Bien préparer la transmission de votre entreprise
Vous avez mis des années à construire, jour après jour, le succès de votre entreprise. Vous souhaitez dès lors en garantir la pérennité. Pour donner à votre projet toutes les chances de se prolonger et de grandir lorsque vous prendrez une retraite bien méritée, il est nécessaire de bien anticiper la transmission de votre entreprise.
Pour la majorité des entrepreneurs, il est évident que leur entreprise ne s’arrêtera pas de tourner le jour où ils choisiront de la quitter. Ils ont raison, à condition de se donner les moyens et le temps de bien choisir le repreneur et d’assurer une transmission réussie. Surtout quand on sait qu’un tel processus peut prendre des années. Petit tour d’horizon des étapes qui vous attendent.
Se préparer psychologiquement
En matière de transmission, la préparation occupe une place essentielle. N’attendez pas qu’il soit trop tard pour vous autoriser à réfléchir à la question.
Avant même d’entreprendre quoi que ce soit, la première interrogation est de savoir si vous souhaitez réellement céder votre entreprise. Hésiter sur ce point, c’est risquer de voir l’émotionnel prendre le dessus pendant le processus de cession, notamment face aux attentes et aux décisions du repreneur.
Ensuite, veillez à bien vous entourer d’experts et de votre banquier pour la valorisation de votre entreprise et les questions financières, d’autres dirigeants pour bénéficier de leurs conseils et retours d’expérience. Votre job est de vous focaliser sur l’essentiel. Cela signifie intervenir dans le processus uniquement pour prendre des décisions et trancher.
Dernier élément, fixez un calendrier et tenez-vous y. Sans brusquer les étapes et en veillant à la confidentialité du processus.
L’évaluation de votre business
C’est au cours de cette phase que vous devez faire preuve de lucidité et vous demander si votre business est vendable en l’état. Etablissez un état des lieux sans complaisance de votre activité (réalité du fonds de commerce, état des installations, carnet de commandes, turnover de vos collaborateurs, etc.). Mettez-vous à la place d’un repreneur potentiel et préparez des réponses à toutes ses questions éventuelles… car il vous les posera forcément s’il est sérieux.
Mettez-vous à la place d’un repreneur potentiel et préparez des réponses à toutes ses questions éventuelles… car il vous les posera forcément s’il est sérieux.
Pour évaluer la valeur de votre entreprise, vous devez non seulement vous appuyer sur les chiffres-clés de votre activité, mais aussi tenir compte de l’environnement économique. Pour cela, reposez-vous sur votre expert-comptable ou faites appel à votre banquier. A partir d’une analyse fiable et objective de la situation, ce dernier établit une valorisation de votre entreprise, de manière indépendante et en mobilisant toutes les expertises dont vous avez besoin, notamment à travers les réseaux de consultants à sa disposition. Il offre en outre l’avantage de pouvoir monter le dossier du financement de l’acquisition – ce qui peut rassurer le vendeur – et de gérer le placement du fruit de la vente de votre activité.
Une transmission réussie passe (…) par la capacité à transmettre également le capital intangible de votre activité, les valeurs qui l’animent.
Lors de cette phase, pensez également à anticiper les aspects fiscaux qui sont souvent complexes. En effet, contrairement à la cession d’actions ou de parts sociales d’une société de capitaux où le cédant sera imposé sur la plus-value éventuelle, la cession d’une entreprise individuelle ou d’une société de personnes vous conduit à devoir vous acquitter de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Impôt déterminé sur base du bénéfice imposable (bénéfice d’exploitation et bénéfice de cession/cessation). Soyez également attentif aux plus-values sur les bâtiments cédés.
Enfin, interrogez-vous sur la culture de votre entreprise, son ADN. Personne ne peut le faire mieux que vous! Une transmission réussie passe presque toujours, surtout pour les PME, par la capacité à transmettre également le capital intangible de votre activité, les valeurs qui l’animent. Un repreneur doit toujours tenir compte de ce point de départ s’il souhaite mettre toutes les chances de son côté.
La recherche d’un repreneur
Quel est le repreneur idéal? Un membre de la famille, un collaborateur en place, un professionnel aguerri de votre secteur, un jeune entrepreneur prometteur? Chaque cas a ses avantages et inconvénients. Par exemple, pouvoir céder son entreprise à l’un de ses enfants est souvent considéré comme une aubaine, mais cela soulève la question de la répartition du patrimoine vis-à-vis des autres héritiers. Un professionnel qui a fait ses preuves offre certaines garanties de succès, mais risque de modifier sensiblement la culture d’entreprise que vous avez mise en place depuis des années. Bref, le choix d’un bon repreneur est toujours fonction de la situation de votre entreprise et de vos souhaits.
Si vous n’avez aucun candidat potentiel, vous pouvez vous tourner vers une bourse d’entreprises telle que peut le proposer notamment la Chambre de Métiers. Des institutions financières luxembourgeoises de premier plan peuvent également vous aider à trouver des acquéreurs potentiels qui correspondent à vos critères. Elles offrent également l’avantage de pouvoir organiser vos rencontres avec le futur repreneur dans leurs locaux, soit sur un terrain neutre et en toute confidentialité. Un vrai plus sur un petit marché où tout se sait et où vos concurrents pourraient être tentés de démarcher vos meilleurs éléments s’ils avaient vent de vos démarches.
La négociation
La négociation est souvent un moment délicat et difficile de part et d’autre. Ici encore, être entouré d’experts qui préparent le terrain peut grandement aider et vous éviter un marathon éprouvant. Quelles que soient vos attentes, gardez à l’esprit deux principes. Tout d’abord, c’est le marché qui dicte sa loi: votre entreprise ne vaut in fine que ce que le repreneur est prêt à l’acheter, d’où l’intérêt d’avoir plusieurs candidats. Ensuite, souvenez-vous que la décision vous appartient malgré tout. Fort de ce savoir, il est possible de négocier sereinement.
La négociation devra se baser sur des éléments objectifs (bilans, chiffre d’affaires, résultat brut d’exploitation, immobilier à l’actif, projets en cours, carnet de commande, etc.) et subjectifs (culture d’entreprise, force et crédibilité de la marque, soft skills de l’équipe en place, etc.).
Il existe deux possibilités pour le rachat d’une société: le share deal (rachat des parts sociales / des titres) ou l’asset deal (rachat de certains actifs). Le choix retenu aura non seulement des conséquences sur les formalités de la transmission, mais aussi des implications fiscales importantes. Là où l’asset deal consiste à racheter une partie des actifs de la société (corporels et incorporels), le share deal signifie racheter l’intégralité de la société, c’est-à-dire tous les actifs et tout le passif, et implique la continuité de l’entreprise dans sa forme actuelle. Prenez le temps de bien vous renseigner sur chacune de ces options avant de faire votre choix.
Quoi qu’il en soit, la négociation ne porte pas uniquement sur le prix d’acquisition. C’est aussi au cours de cette phase qu’il faudra trouver un accord sur la succession managériale, le maintien ou non des équipes en place, etc. Une période de direction commune et un retrait progressif du cédant est une option. Eventuellement, le repreneur dispose de managers à sa disposition à qui il souhaite directement donner les commandes.
Il existe deux possibilités pour le rachat d’une société: le share deal (rachat des parts sociales / des titres) ou l’asset deal (rachat de certains actifs).
Une fois l’accord trouvé, il reste à formaliser le tout par écrit. En effet, le langage juridique a ses spécificités qu’il vaut mieux maîtriser et bien comprendre avant de signer quoi que ce soit. Là encore, se faire assister de professionnels n’est pas inutile. Loin s’en faut!
Une fois le contrat signé, il ne vous reste plus qu’à déboucher le champagne. Félicitations!
Cet article fait partie du dossier Dossier « Transmission d’entreprise »
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