Des options d’investissement alternatives pour les temps difficiles
Les taux d’intérêt augmentent, l’inflation grimpe obstinément, et de nombreux marchés boursiers semblent aujourd’hui onéreux en comparaison historique. Il est peut-être temps de commencer à réfléchir à des options alternatives pour diversifier son portefeuille d’investissement, ou mieux, le protéger contre l’inflation, tout en y ajoutant différentes sources de rendement potentiel.
Il y a plus de 10 ans maintenant, les banques centrales à travers le monde ont orchestré une baisse spectaculaire des taux d’intérêt et procédé à un assouplissement quantitatif pour sortir l’économie mondiale du gouffre après la crise financière. La pandémie de Covid-19 les a incités à poursuivre doublement dans cette voie, et les responsables politiques y ont ajouté une bonne dose de dépenses publiques. Ce contexte a alimenté pendant 10 ans une hausse quasi ininterrompue des prix des actions. Mais le risque de les voir descendre de leur petit nuage semble aujourd’hui bien réel. Voici une sélection d’options alternatives pour votre portefeuille d’investissement. Attention, elles n’impliquent pas les mêmes risques que les actifs financiers traditionnels, et ne bénéficient pas de règles de protection des investisseurs. Pas question de s’y lancer sans réfléchir et sans l’accompagnement d’un expert si vous n’en êtes pas un !
Produits de luxe et objets de collection
Parfois, lorsque les marchés financiers semblent plus risqués, les biens tangibles ont un certain attrait, en particulier les vins haut de gamme, les objets d’art ou les bijoux. S’ils ne constituent pas toujours un investissement rentable, ils peuvent procurer à tout le moins un certain plaisir.
Mais ils offrent dans certains cas de belles performances. L’indice Liv-ex Fine Wine, qui sert de référence pour les prix des vins de qualité supérieure, s’est inscrit en hausse de 13,95 % sur l’année écoulée, pour une progression certes plus modeste de 16,69 % sur cinq ans. Le marché de l’art a lui aussi rebondi après une année 2021 compliquée.
Néanmoins, la performance de nombre de ces actifs est idiosyncratique et dépendra très largement de l’artiste, du millésime ou du style de bijou concerné. Leur valorisation peut s’avérer très subjective dans des secteurs où les actifs n’ont pas de prix objectivement mesurable – ils valent ce qu’un acheteur est prêt à payer. La liquidité constitue également un enjeu important pour ces actifs. À moins que vous ne soyez particulièrement expérimenté sur certains marchés ou que vous ayez les reins suffisamment solides pour absorber les pertes éventuelles, l’investissement dans des objets tangibles doit être envisagé avec prudence.
Un intermédiaire de renom, tel qu’une maison de vente aux enchères ou un négociant en vin, peut vous aider à éviter les pièges que ces marchés complexes tendent aux imprudents.
Si vous n’êtes pas expert en la matière, il est capital de chercher conseil auprès de quelqu’un de qualifié. Un intermédiaire de renom, tel qu’une maison de vente aux enchères ou un négociant en vin, peut vous aider à éviter les pièges que ces marchés complexes tendent aux imprudents.
Métaux précieux
Depuis plusieurs dizaines d’années, les investisseurs achètent de l’or pour se prémunir de toute catastrophe – inflation galopante, krach boursier ou effondrement économique. L’or s’est avéré un piètre investissement lorsque les marchés actions ont eu le vent en poupe mais il a retrouvé dès 2019, et plus encore en 2020, les faveurs d’investisseurs inquiets face à l’impact de la pandémie. Plus récemment, le prix de l’or s’est stabilisé à mesure que la reprise économique s’est installée.
Les cours du métal jaune sont par ailleurs liés à l’évolution des taux d’intérêt. Dès lors qu’il ne verse aucun revenu, sa valeur tend à s’étioler lorsque les taux d’intérêt augmentent, comme c’est le cas aujourd’hui. Enfin, l’émergence des cryptomonnaies, qui séduisent les jeunes générations d’investisseurs, est également susceptible de miner l’attrait de l’or. Le bitcoin en particulier pourrait commencer à s’imposer en tant qu’actif alternatif lors des périodes économiques difficiles, bien que la volatilité des monnaies virtuelles observée ces dernières années tend à démontrer qu’elles ne sont pas un pari à sens unique.
Les autres métaux précieux suivent en général la trajectoire de l’or, hormis s’ils répondent à un besoin industriel spécifique et essentiel. Le palladium, par exemple, est utilisé dans l’électronique et les applications chimiques. Il convient également de noter que les métaux précieux peuvent offrir au portefeuille une protection efficace en période de crise internationale.
Les matières premières ont régulièrement servi de bouclier contre l’inflation dans la mesure où la demande augmente lorsque l’économie mondiale est en expansion, ce qui tend à faire grimper les cours.
Matières premières et agriculture
Les matières premières ont régulièrement servi de bouclier contre l’inflation dans la mesure où la demande augmente lorsque l’économie mondiale est en expansion, ce qui tend à faire grimper les cours. Cette corrélation traditionnelle pourrait être en train de s’estomper quelque peu : au XXIe siècle, l’expansion économique n’a pas nécessairement créé autant de demande pour les matières premières qu’il y a 20 ans. Le marché évolue également dans la mesure où les pays commencent à créer des infrastructures vertes et à accélérer la transition énergétique, ce qui fait naître une demande pour d’autres types de matières premières.
Les prix des matières premières ont grimpé en flèche en 2021, dès lors que la reprise économique s’est heurtée à des goulets d’étranglement au niveau de l’offre, ainsi qu’à l’inquiétude suscitée par les tensions politiques en Europe de l’Est. La guerre en Ukraine a depuis entraîné une flambée des prix des matières premières qui semble durable.
Ces facteurs ont contribué à la bonne performance des matières premières et des entreprises du secteur. Les investisseurs disposent désormais d’un large éventail d’options pour investir sur les marchés des matières premières, notamment des fonds négociés en bourse, liquides et bon marché, ou des fonds spécialisés gérés activement.
L’agriculture constitue un autre vecteur de diversification pour les investisseurs. Ces dernières années, les matières premières agricoles ont suscité un intérêt plus large. Il faut dire que ce secteur est exposé à l’essor de la classe moyenne dans les pays émergents. Avec la hausse du niveau de vie, les individus ont tendance à consommer davantage de viande, ce qui requiert davantage de céréales, créant ainsi un cercle vertueux pour les entreprises agricoles.
Par ailleurs, un certain nombre de menaces pèsent sur la sécurité alimentaire mondiale, dont le changement climatique et l’agitation politique, qui ont un impact sur les prix des produits alimentaires. Selon les estimations de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production agricole devra augmenter de 70 % d’ici 2050 pour nourrir les 9 milliards d’habitants que la planète comptera alors. L’investissement dans ces actifs pose ainsi certaines questions morales loin d’être anodines et encore plus délicates depuis le début de la guerre en Ukraine.
Des devises aux obligations catastrophe
D’autres types de placements autrefois réservés aux investisseurs institutionnels se démocratisent progressivement, et pourraient intéresser ceux qui sont prêts à prendre davantage de risque en échange de rendements supérieurs. Le capital-risque permet aux investisseurs de miser sur de jeunes entreprises innovantes et en plein essor, tout en bénéficiant parfois d’avantages fiscaux importants.
Le capital-investissement a connu un essor considérable ces dernières années, et de nombreuses grandes entreprises très en vue sont restées aux mains d’investisseurs privés bien plus longtemps qu’elles ne l’auraient accepté il y a dix ans à peine.
Le capital-risque et le capital-investissement s’imposent de plus en plus comme des canaux privilégiés pour investir dans les entreprises technologiques émergentes. Ce type de propriété offre aux entrepreneurs une plus grande liberté par rapport à une cotation en bourse. Les investisseurs intéressés par le capital-risque et le capital-investissement disposent désormais de toute une gamme d’options de placement collectif. Mais il ne faut pas oublier que bien des jeunes entreprises innovantes ne rembourseront jamais les investisseurs. Les sociétés de capital-risque visent la réussite exceptionnelle qui permettra de compenser les échecs multiples.
Les fonds de devises peuvent également offrir une diversification par rapport aux marchés d’obligations et d’actions, dès lors qu’il existe une dimension de relativité (une devise se définit par rapport à une autre). Les grands gestionnaires de devises visent à dégager des rendements positifs dans toutes les conditions de marché, mais cet objectif est très difficile à atteindre et beaucoup échouent.
Parmi les autres options possibles, citons les obligations catastrophes, dont les rendements dépendent généralement de conditions météorologiques extrêmes (plutôt que de perturbations d’ordre économique). Les fonds de prêts spécialisés sont apparus au cours de la dernière décennie, alors que dans certains pays, les contraintes de capital ont incité les banques à diminuer les prêts aux entreprises.
Certains de ces placements peuvent être très utiles pour améliorer la stabilité d’un portefeuille à un moment où l’environnement est moins prévisible pour les marchés financiers classiques. Une bonne pratique d’investissement consiste également à accroître la diversité de votre portefeuille et à chercher des moyens de lisser les rendements dans le temps – tout en restant conscients des éventuels pièges.
Terminons cette analyse en rappelant que les tensions géopolitiques actuelles rendent particulièrement délicates toute projection à moyen terme et qu’il est plus important que jamais de se faire accompagner par des experts compétents avant d’envisager tout investissement dans ces options alternatives. Vous voilà prévenu !
Il est peut-être temps de commencer à réfléchir à des options alternatives pour diversifier son portefeuille d’investissement, ou mieux, le protéger contre l’inflation.