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23 avril 2024

Premier salaire ? Ce n’est pas net tout ça !

Céline fait ses premiers pas dans la vie active et, après un premier mois de travail, c’est avec fierté qu’elle récupère sa première fiche de salaire. Et là, c’est le choc ! Le montant versé sur son compte n’est pas du tout celui qu’elle imaginait. Manifestement ce n’est pas ce qu’elle gagne qui compte (salaire brut), mais ce qui lui reste après déduction des impôts et cotisations sociales (salaire net). Explications.

À 23 ans, Céline est une célibataire dynamique et sans enfant qui a le graphisme dans la peau. Quelle joie le jour où elle a signé son contrat d’infographiste dans une agence de communication réputée de la capitale et située à deux pas de chez elle. Une joie d’autant plus intense qu’elle a réussi à négocier un salaire de 2.850 €/mois avec une promesse de réévaluation après un an si elle fait ses preuves ! Dans sa tête, c’était fiesta et shopping en perspective avec les copines… jusqu’au jour où son premier salaire est tombé : 2.331,68 € net. C’est la douche froide. Et ce n’est pas le prochain saut d’index qui va compenser la différence. Céline réalise qu’elle va devoir gérer son budget avec beaucoup plus de rigueur que ce qu’elle s’était imaginé. Mais d’abord, elle a besoin de bien comprendre comment est déterminé son salaire net.

Le salaire net, c’est le salaire brut auquel ont été soustraits les cotisations sociales, les impôts (prélevés à la source) et la contribution à l’assurance dépendance.

T’es pas net, espèce de brut !

Au Luxembourg, lorsqu’il est question de salaires, c’est généralement au salaire brut que l’on se réfère, tant à l’embauche que lors des négociations salariales. Il s’agit en principe d’un montant exprimé en euros et versés 12 fois par an. À priori, mais vérifiez bien ce point dans votre contrat avant de signer, ce montant n’intègre pas les éventuelles primes, gratifications ou mois supplémentaires susceptibles d’être payés par votre employeur.

Le choc de Céline vient du fait que ce salaire brut n’est pas le montant qu’elle va effectivement pouvoir dépenser chaque mois. Le montant à sa disposition est le salaire net, c’est-à-dire le salaire brut auquel ont été soustraits les cotisations sociales, les impôts (prélevés à la source) et la contribution à l’assurance dépendance. C’est ce que constate Céline sur sa fiche de paie. En gros, et sans tenir compte d’éventuelles déductions, exemptions ou crédit d’impôts :

  • salaire brut – cotisations sociales = rémunération semi-nette ;
  • rémunération semi-nette – (impôts + contribution à l’assurance dépendance) = salaire net.

Après vérification sur un simulateur de salaires en ligne, Céline comprend mieux sa méprise. Par contre, elle se demande pourquoi les cotisations sociales et sa contribution à l’assurance dépendance pèsent si lourd. Atteignant environ 350€ chaque mois, la totalité de ses cotisations sociales représente plus de 12% de son salaire brut ! Si on y ajoute les impôts, c’est un écart de plus de 18% entre le brut et le net. C’est beaucoup quand-même !

Cotisations sociales : le prix de la solidarité

Les cotisations sociales payées par Céline chaque mois contribuent à financer la sécurité sociale du pays dont l’objectif est, selon le portail officiel du Grand-Duché de Luxembourg, de « protéger, dans une mesure suffisante, toute personne contre un certain nombre d’éventualités qui sont susceptibles de réduire ou de supprimer son activité, de lui imposer des charges supplémentaires, de la laisser dans le besoin en tant que survivant, ou de la réduire en état de dépendance. »

Une maladie ou une invalidité, une période de chômage suite à un licenciement, un congé de maternité et des enfants à charge, un départ à la retraite, voilà autant de situations où l’intervention de l’État est rendue possible grâce aux cotisations sociales versées entre autres par Céline, à savoir :

  • 8,00 % du salaire brut pour l’assurance pension ;
  • 3,05 % du salaire brut pour l’assurance maladie ;
  • 1,40% du salaire brut pour la contribution à l’assurance dépendance1.

Est-ce beaucoup ? Si nous ne tranchons pas la question, nous pouvons toutefois affirmer prudemment que ces taux risquent de ne pas être suffisants à long terme si le Luxembourg veut conserver le niveau actuel des prestations de la sécurité sociale. Face à l’augmentation du nombre de bénéficiaires par rapport au nombre de cotisants, la pérennité du mode de financement actuel est fragile aux yeux de certains spécialistes. C’est en partie la raison pour laquelle le gouvernement luxembourgeois incite fiscalement les citoyens à souscrire à des contrats privés de prévoyance-vieillesse.

Impôts, le prélèvement à la source

Les impôts que payent Céline servent à financer les dépenses de l’État : l’éducation, la sécurité, la défense, la culture, les infrastructures, l’entretien des espaces,…

Au Luxembourg, les impôts sont directement prélevés à la source. Cela signifie que vous n’êtes pas obligé de rentrer une déclaration d’impôts si vous répondez à certains critères que myLIFE a déjà abordés ailleurs. Payer l’impôt est un devoir qui s’impose à tous les salariés afin que chacun participe à ces dépenses. En cela, tous les travailleurs sont soumis à ce même devoir. Toutefois, tout le monde ne paye pas le même pourcentage d’impôts. La participation aux dépenses de l’État s’établit en effet selon le principe de « l’équité » et pas celui de « l’égalité ». Concrètement, cela signifie que celui qui gagne plus payera également proportionnellement davantage que celui qui gagne moins.

Au Luxembourg, le taux d’imposition appliqué ne dépend pas uniquement de votre revenu, mais aussi de votre situation familiale qui détermine votre classe d’impôt. Il trois classes d’impôts : la classe 1, 1a et 2. Céline étant célibataire et sans enfant, elle se retrouve en classe 1 qui est la plus fortement imposée.

Au moins c’est clair maintenant et Céline compte bien faire ses preuves et tout déchirer au travail pour négocier d’arrache-pied son augmentation d’ici un an. Ça au moins c’est net !

1 L’assiette de la contribution à l’assurance dépendance est en réalité le salaire brut réduit d’un abattement correspondant à un quart du salaire social minimum pour un ouvrier non qualifié âgé de 18 ans au moins. Cet abattement est par ailleurs proratisé en fonction du nombre d’heures déclarées par rapport à 173 heures, si la durée du travail au service d’un employeur est inférieure à 150 heures pour un mois de calendrier.