Contrats d’entretien: quel coût pour votre tranquillité?
Un four qui tombe en panne 48 heures avant de faire cuire la dinde de Noël ou la voiture qui vous lâche deux jours avant le départ en vacances, cela vous est-il déjà arrivé? Vous vous dites alors peut-être que si vous aviez souscrit un contrat d’entretien, le problème aurait été rapidement réglé et sans devoir faire face à une grosse dépense imprévue. C’est possible, mais avez-vous bien calculé le coût de cette tranquillité d’esprit relative que procurent de tels contrats? myLIFE s’est penché sur la question pour vous!
Ce qu’il faut retenir
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Pourquoi les objets tombent-ils toujours en panne au plus mauvais moment? C’est d’autant plus vrai que, dans le cas du four ou de la voiture, ces imprévus ont un impact financier alors que votre budget a probablement été déjà entamé par les achats de Noël dans un cas et, dans l’autre, par une réservation d’un hôtel ou de certaines activités. Soit, il va falloir payer et cela fait d’autant plus mal que le réparateur ou le garagiste vous rappelle que vous n’auriez rien eu à payer si vous aviez souscrit à un contrat d’entretien. Il fallait y penser plus tôt!
Des tendances contradictoires
Nous avons tous tendance à vivre dans le présent et nous avons beaucoup de mal à nous projeter afin d’agir en fonction de nos préférences futures. C’est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de prévoir le coût réel de propriété qui intègre, outre un coût immédiat, des dépenses à venir probables ou obligatoires, mais peu agréables comme l’entretien d’un véhicule.
Outre cette tendance à vivre davantage dans l’instant présent, nous avons de surcroît une certaine aversion à la perte. Ressentie comme une douleur psychologique, une dépense ne nous semble acceptable que si elle permet d’obtenir une gratification suffisante en contrepartie. Par exemple, payer vos vacances en avance est acceptable car vous pouvez vous projeter allongé au soleil en bord de mer. En revanche, payer pour un nouveau four alors que le vôtre vous a lâché après seulement 5 ans est douloureux.
Sur cette base, on comprend pourquoi il nous est difficile de mettre de l’argent de côté pour de futures dépenses imprévues qui ne sont pas une source de gratification, mais qui permettront simplement de réparer ou remplacer ce qui ne fonctionne plus. L’épargne de précaution ne va pas de soi. Ainsi, plutôt que de s’empresser à mettre de l’argent de côté pour remplacer notre ordinateur qui montre des signes de faiblesse, notre aversion à la perte nous pousse à nous convaincre qu’il tiendra encore quelques mois. Cette pensée vous apaise sur le moment, mais quelles seraient les conséquences si votre ordinateur vous lâchait dans un mois, juste avant de devoir remettre un rapport important? Ne pouvant pas prédire l’avenir, la plupart d’entre nous préfère évacuer l’angoisse de cette incertitude en n’y pensant pas du tout, plutôt que de se préparer aux scénarios défavorables.
D’un côté, nous avons peur d’envisager un avenir douloureux, mais, de l’autre côté, nous aimons la prévisibilité.
Une autre manière de ne plus y penser, est de réduire l’incertitude en y opposant une certaine dose de prévisibilité. En effet, si nous avons peur d’envisager un avenir douloureux, nous aimons la prévisibilité. La solution: se projeter dans un avenir qui nous semble «domestiqué». Les constructeurs l’ont bien compris et c’est une des raisons pour lesquelles la plupart des biens de consommation onéreux sont assortis de nos jours de garanties ou assurances diverses. Oui mais voilà, ces garanties ont une durée limitée et ne couvrent pas toujours toutes les pannes. Or, c’est précisément lorsque nos appareils ont pris un peu d’âge et ne sont plus sous garantie que le risque de défaillance est plus élevé. Si la garantie offerte suffit à la tranquillité d’esprit de certains d’entre nous, d’autres individus, plus anxieux, sont prêts à aller plus loin pour demeurer sereins.
Contrats d’entretien: parfois oui, parfois non
Face au besoin de prévisibilité, les constructeurs automobiles et, plus récemment, les revendeurs d’électroménager proposent des contrats d’entretien supposés apporter la tranquillité souhaitée. À l’origine, le contrat d’entretien vient du monde du leasing, de la location longue durée, où il est adossé à la location d’un véhicule ou d’un équipement industriel. Un tel contrat prévoit, moyennant un paiement généralement mensuel, la prise en charge de certaines opérations de maintenance prévues au plan d’entretien, pièces et main d’œuvre comprises. Ils peuvent parfois inclure la prise en charge de certaines pannes. En général, plusieurs niveaux de services sont proposés. Plus vous payez, plus votre couverture contre les « imprévus » est large. Qu’il s’agisse de maintenance ou de pannes, vous n’avez alors plus à vous inquiéter de l’avenir; une aubaine si vous ressentez un fort besoin de simplicité et de prévisibilité. En revanche, ce sont vos finances qui risquent de faire la tête.
Pour vous en convaincre, considérez l’exemple suivant. Vous venez enfin de finir de payer le crédit de votre automobile et vous vous réjouissez de la somme mensuelle libérée. Mais à peine un mois plus tard, votre véhicule vous rappelle la nécessité de faire un entretien assez coûteux que vous avez totalement oublié d’envisager. Au moment de payer la note, le garagiste vous fait remarquer qu’avec un contrat d’entretien, ces travaux sur votre véhicule auraient été inclus et que vous n’auriez rien eu à payer. Bien décidé à ne plus revivre cette situation, vous êtes sur le point de signer ledit contrat. Est-ce vraiment une bonne idée?
Un contrat d’entretien peut être intéressant, à condition de savoir ce qu’il couvre et de rapporter cela à ce qu’il coûte.
Sur le fond un contrat d’entretien pourrait être intéressant, à condition de savoir ce qu’il couvre et de rapporter cela à ce qu’il coûte. Il ne faut jamais céder aux sirènes de la tranquillité en vous engageant à payer des mensualités sans en avoir évalué la pertinence. Certes, les entretiens les plus coûteux sont à prévoir lorsqu’un véhicule prend un peu d’âge, mais rien ne vous empêche d’anticiper la dépense plutôt que de payer un contrat d’entretien. En effet, contrairement à ce que met en avant le garagiste dans notre exemple, ce n’est pas parce qu’il n’y aurait rien à débourser pour l’entretien lui-même que ce dernier est gratuit avec un contrat d’entretien. Vous le payer au travers de vos prélèvements mensuels. Et ces mensualités peuvent s’avérer au final plus coûteuses que les différentes situations rencontrées avec votre véhicule et couvertes par votre contrat d’entretien.
Dès lors, si vous roulez peu, les entretiens ne seront pas si fréquents et il est peut-être alors préférable de les anticiper en mettant un peu d’argent de côté plutôt que de souscrire un contrat. Renseignez-vous, un bon garagiste est capable de vous donner une indication concernant les services à prévoir en fonction de l’âge et des kilomètres parcourus. Concernant les véritables imprévus, grosses pannes ou accidents, vous allez de toute manière vous tourner du côté de votre assureur ou d’un service d’assistance. Si vous êtes du genre à rouler beaucoup avec vos véhicules et à les utiliser jusqu’au bout de leurs capacités, un contrat d’entretien bien pensé sera sans doute une option à considérer.
Vous l’aurez compris, il n’est pas question pour nous de prendre position pour ou contre ces contrats, juste de vous rendre attentif au fait qu’ils ne sont pas forcément adaptés à toutes les situations.
Comment choisir?
Vous souhaitez décider en connaissance de cause? C’est possible, à condition de bien étudier les contrats et de faire les bons calculs pour cerner ce qui est vraiment le plus intéressant pour vous. Cela vous semble trop compliqué et vous êtes prêt à payer le prix de votre tranquillité d’esprit? Le mieux est sans doute de considérer l’option de rouler avec un véhicule en leasing opérationnel: ce type de contrat inclut l’usage du véhicule, son assurance et ses entretiens tout en vous laissant la possibilité de repartir au terme de la période définie sur un autre contrat avec un autre véhicule neuf.
Un contrat de location longue durée sur de l’électroménager doit être considéré avec davantage de prudence. Ce type d’offre est en effet à la mode, mais, vous n’avez pas la possibilité d’acquérir le matériel en fin de contrat. Soit vous le remplacez avec un nouveau contrat probablement plus onéreux sur du nouveau matériel, soit vous prolongez le contrat existant et vous finirez par payer autant, voire davantage, que le prix d’achat de l’appareil sans en être devenu propriétaire.
Avant de vous décider, il est également important de considérer l’aspect environnemental. Ces contrats ont en effet tendance à pousser à la consommation et au remplacement d’appareils encore en bon état de marche. Pas très green!
En résumé, les contrats d’entretien peuvent être très utiles et sont parfois indispensables pour des biens qui nécessitent un suivi régulier par un expert pour leur bon fonctionnement. C’est par exemple le cas d’une chaudière. Dans d’autres circonstances, il vous faut étudier minutieusement le coût et l’opportunité de tels contrats: ils sont inutiles sur des véhicules neufs qui sont souvent sous garantie et qui requièrent normalement des interventions mineures de type vidanges. Le risque zéro n’existe certes pas, mais c’est à vous d’évaluer jusqu’où un risque limité justifie de payer des montants importants.
Le risque zéro n’existe certes pas, mais c’est à vous d’évaluer jusqu’où un risque limité justifie de payer des montants importants.
Nous vous encourageons à faire l’effort intellectuel de bien lire votre contrat et de réaliser vos propres calculs afin de vous assurer de ne pas céder à la facilité cognitive en optant pour une tranquillité excessivement onéreuse. Plutôt que de payer de coûteux contrats de services pour des appareils qui ne vous appartiendront jamais, il peut être plus judicieux de prendre rendez-vous avec votre banquier pour négocier les termes d’un crédit à la consommation qui vous permettra d’acquérir du matériel de meilleure qualité dont vous pourrez profiter plus longtemps et sans souci majeur.