Vous envisagez de changer de vie ? Voici les points d’attention
Le monde professionnel d’aujourd’hui est plus intense qu’il ne l’a jamais été. Les horaires de travail sont plus longs et une culture de la « disponibilité permanente » brouille de plus en plus les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Répondre aux e-mails pendant les congés, accepter des conférences téléphoniques le week-end et renoncer aux engagements familiaux pour répondre aux demandes des clients semble presque normal. On ne s’étonnera donc pas de voir bon nombre d’entre nous en arriver à un point où ils aspirent à changer de vie.
Après plusieurs décennies d’une carrière intense, il peut être tentant de faire un pas de côté et de poursuivre une voie plus gratifiante, que ce soit dans l’enseignement, l’art ou encore l’écriture. De même, travailler à son propre compte, après des années au service d’autres, peut avoir un certain attrait. Une bonne dose de pragmatisme financier est toutefois recommandée avant de se lancer dans une telle entreprise.
La première étape de votre plan d’action consistera donc à évaluer le coût d’un tel projet. Si vous suivez une nouvelle formation, vous aurez à supporter le coût des études, ou le capital d’amorçage pour une nouvelle activité, à quoi il faut encore ajouter l’absence de revenus durant la période de transition.
Si vos aspirations sont davantage tournées vers le domaine artistique, la difficulté principale sera peut-être de payer vos factures quotidiennes, si jamais vos œuvres ne se vendent pas ou si les maisons d’édition ne s’arrachent pas votre roman. Il peut être avisé de vous fixer une limite dans le temps, au cas où votre nouvelle vie ne s’avère pas aussi inspirante que vous l’espériez. Dans la plupart des cas, une pause de courte durée ne mettra pas en danger toute une carrière.
Pensez à votre retraite
Si les systèmes de pension peuvent parfois être complexes, ils partagent une règle d’or : plus tard vous commencez à y faire appel, plus le montant mensuel que vous percevrez sera élevé. Cette règle vaut aussi bien si vous choisissez d’acheter une rente ou de puiser dans les actifs financiers que vous avez accumulés. À montant total d’actifs équivalent, les revenus que vous en retirerez seront plus élevés à 65 ans qu’à 55.
En attendant, vous ne commencerez à toucher la pension légale qu’à partir d’un certain âge, actuellement fixé à 65 ans au Luxembourg, bien que les personnes ayant cotisé pendant 40 ans à un fonds de pension ou remplissant d’autres critères puissent prendre leur retraite plus tôt. Les actuaires s’attendent cependant à un relèvement de l’âge légal de la retraite dans la plupart des pays, afin de mieux refléter l’augmentation progressive de l’espérance de vie.
Si vous comptez commencer à puiser dans votre épargne-pension de manière anticipée, il vous faudra accepter de bénéficier d’un revenu moins élevé. Une autre possibilité consiste à puiser dans vos réserves de capital durant la période de transition, ce qui permettra d’alimenter votre fonds de pension pendant un certain temps. Si vous êtes en mesure d’attendre quelques années avant de vous lancer dans un changement de carrière majeur ou d’adopter un nouveau style de vie, cette solution peut vous garantir une plus grande sécurité financière.
Ne considérer que le salaire pour calculer le manque à gagner est une erreur : c’est oublier que les cotisations de pension représentent une partie non négligeable de vos revenus totaux.
Même si vous n’avez pas besoin de commencer à puiser dans votre épargne-pension, il est judicieux de réfléchir à la manière dont un changement de vie pourrait affecter le financement de vos vieux jours. Malheureusement, « vivre son rêve » ne s’accompagne pas nécessairement d’une pension. Ne considérer que le salaire pour calculer le manque à gagner est une erreur : c’est oublier que les cotisations de pension représentent une partie non négligeable de vos revenus totaux.
Le problème de l’assurance
Si la vie en entreprise est parfois ennuyeuse, elle procure néanmoins un certain niveau de protection face aux événements imprévus. En général, votre famille et vous-même êtes protégés si vous tombez malade, et les personnes à votre charge ont droit à une indemnité si vous décédez. Cela n’est pas automatique quand vous êtes indépendant, et il pourrait être utile d’envisager une assurance maladie grave, une assurance protection des revenus et une assurance vie. Additionnés, tous ces éléments s’avèrent assez coûteux et devraient faire partie de vos calculs financiers.
Si aller vivre dans une yourte en Mongolie a certes un côté romantique, le confort de votre maison pourrait finir par vous manquer. Il est facile d’affirmer que vous pouvez vous contenter de peu. Cependant, accepter un niveau de vie plus modeste peut dans la pratique se révéler plus douloureux. Qui plus est, l’avis des autres personnes concernées compte lui aussi. Vous pouvez peut-être vous contenter d’une vie simple, mais le reste de votre famille pourrait se montrer moins enthousiaste.
Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas tenter d’adopter un mode de vie différent, mais il y a lieu d’évaluer avec soin vos engagements. Bon nombre de personnes commencent à envisager un changement de vie quand leurs besoins financiers actuels commencent à diminuer.
Si vous avez fini de payer les études de vos enfants, que vous disposez d’économies suffisantes pour votre retraite et que vos crédits personnels ou hypothécaires arrivent à leur terme, vous pouvez certainement vous permettre de prendre quelques risques. Si ce n’est pas le cas, pourquoi ne pas opter pour une solution intermédiaire : accepter l’une ou l’autre mission de consultance ou de travail en freelance pendant que vous montez votre entreprise, par exemple ?
Incidences fiscales
Il est important de connaître l’impact qu’aura un changement sur votre situation fiscale. Il vous faudra dès lors considérer ses incidences fiscales à long terme avant de prendre une décision définitive. Vous ne voudriez tout de même pas renoncer à votre salaire contre un impôt punitif sur vos revenus historiques ! Si la réduction de votre temps de travail s’accompagne souvent d’avantages fiscaux, dans la mesure où vous passez à une tranche d’imposition inférieure par exemple, les pièges peuvent être nombreux pour les plus imprudents.
Si vous vendez des actifs afin de financer votre changement de carrière, il est important de vérifier que cela ne vous expose pas à un impôt sur les plus-values qui rognerait sur votre masse d’actifs globale. Si vous êtes mariés, il peut être intéressant d’égaliser vos actifs, autrement dit de céder des actifs à votre conjoint afin de maximiser les avantages fiscaux pour chacun d’entre vous.
Adapter votre stratégie d’investissement
Votre stratégie d’investissement aura été basée sur certaines hypothèses : celle que vous gagnez un salaire substantiel et celle que vous continuerez probablement à le percevoir jusqu’à votre retraite. Si vous avez besoin de votre capital pour produire un revenu, ou si votre objectif n’est plus l’accumulation de capital, mais sa préservation, la stratégie devra être modifiée. Vous serez peut-être amené à réfléchir à la composition de vos actifs. Si vous devez acheter et vendre des actifs, il est judicieux de réfléchir aux coûts qui y sont associés, y compris les éventuelles obligations fiscales sur les plus-values ainsi que les frais de transaction.
Aussi romantique un changement de carrière puisse-t-il paraître, il pourrait ne pas s’avérer aussi épanouissant que vous l’espériez si vous n’en considérez pas soigneusement les implications financières. Une planification méticuleuse vous permettra de faire un pas de côté en limitant le stress et l’anxiété associés.
Il est facile d’affirmer que vous pouvez vous contenter de peu. Cependant, accepter un niveau de vie plus modeste peut dans la pratique se révéler plus douloureux.
Cet article fait partie du dossier Dossier « bien-être au travail »
Article précédent