Quel est votre niveau d’endettement personnel?
Si vous remboursez un prêt immobilier ou un crédit à la consommation, vous êtes considéré comme étant endetté. Mais connaissez-vous votre niveau d’endettement? De quoi s’agit-il exactement, comment le calculer et à quoi faut-il être attentif pour éviter de tomber dans le surendettement?
Qu’est-ce que l’endettement?
L’endettement désigne le fait de rembourser un ou plusieurs emprunts de manière contrôlée. Bien qu’il puisse s’agir de tout type de dette à rembourser, on parle généralement d’endettement lorsqu’un particulier a contracté un crédit immobilier et/ou un crédit à la consommation et le(s) rembourse à la banque. Il s’agit d’une situation commune, souvent nécessaire pour financer les gros projets (travaux, achat d’une voiture, d’un logement, etc.).
L’endettement n’est pas négatif tant qu’il reste maîtrisé. Il ne doit pas être confondu avec le surendettement, qui signifie ne plus être capable de faire face à ses obligations en raison de dettes trop élevées ou d’un manque de revenus.
Connaître votre niveau d’endettement va vous aider à évaluer l’état de santé de vos finances.
Pourquoi calculer son niveau d’endettement?
Connaître votre niveau d’endettement va vous aider à évaluer l’état de santé de vos finances. Grâce à cet indicateur, vous allez déterminer si votre situation financière vous permet de souscrire un crédit sans mettre en danger l’équilibre de votre budget. Il vous donne une idée claire de la part de votre revenu qui est mobilisée pour le remboursement de votre/vos emprunt(s).
Afin de le mesurer, vous pouvez calculer le rapport entre vos revenus et vos charges, ce que l’on appelle le taux d’endettement. Un taux d’endettement de 25%, par exemple, signifie que 25% de vos revenus sont utilisés pour rembourser vos charges fixes récurrentes.
Le taux d’endettement est d’ailleurs l’un des critères pris en compte par votre banque afin d’évaluer votre capacité de remboursement d’un crédit:
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- Plus votre taux d’endettement est faible, plus vous aurez la capacité d’assurer le remboursement de nouvelles mensualités et plus vous aurez de chances d’obtenir un prêt.
- À l’inverse, plus votre taux est élevé, plus vous risquez de rencontrer des difficultés à assumer vos remboursements et à maintenir votre niveau de vie. Dans ce cas, un financement de la part de votre banque pourrait être plus difficile à obtenir.
En principe, les établissements de crédit considèrent que le taux d’endettement ne devrait pas dépasser environ un tiers des revenus (33%, 35% ou encore 40% selon les banques). Au-delà, ils peuvent estimer qu’il devient risqué pour vous et pour eux de vous prêter de l’argent.
Il est cependant possible de dépasser ce seuil. En effet, le taux d’endettement n’est pas le seul élément examiné par la banque pour évaluer votre capacité d’emprunt. Elle va aussi étudier votre situation familiale (le nombre de personnes composant votre foyer par rapport à vos revenus) et la somme d’argent qu’il vous restera une fois l’ensemble de vos charges payé. Ce que l’on nomme «le reste à vivre» constitue de plus en plus un critère déterminant pour l’octroi ou non d’un nouveau crédit. C’est ce reste à vivre qui doit vous permettre d’assurer les dépenses courantes incompressibles comme l’alimentation, les transports ou certains services comme la garde d’enfants. Ce reste à vivre doit être suffisamment élevé pour maintenir votre qualité de vie.
Bon à savoir: si vous envisagez de prendre un crédit, mais que votre taux d’endettement est trop élevé, parlez-en avec votre conseiller financier. Afin de diminuer votre charge, identifiez avec lui les options permettant de faire baisser le coût de votre emprunt. Vous pouvez, par exemple, négocier le taux d’intérêt ou augmenter la durée de remboursement. Ne vous engagez cependant pas si la souscription d’un prêt vous demande un effort financier trop important. Tenez par ailleurs compte de la fluctuation possible des taux d’intérêts si votre crédit est à taux variable.
Taux d’endettement = (dettes fixes mensuelles / revenus nets mensuels) x 100.
Comment calculer mon taux d’endettement?
Le calcul de votre ratio dette/revenu est simple. Il suffit d’additionner vos dettes mensuelles récurrentes, puis de diviser le nombre obtenu par vos revenus mensuels nets, et enfin de multiplier le résultat par 100:
Taux d’endettement = (dettes fixes mensuelles / revenus nets mensuels) x 100
Les revenus et les charges prises en compte pour le calcul peuvent varier selon les organismes financiers, mais en principe, ils considèrent les données suivantes:
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- Les revenus mensuels: salaire, pension, revenu professionnel non-salarié, pensions alimentaires, allocations familiales, etc.
- Les charges fixes mensuelles: mensualités de vos crédits en cours (prêt immobilier, prêt automobile, crédit à la consommation) et loyer si vous êtes locataire.
Les autres charges (factures d’eau et d’énergie, assurances, impôts, abonnements de téléphone, etc.) ne sont en général pas comptabilisées pour le calcul du taux d’endettement. La banque en tient cependant compte pour l’évaluation de votre situation financière globale.
Pour vous aider à évaluer votre taux d’endettement, vous pouvez utiliser le simulateur en ligne proposé par le Service d’Information et de Conseil en matière de Surendettement (SICS) de la Ligue Médico-Sociale.
Exemple
Gary et Monica sont mariés. Ils envisagent de souscrire un prêt immobilier pour l’appartement qu’ils ont repéré près de la frontière. Ils remboursent déjà un crédit automobile et ils aimeraient pouvoir cumuler les deux emprunts. Avant d’aller voir leur banquier, ils peuvent calculer leur taux d’endettement afin d’avoir une idée de leur situation financière.
À eux deux, ils touchent un revenu mensuel net de 9.000€. Ils remboursent déjà un prêt auto dont les mensualités s’élèvent à 500€ par mois. Après avoir effectué une simulation sur le site de la banque, ils pensent devoir rembourser environ 2.400€ par mois pour leur emprunt immobilier. Ils arrivent ainsi à un montant total de 2.900€ de charges (500€ de crédit auto + 2.400€ de prêt immobilier). Leur taux d’endettement s’élève donc à (2.900 / 9.000) x 100 soit 32,22%.
Bien qu’étant sous du seuil du tiers de leurs revenus, avant d’accepter ou de refuser leur demande, le banquier évaluera avec eux les conditions du crédit (montant de leur apport, durée de l’emprunt et taux d’intérêt) et leur reste à vivre.
Outre les dépenses annexes liées au bien immobilier, tous les autres frais qui leur incombent ne doivent pas être négligés: eau, électricité, assurances, taxes, transports, abonnements téléphoniques, etc. Ces derniers peuvent en effet représenter une grosse part de leur budget à la fin du mois. La banque doit ainsi en tenir compte et s’assurer que l’argent restant après avoir payé leurs charges leur permet de continuer à vivre dans de bonnes conditions.
Emprunter pour investir
La souscription d’un ou de plusieurs crédits peut représenter une stratégie d’investissement consistant à investir dans un actif une somme d’argent plus importante que ce l’on possède vraiment. Autrement dit, il s’agit de s’endetter pour augmenter sa capacité d’investissement. On parle alors d’un investissement à effet de levier. L’exemple le plus courant est celui de l’investissement locatif. L’investisseur emprunte de l’argent pour acquérir un bien immobilier qu’il met ensuite en location. Les loyers perçus lui servent à payer les mensualités. Si les conditions du crédit sont bonnes et que le marché est favorable (taux d’intérêt de l’emprunt faible, hausse de la valeur du bien dans le temps, etc.), l’investisseur réalisera une plus-value à la revente. Un gain d’autant plus important qu’il n’aura apporté qu’un capital de départ limité. À l’inverse, si le marché est défavorable ou que surviennent des imprévus (forte hausse des taux d’intérêt, chute des prix du logement, impayés de loyers, gros travaux, etc.), le risque de perte financière est bien réel. En effet, pour être rentable, le coût du crédit ne doit pas être supérieur à ce qu’il rapporte. Le risque dans ce type d’investissement financé par l’emprunt, c’est que l’effet de levier peut avoir un effet multiplicateur: il peut amplifier les gains, mais aussi les pertes. Il s’agit donc d’être prudent et de s’assurer d’avoir les moyens financiers pour supporter d’éventuelles pertes. |
À quoi faut-il être attentif pour éviter le surendettement?
Avoir des crédits à rembourser ou traverser une mauvaise passe financière ne fait pas de vous quelqu’un de surendetté. C’est lorsque ces difficultés commencent à durer dans le temps qu’il faut se montrer prudent.
On parle de surendettement lorsque le revenu ne permet plus de faire face à ses mensualités, charges courantes, factures, etc. sur une durée de plus de 6 mois.
Selon le SICS, on parle de surendettement lorsque le revenu ne permet plus de faire face à ses mensualités, charges courantes, factures, etc. sur une durée de plus de 6 mois. Toujours selon le SICS, si votre taux d’endettement dépasse les 30%, vous devez rester vigilant, et plus vous approchez des 60%, plus le risque de surendettement augmente.
Tout dépend cependant du niveau de vos revenus et de ce qu’il vous reste comme argent pour vivre après avoir payé toutes vos charges. Si vous gagnez 3.000€ par mois et que vous avez un taux d’endettement de 50%, vous aurez davantage de difficultés à faire face à vos obligations financières, qu’une personne endettée à 50%, mais gagnant 8.000€ par mois. Les très petits revenus peuvent déjà être en situation de surendettement avec un taux d’endettement de seulement 20%.
Le surendettement ne concerne pas uniquement les personnes ayant de faibles moyens financiers. Il peut toucher tout le monde et être la conséquence d’une baisse de revenus, de la perte d’un emploi, d’un divorce, d’une maladie, d’un décès, etc. Il peut aussi être le résultat d’une mauvaise gestion financière ou encore d’un usage excessif ou inapproprié du crédit. Soyez d’ailleurs particulièrement attentif à l’utilisation des crédits renouvelables qui s’accompagnent de taux d’intérêt souvent (très) élevés.
Afin d’éviter de vous retrouver dans une position délicate, il est important de bien suivre vos finances et d’établir un budget. La souscription d’une assurance «solde restant dû» pour votre prêt est également fortement recommandée pour garantir votre capacité de remboursement en cas d’accident de la vie.
Si vous constatez que vous êtes dans une situation à risque, essayez de changer vos habitudes de consommation, identifiez vos dépenses non-essentielles et surtout, renoncez à souscrire de nouveaux emprunts. Parlez-en à votre conseiller bancaire pour étudier avec lui les solutions qui s’offrent à vous (rachat de crédit, renégociation de taux, etc.).
Enfin, si vous vous sentez dépassé, n’hésitez pas à vous adresser au SICS afin de vous faire conseiller et accompagner. N’attendez pas qu’il soit trop tard! Découvrez plus d’informations dans l’article: Surendettement, restez vigilant!