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20 avril 2024

Investissements: le potentiel d’une approche de long terme

Les experts ne manquent jamais une occasion de nous rappeler que l’investissement doit s’inscrire dans une perspective de long terme. Ils préconisent un horizon d’investissement de cinq ans minimum pour quiconque souhaite investir en bourse. Mais ne serait-il pas plus avisé de s’effacer en amont du repli et de regagner le marché avant la remontée des prix?

L’argument en faveur d’une approche de long terme tient au fait que la progression des marchés actions, qui tendent à surperformer les obligations et les produits monétaires sur de longues périodes, n’a rien de linéaire. Les bourses sont d’humeur changeante, comme l’ont redécouvert les investisseurs avec les perturbations liées à la pandémie de Covid-19. En adoptant une vision de long terme, ces derniers se libèrent de la contrainte de vendre après un repli des cours, et peuvent attendre patiemment que les marchés se redressent, ce qui finit presque toujours par arriver.

Mais ne serait-il pas tentant d’essayer d’anticiper l’évolution du marché? Pourquoi ne pas liquider ses positions lorsque les nuages s’amoncellent et réinvestir une fois que l’horizon s’éclaircit? En théorie, c’est une excellente idée. Mais en pratique, cette approche ne fonctionne que rarement. Pourquoi? Parce qu’elle est contre nature! Et même pour les investisseurs les plus expérimentés, c’est presque mission impossible.

Suivre la masse

Les investisseurs ont l’esprit grégaire: ils vendent quand les marchés vont mal, achètent quand le temps semble au beau fixe. C’est ce que confirme l’enquête annuelle « Quantitative Analysis of Investor Behavior » (analyse quantitative du comportement des investisseurs) du cabinet d’études de marché américain Dalbar. Sa dernière édition, portant sur 2022, révèle en effet qu’au cours de cette année marquée par une baisse simultanée inhabituelle des marchés actions et obligataires, l’investisseur lambda a perdu davantage d’argent encore.

L’étude a démontré que les pertes subies associées à un besoin accru de liquidités ont incité tous les types d’investisseurs américains, en particulier ceux qui investissent dans des fonds obligataires et mixtes, à effectuer des retraits de leurs comptes d’investissement. Le marché des fonds obligataires a enregistré sa plus forte correction annuelle depuis 1985, tandis que la décollecte des fonds composés d’actions et de titres à revenu fixe n’avait plus été aussi élevée depuis 1994. L’investisseur moyen en fonds actions a perdu 21,17% des fonds sur son compte lors de cette année, pour un recul de 18,11% pour l’indice S&P 500.

La principale préoccupation des investisseurs devrait être de s’assurer qu’ils n’aggravent pas leurs pertes en tentant de les éviter de manière irrationnelle.

Cory Clark, Chief Marketing Officer de Dalbar: « En réalité, les marchés connaîtront une année comme 2022 tous les 10 ans environ, [mais] cela ne les a pas empêchés de générer de solides rendements à long terme robustes pour les investisseurs les plus patients. Il n’y a pas de mal à reculer un peu avec la marée descendante, car vous finirez par remonter avec elle. La principale préoccupation des investisseurs devrait être de s’assurer qu’ils n’aggravent pas leurs pertes en tentant de les éviter de manière irrationnelle. »

Les dangers des décisions basées sur les émotions.

La peur et l’avidité sont les principaux facteurs qui incitent les investisseurs à prendre des décisions irréfléchies sous le coup de l’émotion. Pour réaliser un bon market timing, il faut prendre deux bonnes décisions: quand se retirer du marché et quand le réinvestir. Mais il faut savoir que statistiquement, à chaque tentative, nos chances diminuent de moitié. Reproduit à l’excès, ce schéma peut s’avérer destructeur de valeur à long terme.

Il est risqué de se laisser influencer par les atermoiements du marché ou les fluctuations du contexte d’investissement et c’est toute la performance à long terme qui est en jeu. Les gains les plus importants se récoltent généralement au lendemain de chutes importantes ou lors de jours bien précis.

Si l’investisseur vend au premier signe de malaise, il se prive de gains ultérieurs potentiels et diminue ses chances de voir la valeur de son investissement se redresser, du moins en partie.

Si l’investisseur vend au premier signe de malaise, il se prive de gains ultérieurs potentiels et diminue ses chances de voir la valeur de son investissement se redresser, du moins en partie. Il est en effet si peu naturel pour la plupart des investisseurs d’acheter lorsque le marché semble encore en difficulté. Aussi une approche de long terme pourra-t-elle contribuer à éviter les écueils inhérents aux tentatives de market timing.

La magie de la capitalisation des intérêts

La capitalisation des intérêts (ou d’autres types de rendement) compte parmi les facteurs les plus importants dans la création de valeur à long terme. Mais pour que la magie opère, les investisseurs doivent laisser leurs investissements au repos afin de cumuler des dividendes et de réinvestir les gains.

D’après la plateforme d’investissement britannique Hargreaves Lansdown, grâce à la croissance du capital générée, un investissement de 10.000£ effectué sur le marché boursier britannique à la fin du mois de mai 1991 vaudrait 33.416£ au bout de 30 ans. En revanche, le réinvestissement des dividendes au cours de cette période aurait rapporté 62.576£ supplémentaires, portant le total en mai 2021 à près de 96.000£.

Le facteur coût est important également. Chaque euro, dollar ou livre sterling de frais payé ronge les rendements futurs. Ici, la magie de la capitalisation fonctionne à l’envers – l’impact des coûts sur la valeur d’un portefeuille augmente avec le temps. Pour éviter de payer des frais de compte trop élevés, une stratégie d’achat et de conservation à long terme vaut mieux que de nombreuses allées et venues sur le marché.

Il est certes facile de se laisser influencer par l’actualité de marché, d’acheter et de vendre au gré de statistiques économiques ou d’échanges envenimés entre responsables américains et chinois, mais il faut savoir que cela engendre des frais de transaction supplémentaires, qui éroderont peu à peu la valeur réelle des investissements. Avant d’apporter des changements à leur portefeuille, les investisseurs doivent impérativement s’assurer que le potentiel de gain sera supérieur aux coûts de transaction engagés.

Miser sur l’irrationalité

Les marchés boursiers se comportent généralement de manière irrationnelle à court terme, mais de manière rationnelle à long terme. Dans l’ensemble, les investissements sont détenus pendant des périodes de plus en plus courtes: la période de détention d’une action individuelle aux États-Unis était de 10 mois en moyenne en 2021, contre cinq ans dans les années 1970. Voilà une belle opportunité pour les investisseurs qui pourront se montrer patients. Dès lors que les prix ne reflètent pas toujours la valeur réelle d’une entreprise, les investisseurs patients devraient pouvoir tirer profit d’une telle irrationalité.

Rappelons que dans bien des cas, les objectifs d’un investisseur s’inscrivent dans une optique de long terme (épargne retraite, études universitaires des enfants, investissement dans une seconde résidence, etc.). Il ne sert donc à rien de se laisser distraire par les fluctuations à court terme. En fait, la volatilité à court terme ne sera vraisemblablement pas de nature à compromettre les ambitions futures des investisseurs, pour autant que celles-ci soient suffisamment éloignées dans le temps.

En tant qu’investisseur, il est toujours utile de se demander de combien de temps l’on dispose pour permettre à notre investissement de croître et de déterminer le montant que l’on souhaiterait obtenir au terme de la période d’investissement envisagée.

En tant qu’investisseur, il est toujours utile de se demander de combien de temps l’on dispose pour permettre à notre investissement de croître et de déterminer le montant que l’on souhaiterait obtenir au terme de la période d’investissement envisagée. Les réponses à ces questions vous permettront de vous faire une meilleure idée du risque auquel vous pouvez vous exposer, même si, bien entendu, il est inutile de prendre plus de risque que nécessaire.

En règle générale, au plus votre horizon de placement sera long, au plus votre potentiel de rendement sera élevé. S’il ne s’agit pas de tout bonnement ignorer vos investissements dans l’intervalle – un suivi est essentiel pour s’assurer qu’ils restent adéquats en vue d’atteindre vos objectifs à long terme –, l’idée est qu’une stratégie d’achat et de conservation, non interventionniste, maximisera généralement vos chances de réussite.