissance pour vous !

Une grande partie de notre rapport à l’argent et de nos préférences en matière de style de vie est dictée par de la norme sociale.

Vous pensez que ce type de questions est réservé aux personnes qui n’ont pas de réels problèmes d’argent ? Vous avez tort. Que nous en ayons conscience ou non, une grande partie de notre rapport à l’argent et de nos préférences en matière de style de vie est dictée par de la norme sociale. Et c’est précisément à ce niveau que se situe le problème quand il s’agit d’avoir un rapport heureux à l’argent. Poursuivez-vous vos propres aspirations ou courrez-vous après une norme ?

Mieux connaître la relation entre argent, richesse et bonheur est un sujet qui passionne les économistes et des décennies de recherches ne sont pas restés infructueuses. Ainsi, il convient de citer le père de l’économie du bien-être, Richard Easterlin, qui a mis en évidence dès 1974 un paradoxe qui porte son nom. Il a ainsi démontré que le bonheur des habitants d’un pays augmente avec son PIB mais seulement jusqu’à un certain seuil : celui qui lui permet de répondre à ses besoins basiques. Une fois les besoins de base rencontrés, la relation entre richesse et bonheur n’est plus si évidente et peut même s’inverser. Plus étrange encore, accroître le revenu de tout le monde, n’augmente pas le bonheur de tout le monde, bien au contraire.

Tout est en effet, une question d’interdépendance des préférences et des normes sociales.

Savoir remettre l’argent à sa place

En effet, la norme à laquelle vous essayez de vous conformer évolue avec vos moyens. Concrètement, lorsque vos revenus augmentent, les normes matérielles sur lesquelles vos jugements de bien-être sont fondés vont très probablement augmenter également, et le niveau de vos aspirations va se rapprocher de celui d’une classe sociale plus « élevée ». Pourquoi ? Parce que vous allez désormais vous comparez à un groupe social différent, dont le train de vie est égal ou supérieur au vôtre. Et selon le groupe auquel vous vous comparez, la frustration est susceptible d’augmenter également malgré un accroissement de revenus.

Ainsi, vous avez sans doute pu vous acheter cette nouvelle voiture qui vous plaisait car votre revenu a augmenté. Mais lorsque vous avez emménagé dans un quartier plus huppé grâce à vos moyens accrus, vous découvrez que votre voisin vient d’acheter le modèle supérieur au vôtre. Peut-être vous sentez-vous frustré, malgré que vos conditions matérielles se soient objectivement améliorées. Si vous n’y prenez garde, vous pouvez sombrer dans l’illusion que davantage de moyens constituent la clé de votre bonheur. Vous vous lancez alors dans une course sans fin au « toujours plus » dans laquelle il n’y aura qu’un seul gagnant : la frustration.

Que se passera-t-il si vous persistez dans cette direction ? Des sentiments de tristesse, colère et frustration seront associés à votre manière dont vous gérez vos finances. Au lieu d’être vue comme un élément nécessaire et positif qui contribue à votre projet de vie, chaque dépense sera vue comme un frein au « toujours plus » et chaque rentrée comme un « pas assez ». Petit à petit, vous allez très certainement instaurer une relation malheureuse à l’argent.

Ce n’est pas le fait de gagner plus qui rend heureux mais bien la capacité à changer d’attitude par rapport à l’argent.

Si vous avez suivi le raisonnement jusqu’ici, vous comprenez à présent que ce n’est pas le simple fait de gagner plus qui vous rendra heureux, mais bien la manière dont vous serez capable de changer d’attitude par rapport à l’argent. Lorsque vous prenez une décision financière, il faut ainsi toujours vous rappeler que l’argent est un moyen et non une fin en soi.

Dans cette perspective, il est toujours utile de prendre du recul pour se demander si l’argent que vous générez vous permet de combler vos désirs profonds ou si, au contraire, il est un obstacle à votre bonheur. Il est en effet primordial d’être en mesure d’identifier les sentiments que l’on associe à l’argent. Si les pensées négatives dominent, elles auront une influence néfaste sur la manière dont vous prendrez des décisions financières. Vous risquez en effet de courir après une norme sociale plutôt que d’avancer sereinement et progressivement dans la réalisation de vos projets et aspirations. À vous de choisir !