Argent et couple peuvent-ils faire bon ménage?

Si vous êtes en couple depuis un moment, vous savez forcément que l’argent peut être une source de frictions. Plutôt que de ne pas les adresser, il est important de trouver un compromis sur la manière de gérer à deux le budget familial. Souvent, cela implique d’identifier d’abord la source profonde de ces tensions. myLIFE vous aide à mieux gérer ces disputes financières qui gâchent trop souvent l’harmonie de votre foyer.

À ses premières heures, un jeune couple passionné pense pouvoir se contenter d’amour et d’eau fraîche pour être heureux. Mais lorsque les factures tombent et que l’argent disponible ne suffit pas pour satisfaire les envies ou les besoins de chacun, des tensions peuvent rapidement apparaître. L’argent joue un rôle complexe dans la mécanique du couple et des désaccords financiers récurrents peuvent abîmer, voire détruire, une relation qui semblait pourtant solide. Pourquoi? Car l’argent en tant que tel est un moyen et la manière dont il est géré révèle ce que chacun valorise et poursuit réellement au plus profond de lui-même. Il fait remonter à la surface des différences dont le couple n’avait pas toujours conscience et qu’il doit à présent adresser. Dès lors, des discussions financières, même très animées, ne sont pas mauvaises si elles portent sur les vraies causes du désaccord et débouchent sur de bons compromis.

Des discussions financières animées dans le couple ne sont pas mauvaises si elles portent sur les vraies causes du désaccord et débouchent sur de bons compromis.

Une étude réalisée en 2023 par J. Peetz, Z. Meloff et C. Royle analyse plusieurs centaines de discussions postées sur le réseau Reddit relatives à des disputes de couples. Il en ressort que les désaccords sur les questions d’argent révèlent généralement des fractures plus profondes ayant trait à des différences de valeurs, des sentiments d’injustice et d’iniquité ou se rapportant à la répartition des responsabilités dans la gestion des finances du couple.

Ces thèmes sont particulièrement exacerbés lorsque les conjoints ne contribuent pas de manière égale au budget du ménage. Même si le modèle traditionnel de la famille a volé en éclats dans nos sociétés, cette situation demeure monnaie courante dans un monde où les carrières professionnelles sont de moins en moins linéaires, particulièrement pour les femmes souhaitant avoir des enfants.

Si certains couples vivent bien cette contribution inégale au budget du ménage, elle peut être mal vécue par d’autres, notamment lorsque l’un des partenaires prend la plupart des décisions financières sans consulter l’autre ou sans son accord. Un sentiment de culpabilité toxique ressenti par le partenaire qui ne contribue pas autant au budget peut également nuire au bon fonctionnement de la gestion budgétaire commune. Dans ces deux cas, les disputes autour de l’argent masquent en réalité des divergences plus profondes dans le couple.

Vous connaissez des tensions autour de l’argent dans votre couple? Il est essentiel de bien identifier la cause de votre désaccord afin de pouvoir mettre les bons mots sur le malaise et y apporter une solution acceptable pour chacun. Pour vous y aider, passons en revue neuf sources de malaises et de tensions possibles autour de l’argent dans le couple.

Il est essentiel de bien identifier la cause de votre désaccord afin de pouvoir mettre les bons mots sur le malaise et y apporter une solution acceptable pour chacun.

Identifier la source profonde du conflit

Irresponsabilité perçue

Des tensions apparaissent lorsque l’un des partenaires est considéré par l’autre comme négligent ou peu prévoyant en matière d’argent. Cela peut prendre la forme d’un manque de planification pour l’avenir, d’achats impulsifs, d’une épargne insuffisante et d’un endettement inutile. L’irresponsabilité financière peut alors être perçue comme une trahison de la confiance au sein de la relation.

Décisions unilatérales

Il s’agit des situations où l’un des partenaires se sent exclu de la planification financière ou de la prise de décision. Cela ne signifie pas forcément cacher ou mentir sur les dépenses, mais cela comprend aussi la réalisation d’achats importants sans consultation ou l’adoption sans accord mutuel de comportements financiers (comme les jeux d’argent) qui ont un impact sur les finances du couple. Les décisions unilatérales nuisent à la transparence et sont perçues comme un déni de considération pour l’autre.

Valeurs financières et gestion de l’argent

Des désaccords surviennent lorsqu’il existe des différences fondamentales entre conjoints dans les priorités et les croyances financières. Quelle est l’importance de l’argent, quelle doit-être la part de l’épargne, quel est le poids de chaque poste budgétaire dans les dépenses courantes? Les frictions qui découlent des divergences de vue sur ces questions révèlent en réalité des désaccords plus profonds sur les objectifs de vie de chacun. Ce sont ces derniers qu’il faudra harmoniser avant de pouvoir réellement résorber les tensions sur les finances.

Problèmes liés à l’emploi ou aux revenus

Ce thème englobe les préoccupations relatives à la perte d’emploi, à l’inégalité des revenus au sein du couple et à l’impact financier des décisions professionnelles de chacun (par exemple vouloir quitter un plein temps pour un mi-temps ou se réorienter vers un secteur nettement moins lucratif). Les pressions économiques externes et les parcours professionnels individuels peuvent devenir des sources de conflit au sein du couple lorsqu’ils bousculent l’équilibre financier existant ou qu’ils hypothèquent des projets d’avenir.

Dépenses courantes

Il s’agit ici des désaccords financiers sur les dépenses du quotidien (enfants, voiture, décoration, jardin, etc.). S’il est normal d’avoir des petites tensions dans la gestion des dépenses courantes, la fréquence des conflits à ce sujet constitue un bon indicateur de la nécessité ou non de reclarifier les priorités de chacun et de rechercher un nouvel équilibre pour le couple. Ne sous-estimez pas ces petits désaccords, ils finiront par causer de gros dégâts s’ils ne sont pas adressés correctement.

Dépenses exceptionnelles

Cette fois, il s’agit des désaccords relatifs à des dépenses financières importantes, souvent ponctuelles, telles que l’achat d’une maison, ou encore la gestion d’une rentrée d’argent exceptionnelle comme la perception d’un héritage. Un conflit sur ce thème exprime les difficultés que rencontrent les couples pour harmoniser leurs philosophies budgétaires, mais aussi pour hiérarchiser leurs projets de vie et les financements qu’ils requièrent.

Conditions de l’accord financier

Les tensions portent ici sur la question des comptes joints ou séparés, les spécificités des prêts/emprunts d’argent entre partenaires et les accords sur le soutien financier aux membres de la famille. Elles mettent en lumière la complexité logistique et la charge émotionnelle pour réussir à intégrer les choix financiers individuels dans la vie de couple. L’enjeu est de bien pondérer la place que prend le couple par rapport aux intérêts spécifiques de chaque individu qui le compose.

Qui paie?

Il existe souvent des différends sur la répartition des responsabilités financières (contribution au loyer, remboursement d’un prêt, prise en charge d’une dépense non prévue, etc.). Ce thème souligne l’importance de la perception de l’équité dans la répartition des charges financières au sein d’une relation où les revenus de chaque conjoint peuvent être très inégaux.

Contributions relatives

Très proche du précédent, ce thème englobe les désaccords qui tournent autour de la perception de l’équité de la contribution globale de chaque partenaire au couple. Il inclut les conflits sur l’équilibre entre les apports financiers et d’autres formes de contribution, telles que le travail ménager ou le suivi scolaire des enfants. La question de la réciprocité et de l’équité dans le couple ne se limite évidemment pas aux seules finances.

Même lorsqu’ils sont identifiés, ces thèmes ne sont pas forcément faciles à évoquer car les questions d’argent, même au sein d’un couple, demeurent parfois taboues. Pourtant, qu’il s’agisse de finances ou de tout autre domaine affectant le bon fonctionnement du couple, il est capital de crever l’abcès et de maintenir un dialogue ouvert pour apaiser les tensions entre conjoints.

Résorber les tensions en cinq étapes clés

Avez-vous identifié les véritables sources de crispations financières qui minent votre couple? Il est temps d’établir un plan d’action. Priorité à la communication, à la compréhension mutuelle et à la transparence pour retrouver ou consolider la confiance qui constitue le ciment de votre couple.

Vous devez donner priorité à la communication la plus honnête possible. L’objectif n’est pas d’avoir raison, mais de trouver la manière de mieux fonctionner ensemble sur ces questions d’argent.

Priorité à la communication

Vous devez donner priorité à la communication la plus honnête possible au travers de conversations qui auront pour but de répondre aux inquiétudes, à la gêne, aux ressentiments ou à d’autres émotions désagréables que la disparité des revenus, l’égoïsme ou l’iniquité suscitent. L’objectif n’est pas d’avoir raison, mais de trouver la manière de mieux fonctionner ensemble sur ces questions d’argent. L’instauration d’un climat de confiance sur les questions d’argent et la définition d’objectifs financiers communs contribuent fortement à la solidité de votre couple.

Place à la compréhension des valeurs personnelles et mutuelles

Pour pouvoir trouver un terrain d’entente au sein du couple, il est important de bien comprendre les différentes croyances et attitudes vis à vis de l’argent. Celles de votre partenaire, mais aussi les vôtres qui sont parfois le fruit de votre éducation sans en avoir véritablement conscience. Il faut pouvoir échanger sur la façon dont chacun perçoit l’argent, les émotions qu’il suscite et la manière dont il est géré au sein du couple. Bien souvent, le problème n’est pas tant la dépense elle-même que les valeurs qui sous-tendent le comportement d’achat. Un conjoint peut être très sportif et consacrer un budget important pour son loisir alors que l’autre, plus casanier, trouve de telles dépenses inutiles et préfère privilégier des sorties entre amis ou des abonnements aux plateformes de streaming qui n’intéressent pas le premier. Au lieu de s’envoyer des reproches, il importe de comprendre les valeurs du conjoint, ses craintes et de le laisser exprimer ses préférences avant de trouver un terrain d’entente.

Établir un budget commun et équitable

La création d’un budget commun favorise la coopération au sein du couple. L’exercice est souvent plus délicat en cas d’écart important de revenus entre époux. Chacun paye-t-il un montant identique? Faut-il privilégier un montant proportionnel aux revenus de chacun? Des montants différents ont-ils des implications sur la manière de prendre les décisions financières ensemble? Quelle indépendance financière demeure pour chaque conjoint? La réponse à ces questions est tout sauf triviale. Un bon équilibre doit être trouvé pour éviter un sentiment d’iniquité et d’injustice qui sera source de tensions futures.

Mieux considérer les contributions non monétaires

De nombreuses tensions autour de l’argent viennent de la faible considération pour les contributions non-financières dans le couple. Un partenaire moins bien rémunéré peut apporter une contribution précieuse dans d’autres domaines, comme l’éducation des enfants, les tâches domestiques ou la préparation des repas du foyer. Reconnaître et tenir compte de ces contributions non-financières aide à résorber les sentiments d’iniquité et les tensions qui en découlent. Plus fondamentalement, tout le monde n’a pas les mêmes possibilités et il n’est écrit nulle part que chacun doit apporter, d’une manière ou d’un autre, exactement la même chose que son partenaire. Au-delà des contributions financières ou non-financières, c’est aussi la personne qu’il faut considérer pour trouver le bon équilibre (sa santé, ses obligations, l’étape de vie où elle se situe, etc.). Au lieu de vouloir à tout prix parvenir à du 50-50, n’est-il pas plus équitable de demander davantage à celui qui a plus (de capacités physiques, mentales, psychiques, matérielles, etc.)?

Un vrai travail d’équipe

La gestion des finances dans le couple doit être vue comme un travail d’équipe et il n’est pas forcément indiqué de se répartir les tâches (par exemple un conjoint s’occupe des dépenses quotidiennes, l’autre gère l’épargne du couple). En effet, séparer les rôles peut également générer des conflits et il est souvent plus constructif de décider ensemble ou d’alterner les rôles pour que chacun conserve une vue d’ensemble sur les défis financiers du couple. Les conjoints ne sont pas en concurrence, ils forment une équipe. Pour pouvoir avancer ensemble, il importe de savoir se mettre à la place de l’autre.

Comment voyez-vous votre couple? Comme un partenariat entre deux individus ou comme une entité à part entière qui ne se réduit pas à la somme des parties qui le compose?

La minute philosophique: qu’est-ce qu’un couple?

Pour terminer, posez-vous la question de ce qu’est un couple pour vous. Est-ce un partenariat entre deux individus où se négocie un mode de vie commun ou une entité à part entière qui ne se réduit pas à la somme des parties qui le compose? Dans le premier cas, les conflits financiers seront essentiellement le fruit de la tension entre les intérêts personnels de deux individus. Dans le second, les conflits porteront également sur la tension qui existe entre les intérêts personnels et ceux du couple. L’enjeu n’est plus alors seulement de trouver un terrain d’entente entre deux subjectivités, mais bien de savoir jusqu’où chacun est prêt à soumettre la poursuite de son intérêt personnel aux intérêts de cette entité à part entière appelée «le couple». Dit autrement, votre couple est-il au service de votre épanouissement personnel ou bien acceptez-vous de vous mettre au service de l’épanouissement de votre couple? À chacun sa réponse, mais il est essentiel de se poser la question!

Il est indéniable que l’argent est souvent une source de tensions au sein des couples. Ce n’est toutefois pas une fatalité si on est capable de se parler et de faire l’effort de se comprendre. Mieux vaut quelques discussions houleuses, mais ouvertes et constructives, que le silence et des frustrations qui, à long terme, sont très néfastes pour la relation.